Article

Severance : la série d’Apple mérite-t-elle ses 27 nominations aux Emmy Awards ?

16 juillet 2025
Par Agathe Renac
“Severance”, saison 2, le 17 janvier 2025 sur Apple TV+.
“Severance”, saison 2, le 17 janvier 2025 sur Apple TV+. ©Apple TV+

Les nominations des Emmy Awards 2025 viennent de tomber, et Severance vole déjà la vedette aux séries dramatiques de l’année.

Animée par l’humoriste Nate Bargatze, la 77ᵉ édition des Emmy Awards – l’équivalent des Oscars pour la télévision aux États-Unis – récompensera les meilleures séries diffusées entre juin 2024 et mai 2025. Après le triomphe de Shōgun l’année dernière, Severance pourrait bien s’imposer durant cette nouvelle cérémonie, qui se tiendra le 14 septembre à Los Angeles.

En lice dans les catégories reines – meilleure série dramatique, meilleur acteur dans une série dramatique, meilleure actrice dans une série dramatique –, la production d’Apple TV+ est la grande favorite de cette année avec 27 nominations, devançant des poids lourds de l’industrie comme The White Lotus (23 nominations) et The Last of Us (16 nominations).

Une série qui résonne avec l’actualité

Subtil mélange entre Black Mirror et The Office, Severance a été conçue par Dan Erickson (Treasure Trouble) et réalisée par Ben Stiller (La vie rêvée de Walter Mitty). Révélée sur la plateforme d’Apple, elle séduit aussi bien la critique que le grand public. Sur les sites de référence, la production enregistre des notes à la hauteur de ses ambitions. Elle atteint les 95% de recommandation sur Rotten Tomatoes, enregistre un 8,1/10 sur SensCritique, et les spectateurs d’Allociné lui ont accordé un 4,4/5.

Dans l’univers de Lumon Industries, les employés deviennent des robots sans souvenirs, qui évoluent dans un monde aseptisé et oppressant, sans ouverture vers l’extérieur.©Apple TV+

Diffusée en février 2022, la première saison a trouvé un écho tout particulier auprès du public. La période post-Covid les a poussé à reconsidérer le monde du travail et à trouver un équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle.

De fait, le dispositif narratif de Severance a agi comme un révélateur. La série nous plonge dans les couloirs aseptisés de la multinationale Lumon Industries, dont les employés ont subi une opération chirurgicale nommée « dissociation ».

Employé de la société Lumon Industries, Mark Scout a accepté une opération chirurgicale irréversible visant à séparer sa mémoire.©Apple TV+

Implantée dans leur cerveau, une puce sépare de façon hermétique leurs souvenirs professionnels et leur vie privée. Au bureau, ils oublient tout de leur existence extérieure. Chez eux, ils n’ont aucun souvenir de leurs journées de travail. Deux entités (l’inter et l’exter) cohabitent ainsi dans un seul et même corps, chacun ayant une vie parfaitement dissociée.

Entre fiction et réalité

Véritable OVNI télévisuel, Severance aborde des questions essentielles, telles que la santé mentale. Dans un entretien accordé à AlloCiné, Ben Stiller se réjouit de l’impact que sa série a pu avoir sur le public. « Je pense qu’elle a permis aux spectateurs de faire un bilan de leur propre situation professionnelle et personnelle. C’était vraiment intéressant d’entendre leurs retours et de voir leurs différentes réactions. Un fan de Severance, qui est un vétéran de la guerre en Irak, nous a parlé de ses expériences avec le stress post-traumatique. Il s’est identifié d’une certaine manière à notre show et s’est posé des questions sur la façon dont une puce de dissociation affecterait les personnes, sans traiter de souvenirs traumatisants. »

Patricia Arquette dans la saison 2 de Severance.©Apple TV+

Le succès de l’œuvre peut ainsi s’expliquer par les thématiques abordées, mais elle cache en réalité un très grand nombre de qualités. On ne peut que saluer son scénario riche, son écriture percutante, la complexité de ses personnages, ses nombreux rebondissements, sa capacité à nous retourner le cerveau, sa réalisation léchée, sa musique entêtante, son générique hypnotisant et le jeu (excellent) de ses acteurs – Adam Scott (Parks and Recreation), Britt Lower (Man Seeking Woman), Patricia Arquette (Médium), Christopher Walken (Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête), John Turturro (The Big Lebowski), Tramell Tillman (Sweethearts) ou encore Zach Cherry (Succession).

Britt Lower, Zach Cherry et John Turturro dans la saison 1 de Severance.

Severance est définitivement l’une des séries les plus abouties et marquantes de ces dernières années, et son succès est amplement mérité. Ses 27 nominations aux Emmy Awards relèvent de l’évidence. Il ne s’agit plus seulement de récompenser une excellente production, mais de sacrer une œuvre qui a su capter l’air du temps et mettre en scène les troubles de notre époque.

24,99€
32,50€
En stock
Acheter sur Fnac.com

À lire aussi

Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste