Décryptage

Rentrée littéraire 2025 : on lisait quoi il y a un an, dix ans ou 100 ans ?

03 septembre 2025
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Rentrée littéraire 2025 : on lisait quoi il y a un an, dix ans ou 100 ans ?
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Voyage dans le temps ! La rentrée littéraire bat son plein, parfaite occasion de se souvenir de celles des années passées.

Une fois encore, la rentrée littéraire nous apporte ses centaines de romans qui vont lutter pour se faire une place en librairie. Une occasion en or de tenter de se souvenir de ce qui faisait l’actualité l’an dernier, il y a cinq ans ou… Il y a pile un siècle !

Il y a un an, Alice Zeniter nous propulsait dans l’histoire de Nouvelle-Calédonie avec Frapper l’épopée

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Dans une rentrée 2024 extrêmement chargée, peu de romans ont autant réussi à se frayer une place au soleil que Frapper l’épopée, huitième roman d’Alice Zeniter. Quelques années après L’art de perdre, celle qui est désormais une des romancières françaises les plus saluées à l’international revient dans une fresque éprouvante ayant pour cadre l’histoire tourmentée et le passé colonial de la Nouvelle-Calédonie. Roman prophétique s’il en est : le récit paraît pile au moment où la réalité dépasse la fiction et où l’archipel océanien est en proie à de violents troubles sociaux et politiques.

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Et sinon ?

Difficile de ne pas penser au superbe Jacaranda, dans lequel Gaël Faye revient une nouvelle fois au Rwanda et au Burundi de son enfance. Rebecca Lighieri fait sensation avec son roman choc Le club des enfants perdus qui mêle fresque intime et paranormal. On peut également se délecter avec le récit d’enfant sauvage Madelaine avant l’aube de Sandrine Collette ou avec le récit glaçant Jour de Ressac de Maylis de Kerangal, déclaration d’amour terrible, mais sincère, à la ville du Havre.

Il y a cinq ans, Serge Joncour brossait une histoire des campagnes françaises dans Nature humaine

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Dans une année éditoriale profondément perturbée par une pandémie mondiale ayant mis pendant des mois le secteur éditorial à l’arrêt, la rentrée 2020 offre un bouillonnement fébrile et de nombreuses pépites. L’une de celle qui remporte le succès le plus impressionnant, ainsi qu’une quantité de prix littéraires, est la fresque Nature humaine dans laquelle Serge Joncour évoque 30 ans de profonde transformation des campagnes et du monde paysan en France.

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Et sinon ?

La traduction du pourtant réputé intraduisible roman Les lionnes de Lucy Ellmann est en soi un événement, avec son texte composé d’une unique phrase de 1000 pages sans ponctuation. Dans un registre plus accessible et tout aussi intéressant, on pense à La discrétion de Faïza Guène et son portrait de 40 ans d’immigration algérienne en France, mais aussi aux Comédies françaises d’Éric Reinhardt, qui revient sur l’échec, dans les années 1970, de la création d’un Internet national, ou encore au roman Le cœur synthétique dans lequel Chloé Delaume interroge l’amour à l’époque de #MeToo.

Il y a dix ans, Christine Angot divisait avec son récit autobiographique Un amour impossible

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Récit de famille bouleversant autant que choquant, Un amour impossible est un énorme phénomène d’édition de la rentrée 2015. Christine Angot, dont ce n’est ni le premier texte à scandale ni le premier scandale tout court, divise profondément la critique. Certains salueront une plongée intimiste et audacieuse dans une famille déchirée des années 1950, d’autres un texte peinant à se renouveler et cherchant à tout prix la polémique. Il s’agit néanmoins d’un énorme succès commercial qui sera adapté au théâtre et au cinéma.

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Et sinon ?

