La série mexicaine s’empare d’un sujet explosif : la traque de criminels américains en fuite au sud de la frontière. Inspirée d’une unité bien réelle, La chasse aux gringos brouille les lignes entre fiction et réalité.
Une unité d’élite mexicaine, des fugitifs américains, une traque transfrontalière… La chasse aux gringos, diffusée sur Netflix dès le 9 juillet, réunit tous les ingrédients pour s’imposer parmi les programmes les plus populaires du moment. Sa singularité réside dans son mélange de tension policière, d’enjeux diplomatiques et de réalisme, à l’image de séries comme Narcos. Ce n’est pas un hasard : la fiction s’inspire d’une unité bien réelle de la police mexicaine, dont les opérations longtemps confidentielles ont été révélées au grand public grâce à une enquête remarquée du Washington Post.
Des faits bien documentés
En 2022, le journaliste Kevin Sieff publiait dans le quotidien américain un long reportage intitulé A U.S. murder suspect fled to Mexico. The Gringo Hunters were waiting (Un suspect de meurtre américain s’est enfui au Mexique. Les chasseurs de gringos l’attendaient). Il y dévoile l’existence d’une unité spéciale de la police de Basse-Californie : l’International Liaison Unit, surnommée les « Gringo Hunters ». Créée en 2002, cette cellule a permis l’arrestation de plus de 1 600 fugitifs américains, souvent recherchés pour meurtres, trafics ou délits financiers.
Les agents mexicains interviennent à la demande des U.S. Marshals, du FBI ou du Département de la sécurité intérieure. L’unité reçoit des informations, localise les suspects, puis les remet aux autorités américaines.
Le reportage évoque notamment l’arrestation de Damion Salinas, recherché pour meurtre et retrouvé par l’unité dans un salon de coiffure. Il met également en lumière la trajectoire d’Abigail Esparza Reyes, commandante à Tijuana, membre respectée de l’équipe, tuée en service en avril 2025 lors d’un échange de tirs avec un fugitif.
Une libre adaptation des faits
Netflix ne livre pas un documentaire, mais une fiction policière scénarisée. Les intrigues, bien que dramatiques, reposent sur des dynamiques observées sur le terrain. Kevin Sieff a été impliqué dans la phase de développement. Les producteurs, Rafael Ley et Stacy Perskie, revendiquent une volonté de réalisme sans chercher la reconstitution. « Il ne s’agit pas de révéler une affaire réelle, mais plutôt de montrer comment ils fonctionnent », explique Ley dans El País.
La ville de Tijuana, haut lieu de cette coopération transfrontalière, est représentée comme un personnage à part entière et un territoire charnière. Les producteurs ont tenu à capter son énergie, ses tensions et sa complexité. La phrase « Aquí empieza la patria » (« Ici commence la patrie ») ponctue l’univers visuel de la série.
