La nouvelle mini-série britannique de Netflix frappe par son réalisme brut et son approche immersive en plan-séquence. Portée par Stephen Graham, également créateur du projet, et la révélation Owen Cooper, elle s’impose comme un drame suffocant qui interroge autant qu’il bouleverse.
Netflix a frappé fort avec Adolescence. En quatre épisodes filmés en plan-séquence unique, la mini-série britannique nous conte l’histoire d’un adolescent de 13 ans, accusé du meurtre d’une camarade.
Plus qu’un drame judiciaire, la série dissèque les tensions inhérentes à l’adolescence, ces violences latentes qui, parfois, basculent dans l’irréparable, et les ondes de choc qu’un crime provoque sur l’entourage. Réaliste jusqu’à l’étouffement, elle bouscule, trouble et interroge, refusant toute réponse évidente. Au cœur de cette réussite, un casting à la hauteur de son ambition.
Créateur et acteur
Stephen Graham ne se contente pas d’incarner Eddie Miller, le père du jeune accusé : il est aussi l’un des créateurs du programme. Visage familier du cinéma britannique, il a bâti sa carrière sur des performances d’une intensité rare, passant de la férocité d’Al Capone (Boardwalk Empire) à la vulnérabilité d’un cuisinier sous pression (The Chef).
Ici, il campe un père déboussolé, tiraillé entre amour inconditionnel et doute insidieux, caractérisé par un sentiment d’impuissance face à une réalité qui lui échappe. L’acteur, qui a grandi à Liverpool, connaît ces milieux populaires/classes moyennes qu’il dépeint avec justesse. Sans sur-jeu ni éclats inutiles, il incarne cet homme dont le monde s’effondre au fil des épisodes.
La révélation Owen Cooper
Mais c’est bien Owen Cooper qui capte tous les regards. Inconnu avant Adolescence, ce jeune acteur de 15 ans livre une prestation qui dépasse toutes les attentes, marquée par une transformation saisissante entre ses deux apparitions à l’écran, dans le premier et le troisième épisode.
D’abord, il incarne un enfant à la lisière de l’innocence, effrayé, suppliant la présence de son père lors de son arrestation. Une interprétation d’une justesse troublante, qui rend presque inconcevable l’idée qu’il puisse être coupable. Puis vient le huis clos du troisième épisode face à la psychologue (Erin Doherty), où le garçon cède la place à un adolescent en rupture.
Ses failles éclatent, sa colère se mue en mécanisme de défense, les attaques verbales frôlent la violence physique, et le face-à-face devient un combat psychologique intense. L’ellipse de plusieurs mois entre ces deux moments se ressent pleinement : Jamie n’est plus un enfant perdu, mais un garçon qui, à sa manière, a grandi, s’est endurci, et refuse désormais de se laisser cerner.
Un casting solide porté par des visages familiers
Autour d’eux, le reste du casting impressionne également par des performances justes, équilibrées. Christine Tremarco (vue dans Waterloo Road, Casualty) interprète Manda Miller, la mère de Jamie, dévastée, mais incapable de rompre avec la banalité du quotidien.
Ashley Walters, habitué aux rôles de flics (Top Boy), prête son charisme à l’inspecteur Luke Bascombe. Faye Marsay (Game of Thrones, The White Queen) campe quant à elle Misha Frank, la seconde détective de l’affaire, tandis que Mark Stanley (Trigger Point) incarne Paul Barlow, l’avocat commis d’office de Jamie.