Diane Meur livre une enquête passionnante sur une famille de savants et de philosophes avec le très remarqué La carte des Mendelssohn. Profession du père, de Sorj Chalandon, mêle habilement drame familial et conséquences de la guerre d’Algérie. Alain Mabankou, lui, oscille entre poésie et histoire pour évoquer le parcours de Petit Piment, son héros, dans les orphelinats du Congo. Enfin, on citera le Goncourt des lycéens obtenu par La Terre qui penche de Carole Martinez, dialogue traversant sept siècles d’histoire, ainsi que la traduction en français de La zone d’intérêt de Martin Amis. Un récit haletant dont l’adaptation cinématographique obtiendra le César du meilleur film étranger un peu moins de dix ans plus tard.

Il y a 50 ans, le concept de rentrée littéraire naissait avec Émile Ajar et sa Vie devant soi

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Si l’automne a toujours été propice à la sortie de nouveaux romans, le concept même de rentrée littéraire ne s’est structuré qu’au milieu des années 1970. Plus précisément en 1975, une année notamment marqué par la mystification autour du roman La vie devant soi d’un certain Émile Ajar, auteur inconnu qui n’était en réalité autre que Romain Gary sous pseudonyme. Le roman d’Ajar remporte le prix Goncourt, qu’un même auteur ne pouvait en théorie recevoir qu’une seule fois. Quand la supercherie est finalement éventée, le scandale est immense. Mais il aura eu le mérite de mettre l’accent sur l’importance énorme des prix littéraires de l’automne et donc des parutions en librairie de la fin de l’été.

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Et sinon ?

Le vacarme causé par la parution du roman d’Ajar cache une année… Finalement assez pauvre sur le plan littéraire en France, où peu de romans sont passés à la postérité. Citons tout de même Un policeman, roman noir à l’ambiance lugubre de Didier Decoin qui fut privé de Goncourt à cause de La vie devant soi. Ou encore Patrick Modiano et sa Villa triste – qui sera portée à l’écran par Patrick Leconte en 1994 dans son film Le parfum d’Yvonne. Dans les autres œuvres notables, on citera W ou le Souvenir d’enfance, un des textes les plus intimes de Georges Perec, L’homme de sable de Jean Joubert et sa fresque sur l’urbanisation d’un marais… Ou encore l’improbable 2024, roman d’anticipation de Jean Dutourd imaginant un XXIᵉ devenu dystopique faute d’habitants désireux de faire des enfants.

Il y a 100 ans, Marcel Proust enchantait les lecteurs à titre posthume avec Albertine disparue

Immense succès ayant assuré la fortune de Grasset à partir de 1919, les sept volumes d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust restent un chef-d’œuvre intemporel de la littérature mondiale… Dont son auteur ne verra pas grand-chose, puisque la moitié de la fresque est publiée à titre posthume. En 1925, Proust a disparu depuis déjà trois ans. La compilation et la mise en forme du manuscrit d’Albertine disparue – avant-dernier tome de La Recherche centré sur le deuil du narrateur après la disparition de son ancienne compagne – est une saga à elle seule. Le texte original non modifié ne sera d’ailleurs retrouvé qu’en 1986.

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Et sinon ?

1925 est une immense année, qui a notamment vu paraître de nombreux classique de la science-fiction hexagonale alors naissante, dont le chef-d’œuvre Les navigateurs de l’infini, de J.-H. Rosny aîné. Mais les lecteurs pouvaient également se délecter du troisième volume compilant les aventures du Chéri-Bibi de Gaston Leroux, roman-feuilleton ultrapopulaire du début du siècle. Ou encore se perdre dans les intrigues tortueuses des Faux-monnayeurs d’André Gide ou du Désert de l’amour de François Mauriac. Et, dans les textes un peu oubliés, mais qui firent sensation en leur temps, citons la parution du Journal de Jules Renard, du Raboliot de Maurice Genevoix ou encore du très étrange Grand-Louis l’innocent, flirtant avec le conte abstrait et érotique, qui plaça son autrice, la romancière Marie le Franc, au cœur d’un scandale littéraire.

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