Programme serbe inédit diffusé sur Arte, Opération Sabre mêle thriller politique et reconstitution historique pour retracer la traque anti-mafia lancée après l’assassinat du Premier ministre Zoran Đinđić, en 2003.
Dans la Serbie encore marquée par les guerres yougoslaves et les réseaux mafieux des années 2000, la série Opération Sabre retrace les conséquences de l’assassinat du Premier ministre Zoran Đinđić, figure réformiste et pro-européenne abattue à Belgrade le 12 mars 2003. Diffusée à partir de ce 24 juillet sur Arte, cette fiction en huit épisodes mêle rigueur documentaire et tension dramatique dans un thriller politique.
L’ombre du clan de Zemun
Le récit s’ouvre au lendemain de l’attentat qui bouleverse le pays. Đinđić, premier chef de gouvernement élu démocratiquement depuis la chute de Milošević, incarnait un espoir de transition. Il s’était notamment illustré en livrant l’ancien Président serbe au Tribunal pénal international.

Mais son action contre la corruption lui vaut beaucoup d’ennemis. L’assassinat, planifié par des membres des services spéciaux liés au clan criminel de Zemun, déclenche une vaste opération de police nommée « Sabre », qui mène à plus de 10 000 arrestations et un vaste coup de filet contre la pègre.
La série transpose cet épisode dans une trame fictionnelle portée par trois personnages principaux : Danica Mandić, une journaliste, Boris Rakić, un commissaire et Uroš Ristić, un jeune délinquant enrôlé par la mafia. S’ils sont fictifs, ces protagonistes permettent d’incarner les fractures d’un pays pris dans une spirale de violence, où la vérité se heurte à l’impunité et où les institutions luttent pour rester debout.
Une production remarquée
Coproduite par la Serbie, la Bulgarie et l’Allemagne, Opération Sabre est réalisée par Goran Stanković et Vladimir Tagić, déjà connus pour Morning Changes Everything. Le scénario, coécrit avec Maja Pelević et Dejan Prćić, s’appuie sur des faits documentés et s’autorise quelques détours romanesques.

Le casting réunit Dragan Mićanović dans le rôle de Đinđić, Milica Gojković (Danica), Ljubomir Bandović (Rakić) et Lazar Tasić (Uroš). L’ensemble a été distingué par un prix spécial d’interprétation au festival Canneseries 2024.
Un accueil critique élogieux
La presse française salue l’intelligence et la maîtrise du projet. Télérama évoque « un thriller bien documenté dans le chaos de la Serbie des années 2000 » et loue une série « impeccablement produite, aux dialogues fins et à la portée morale assumée ». AlloCiné parle d’une « exploration terrifiante » de l’emprise du crime organisé, tandis que Marianne insiste sur sa résonance contemporaine face à la fragilité des démocraties.