Après une saison 1 impeccable, la deuxième salve d’Euphoria, pilotée par Sam Levinson, vient de débuter sur OCS ce lundi 10 janvier. De quoi nous rendre une nouvelle fois accros.
Les adieux de Rue et Jules sur le quai de la gare nous avaient scotchés dans la saison 1. Dans un final déchirant, les deux adolescentes s’étaient dit au revoir. Un événement qui avait poussé Rue à rechuter, l’issue de la précédente salve montrant le personnage incarné par Zendaya se jeter dans une masse humaine et macabre, mais ô combien étourdissante.
Un an après la diffusion de la première saison, les addicts d’Euphoria avaient pu découvrir deux épisodes exclusifs, dans lesquels, durant la période de Noël, ces héroïnes se livraient à cœur ouvert sur leur relation tumultueuse. La saison 2 reprend quelques jours après (le soir du Nouvel An plus exactement) pour nous plonger à nouveau dans l’effervescence des soirées made in USA, et dans le quotidien d’une jeunesse pas si dorée que ça.
Tout le lycée d’East Highland s’est déplacé, l’occasion pour les spectateurs de retrouver l’univers trash qui fonde le charme morbide d’Euphoria. Les adolescents se déhanchent collés serré sur du rap américain tandis que la drogue tourne et l’alcool coule à flots. Sexe et séduction sont aussi de mise dans cet écosystème du vice, dans lequel la tension règne. La preuve, Nate est toujours aussi toxique, Cassie continue de faire les mauvais choix, quant à Maddy, elle nous semble toujours aussi hystérique.
De la caractérisation des personnages à la mise en scène : un dosage qui fonctionne
Le quasi-huis clos dans lequel est tourné le premier épisode représente parfaitement cette électricité pesante, tout en mettant en lumière le personnage de Fezco, interprété par Angus Cloud. Les fidèles du show avaient déjà pu découvrir ce personnage aussi taciturne qu’attachant dans les premiers épisodes. Aux côtés d’Ashtray, son frère adoptif, ils dirigent un trafic de drogue fructueux, tout en prenant soin de leur grand-mère alitée.
Leurs origines font l’objet d’un focus au début de l’épisode, Euphoria n’ayant évidemment pas renié ses codes originaux. Toujours bercé par la voix de Rue en tant que narratrice, le lancement de la saison 2 est donc l’occasion de mettre davantage sur le devant de la scène un personnage initialement secondaire. Après Jules, Kat, ou encore Mckay, c’est donc au tour du dealer de Rue de s’essayer au jeu des présentations.
Un choix audacieux et captivant qui montre encore une fois le soin apporté à la caractérisation des personnages dans la série. Si les spectateurs ont déjà cerné la personnalité de Fezco, le season premiere d’Euphoria est l’occasion de plonger au cœur de sa dualité, entre douceur et brutalité. En résulte une appréhension avant tout humaine, la série ne prenant pas le parti du manichéisme.
Par ailleurs, cette approche est le symbole du perfectionnisme apporté par Sam Levinson. Ce réalisateur aux multiples casquettes s’attache principalement à filmer l’aspect viscéral des protagonistes, au même titre que leur délicatesse. Cette intention sert également une mise en scène aussi inventive que millimétrée, symbole de l’identité propre du show. Au moyen d’une bande originale éclectique, de ralentis, entre ombre et lumière, la série prouve qu’elle n’a pas perdu de sa puissance esthétique, d’autant plus que celle-ci est également mise au service du drame.
On est encore loin de l’âge de raison
Cette euphorie visuelle participe en effet à offrir un épisode rythmé. De surcroît, il pose les bases scénaristiques de cette nouvelle saison et de ses enjeux inédits. Là où on craignait d’avoir encore une fois le droit à la pudeur sentimentale constante de Rue et de Jules, la saison 2 d’Euphoria bouscule nos attentes et promet des intrigues sous-jacentes inattendues, toujours aussi complexes.
Si l’âge de raison de nos protagonistes est encore loin, la série change d’échelle et semble vouloir affirmer une certaine maturité. Les décisions des adolescents peuvent désormais avoir des conséquences sur leur vie d’adulte alors que chacun tente de répondre à l’épineuse question : « Qui suis-je ? »
Un nouveau personnage incarné par Dominic Fike fait son entrée aux côtés de Rue, là où cette dernière ne voyait auparavant qu’à travers Jules. Lexi est davantage mise sous le feu des projecteurs, et un triangle amoureux risque de voir le jour. Les conséquences catastrophiques du business monté par Fezco devraient quant à elles prendre beaucoup de place dans cette nouvelle salve. La série devra cependant veiller à ne pas tomber dans le piège simpliste d’un règlement de comptes sur fond de trafic de drogue, ni miser sur le contemplatif à outrance, au risque de devenir lassante.
Or, d’après le premier épisode de ce Skins surdosé, Sam Levinson ne s’est pas laissé guider par la facilité. Bien qu’il renoue avec les codes de la saison inaugurale, le showrunner, tout en s’éclatant avec la mise en scène, semble vouloir donner plus de profondeur au mal-être des adolescents (à l’image de la série Genera+ion). Interprétés par une troupe de comédiens toujours aussi bluffante, ces derniers devraient à nouveau dévoiler une passion aussi dévorante que destructrice. Leurs vies tragiques, entre addictions, familles brisées et santé mentale devraient être davantage mises en avant. La saison 2 d’Euphoria promet donc de monter d’un cran et de dépasser la précédente, déjà grandiose. De quoi nous offrir la claque brute que l’on espérait. Dommage qu’il faille attendre la diffusion chaque lundi pour avoir notre dose.