Critique

Ballard : la série est-elle à la hauteur de ses ambitions ?

10 juillet 2025
Par Pablo Baron
“Ballard”, le 9 juillet 2025 sur Prime Video.
“Ballard”, le 9 juillet 2025 sur Prime Video. ©Amazon Content Services LLC

Ce nouveau spin-off de Bosch promet beaucoup, mais se révèle être un polar plus rigoureux que percutant.

Avec Ballard, Prime Video étend l’univers de Michael Connelly en s’intéressant à une nouvelle héroïne : Renée Ballard, inspectrice reléguée aux affaires classées, incarnée par Maggie Q. Connue pour ses rôles musclés (Nikita, Mission impossible III), l’actrice apporte ici une sobriété inattendue à une détective opiniâtre, confrontée à une machine policière gangrenée de l’intérieur. Ce spin-off prolonge les intrigues amorcées dans Bosch et Legacy, tout en opérant un recentrage narratif salutaire.

La série n’adapte pas un roman en particulier, mais puise dans plusieurs ouvrages de Connelly – En attendant le jour, The Dark Hours, Desert Star – pour construire une trame inédite. Cette hybridation permet une certaine liberté scénaristique, mais contribue aussi à un étirement du récit : dix épisodes de 45 minutes pour développer une enquête principale autour du meurtre d’une femme de ménage, Yulia Kravetz. Une affaire en apparence banale, qui mènera Ballard sur la piste d’un tueur en série, et surtout à lever le voile sur une conspiration interne à la police de Los Angeles.

Une saga tout en retenue

Le personnage de Ballard s’éloigne des archétypes du détective torturé ou flamboyant. Elle incarne plutôt une forme d’obstination froide, de discrétion combative. Là où tant d’autres séries privilégient les rebondissements et la surenchère émotionnelle, Ballard prend son temps. La mise en scène, sobre et dépouillée, s’inscrit dans cette logique : une photographie réaliste, un Los Angeles sans vernis, une bande-son minimale. Tout est dans la retenue, la nuance – parfois au détriment du show.

Ballard©Amazon Content Services LLC

Maggie Q tient cette production sur ses épaules, mais elle est aussi bien entourée. John Carroll Lynch impose une présence tranquille et autoritaire, tandis que Courtney Taylor, dans le rôle d’une ex-policière écartée pour des raisons troubles, apporte une intensité plus immédiate. Le retour de Titus Welliver en Harry Bosch est discret, mais efficace, garantissant une continuité avec les précédentes adaptations sans jamais voler la vedette.

Un polar maîtrisé, mais prévisible

La série n’élude pas les tensions sociales : racisme systémique, sexisme, corruption, agressions sexuelles… Autant de thématiques traitées frontalement, mais sans lourdeur. Ballard, comme d’autres personnages féminins, tente de survivre et d’agir dans un monde miné par les injustices, sans jamais se laisser définir par son passé.

On sent l’ambition de proposer autre chose qu’un énième polar procédural. Mais cette ambition se heurte parfois à ses propres limites. L’intrigue, étirée et prévisible, manque de nerf. La structure rappelle Bosch, sans en retrouver la densité dramatique. Ballard reste sage, appliquée, là où elle gagnerait à assumer davantage de ruptures de ton, de risques formels ou narratifs.

Ballard©Amazon Content Services LLC

La nouvelle production de Prime Video n’est pas une révolution du genre, mais une déclinaison honnête et sérieuse. Une série qui assume la lenteur pour mieux installer ses enjeux, au risque de s’endormir en chemin. Reste à espérer qu’une éventuelle saison 2 saura creuser ses personnages secondaires et resserrer sa narration.

En l’état, c’est une fondation solide, mais encore trop sage pour marquer durablement les esprits. Malheureusement, les 400 pages d’intrigue résumées en dix épisodes de 45 minutes rendent le show vite ennuyeux, nous poussant à vouloir simplement connaître la fin.

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