Né dans un film d’animation Netflix, le groupe fictif HUNTR/X connaît un succès mondial inattendu, enchaînant les millions d’écoutes et s’imposant dans les classements aux côtés des plus grandes stars de la K-pop.
Apparu dans KPop Demon Hunters, film d’animation Netflix produit avec Sony Pictures Animation, le groupe HUNTR/X s’est hissé en quelques jours au sommet des classements mondiaux. Formé de trois membres fictifs — Rumi, Mira et Zoey –, le trio cartonne avec Golden, un titre devenu viral. Derrière ces idoles en images de synthèse se cachent les voix d’Arden Cho, May Hong et Ji-young Yoo, associées à des interprètes comme Ejae, Audrey Nuna et Rei Ami. Et la planète semble déjà conquise.
Musique de combat
Dans le film, les héroïnes mènent une double vie : idoles adulées le jour, chasseuses de démons la nuit. Leurs chansons, à la croisée de la K-pop et du musical narratif, sont conçues comme des armes capables de refermer les soul gates, portails interdimensionnels menaçant l’humanité. Le morceau Golden, hymne lumineux et tourmenté, cristallise cette ambivalence. Il est devenu numéro un du Billboard Global 200 et a atteint la 6e place du Hot 100 américain – une première pour un groupe fictif.

HUNTR/X n’est pas un simple phénomène passager. Sur Spotify, How It’s Done, Takedown et What It Sounds Like enregistrent des dizaines de millions d’écoutes. Huit morceaux issus du film figurent actuellement dans le Billboard Hot 100 – du jamais-vu depuis Hannah Montana en 2009. Le film, lui, s’est imposé dans le Top 10 Netflix de 93 pays, tandis que sa bande originale grimpe à la 2e place du Billboard 200, dépassant les dernières sorties de TWICE et Blackpink.
Entre Hatsune Miku et Blackpink, une nouvelle ère
Dirigée par Ian Eisendrath et produite par des figures comme Teddy Park ou Jenna Andrews, la bande-son met en scène deux styles opposés : d’un côté, les Saja Boys, boys band démoniaque à l’esthétique tape-à-l’œil ; de l’autre, le trio féminin. Chaque titre s’inscrit dans la progression du récit.

Si les groupes fictifs ne sont pas une invention récente — Gorillaz, Hatsune Miku ou K/DA en témoignent –, HUNTR/X pousse l’expérience plus loin. Ni mascotte animée, ni voix synthétique : le groupe incarne une alliance réussie entre animation et pop mainstream. À l’heure où la K-pop explore les formats hybrides (PLAVE, MAVE:, Eterni!ty…), une question s’impose : qu’est-ce qui fait l’authenticité d’un groupe : le live, la maison de disques ou l’adhésion collective ?
Le slogan Happy fans! Happy Honmoon! pourrait bien se prolonger au-delà de l’écran. L’engouement ouvre déjà la voie à des concerts immersifs, des featurings avec d’autres idoles, voire une suite animée. Dans un paysage où l’IA, la performance virtuelle et les communautés en ligne bouleversent les repères traditionnels, HUNTR/X semble moins imaginaire que visionnaire.