Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence… ou pas.
| Un fait divers marquant : Le cercle des obligés, de Philippe Brunel
Journaliste de formation, Philippe Brunel a toujours fait de l’investigation le moteur de romans-vrais haletants dépassant allègrement la fiction. Un livre sur la descente aux enfers du cycliste Marco Pantani, dont il était l’interlocuteur privilégié à L’Équipe, un autre sur la mort mystérieuse de Luigi Tenco, amant supposé de Dalida… Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il s’empare de l’un des crimes les plus sulfureux des années 1960, l’affaire Markovic.
Automne 1968. Stefan Markovic, garde du corps et ami d’Alain Delon, amant de sa femme, aussi, est retrouvé mort dans une décharge des Yvelines. Dans la grande famille du cinéma, la machine à fantasmes se met en branle ; dans les arcanes du pouvoir, ce sont les théories du complot qui pullulent, allant même jusqu’à faire vaciller les plus hautes sphères de l’État. Avec la minutie de l’enquêteur chevronné et la fougue du romancier, Philippe Brunel avance ses vérités.
| Un secret de famille : Mon vrai nom est Élisabeth, d’Adèle Yon
Parce qu’elle se pose la question de l’hérédité et de la transmission de la folie, Adèle Yon décide de rompre le silence familial qui règne autour de son arrière-grand-mère Élisabeth, lobotomisée dans les années 1950 à cause de sa schizophrénie. Chercheuse, elle utilise une méthode rigoureuse, croisant les archives et les entretiens avec ses proches, tous plus déroutants les uns que les autres, pour percer à jour les mystères d’une femme qui alimente les non-dits et les légendes.
Il en résulte un premier roman épatant d’où émane une voix singulière, qui se sert d’une histoire intime comme d’un cas d’école pour faire la radioscopie d’une société patriarcale qui n’a jamais cessé d’imposer sa violence aux femmes.
| Une œuvre et un artiste : La nef de Géricault, de Patrick Grainville
Après Grégoire Bouillier lors de la dernière rentrée littéraire et son très réussi Syndrome de l’Orangerie qui nous plongeait dans les petits secrets des Nymphéas de Claude Monet, un autre de nos grands écrivains se pique aujourd’hui de peinture et fait d’un tableau de maître le point de départ d’un incroyable roman. Dans La nef de Géricault, l’Académicien Patrick Grainville s’élance sur les traces de l’une des merveilles picturales du XIXe siècle, une toile que le monde entier vient chaque jour contempler au Louvre, Le radeau de la méduse de Théodore Géricault.
L’incroyable histoire vraie à l’origine du tableau, la folie créatrice d’un peintre dévoré par son geste monumental, les critiques virulentes et les répercussions politiques d’une œuvre qui représentait, selon Jules Michelet, « le naufrage de la France » : avec ce livre romanesque en diable, l’auteur lève le voile sur un chef-d’œuvre nimbé de mystères.
| La fille d’un monstre sacré : Adèle Hugo, de Laura El Makki
Après avoir consacré au plus illustre des romanciers français une série en 40 épisodes intitulée Un été avec Victor Hugo, diffusée en 2015 sur France Inter et racontée par Guillaume Gallienne, Laura El Makki, productrice radio, romancière et biographe, cherche à percer les mystères de sa seconde fille, Adèle, figure énigmatique, personnage troublant et tragique qui inspira à François Truffaut, il y a tout juste 50 ans, son film L’histoire d’Adèle H., avec Isabelle Adjani. Pour ce faire, elle a puisé dans les deux journaux que tenait en parallèle la jeune fille de 22 ans sur l’île de Guernesey.
Un carnet de bord officiel, d’abord, pour raconter par le menu, avec une attention toute particulière accordée au style, l’exil familial loin de Napoléon Le Petit. Mais un journal intime aussi, crypté grâce à une langue qu’elle appelle le « charabia », dans lequel se dévoile une femme aux antipodes de la partition familiale, gorgée de désir, obsédée à l’idée de plaire à la gent masculine et en quête permanente d’attention. On s’émeut alors à rebours, en connaissant sa triste fin de parcours, après une désastreuse errance américaine bercée d’illusions amoureuses, de cette érotomanie qui l’a conduite jusqu’aux rivages de la folie.
| Des souvenirs d’enfance : L’ami de la famille, de Denis Podalydès
Productrice historique de France Culture, mais aussi écrivaine, Caroline Broué inaugure cet hiver une nouvelle collection aux éditions Julliard. « Camera obscura », comme la chambre noire, s’avance avec un crédo prometteur : « Proposer à des auteur·es de choisir une image forte, photographique ou picturale, personnelle ou historique pour en faire la matière d’un récit. » Le premier à se frotter à l’exercice n’est autre que le comédien et prix Femina 2008 Denis Podalydès (de la Comédie-Française).
À partir d’un cliché de jeunesse, pris à 20 ans dans les Pyrénées-Atlantiques, il raconte son amitié pour Emmanuel Bourdieu, un des fils du plus illustre des sociologues français. Avec nostalgie, il se remémore l’admiration que l’adolescent et le comédien débutant qu’il était alors éprouvaient pour Pierre Bourdieu. Un récit intime et un hommage touchant à ces figures d’autorité qui jalonnent la construction d’un jeune garçon.
