
Après avoir remonté le temps jusqu’à l’époque des Pharaons, l’Atelier des lumières revient aux grands peintres de l’histoire de l’art grâce à deux programmes foisonnant d’images fortes : Picasso, l’art en mouvement et Douanier Rousseau, au pays des rêves, notre préféré. Dépaysement garanti !
Des Demoiselles d’Avignon à Guernica, l’Atelier des lumières contourne les polémiques autour du maître espagnol et sublime son œuvre à travers un premier programme long intitulé Picasso, L’art en mouvement. Rassemblant plus de 600 œuvres de l’artiste, cette projection immersive met l’accent sur la diversité de son travail protéiforme et ses motifs récurrents, comme la figure d’Arlequin. « Je souhaitais vraiment que le visiteur reparte en ayant en tête toute la densité et la diversité de son travail : la gravure, la sculpture, les papiers collés, les assemblages, les pliages, la céramique ou encore ses collaborations pour des spectacles comme ceux de Sergei Diaghilev », précise Virginie Martin, directrice artistique de l’exposition immersive.
Et c’est, en grande partie, réussi ! L’exposition explore une belle envergure de son travail, mais fait l’impasse sur toute sa production érotique, non négligeable. « En effet, nous souhaitions laisser l’accès aux enfants et rester grand public. Nous ne pouvions donc pas présenter ses dessins qui le sont ouvertement. En revanche, certains connaisseurs reconnaîtront des toiles qui le sont de manière plus subtile. L’idée était davantage de mettre à l’honneur les femmes, comme Gertrude Stein, qui ont traversé sa vie. On voit bien ici comment chacune d’entre elles a impacté son style », précise-t-elle.
Les influences
Si Picasso a été influencé par les femmes, il l’a aussi été par les grands maîtres, comme le souligne tout un chapitre. Sur les parois de l’ancienne fonderie, Les ménines de Diego Velázquez se métamorphosent alors en Las meninas de Picasso et Le déjeuner sur l’herbe d’Édouard Manet prend en quelques secondes des allures cubistes.

« Pour inventer le cubisme, Picasso a beaucoup regardé les arts primitifs, dont nous montrons quelques œuvres sur des rythmes africains. Puis des éléments apparaissent. Tout cela s’imbrique pour former une de ces toiles les plus célèbres, Les demoiselles d’Avignon », ajoute Virginie Martin. Ainsi, le spectateur peut un court instant (re)découvrir ici ce chef-d’œuvre de l’histoire de l’art, considéré comme le premier tableau cubiste, mais aujourd’hui émigré au Museum of Modern Art, à New York.
Des chefs-d’œuvre iconiques
Plus proche de nous, Guernica, autre chef-d’œuvre iconique du peintre, réside au musée Reina Sofía, à Madrid, mais tapisse pour l’occasion tous les murs du centre d’art numérique : un des moments forts de cette exposition ! Deux femmes courant sur la plage, Portrait de Dora Maar… Aucune toile phare ne manque à l’appel, mais certaines sont mieux mises en valeur que d’autres. En cause, les ayants droit qui n’ont pas facilité la tâche à l’équipe artistique.

« Nous avons travaillé en étroite collaboration avec l’administration Picasso qui nous a demandé d’être fidèle aux œuvres et de ne pas les décortiquer, les détourer ou les animer. Chacune doit être présentée dans son intégralité. Nous nous sommes donc creusé les méninges pour créer du mouvement et de l’émotion sans toucher aux œuvres. Nous avons dû travailler autour pour donner des clés de compréhension et restituer le contexte historique ou culturel de l’époque. Pour les collages et la période cubiste, nous avons eu plus de libertés », précise Virginie Martin.
Un rêve éveillé
Pour Douanier Rousseau, au pays des rêves, c’est tout l’inverse ! Tout son imaginaire, jusque dans ses moindres détails, est ici animé avec cohérence, tel un merveilleux dessin animé immersif. « Pour ce programme court, je suis partie d’une citation de l’artiste autodidacte qui se trouvait alors dans les serres du Jardin des plantes, à Paris : “Quand je vois toutes ces plantes étranges des pays exotiques, il me semble que j’entre dans un rêve.” » Ainsi, Virginie Martin a pensé l’exposition comme un rêve, avec ses diverses phases de sommeil, allant de l’extase au cauchemar.

« Avec ses félins cachés dans les feuillages ou ses animaux tapis dans l’ombre, l’œuvre du Douanier Rousseau a un fort potentiel narratif et immersif », ajoute-t-elle? En ce sens, cette exposition compte parmi les plus abouties de l’Atelier des lumières.