Née il y a un demi-siècle outre-Atlantique, cette musique a donné naissance à des titres cultes, fait danser des millions de personnes et su toucher plusieurs générations. Surtout, là où plusieurs genres n’ont pas réussi à perdurer dans le temps, le disco continue, lui, d’enflammer les pistes de danse et d’influencer le monde de l’art…
L’origine de cet ovni musical nous replonge en 1973 : la légende raconte que le très influent DJ new-yorkais David Mancuso, célèbre pour ses soirées privées, découvre chez un disquaire le 45 tours d’un artiste camerounais dont la notoriété ne dépassait pas les frontières. Son attention se porte sur la face B de ce vinyle, dont le refrain entêtant marque les esprits à la première écoute : « Mama ko, mama sa, mako makossa… Mama ko, mama sa, mako makossa. »
Un titre signé Manu Dibango qui évoque certainement pour beaucoup quelque chose, et pour cause : il sera samplé à plusieurs reprises, notamment par Michael Jackson dans Wanna be Startin’ Somethin.
L’art du lâcher-prise
Mais avant que le Roi de la pop s’en mêle, le DJ Frankie Crocker, qui officie sur une station de radio noire new-yorkaise, diffuse ce fameux morceau camerounais en boucle. Et très rapidement, les disquaires s’arrachent le titre, qui entre dans les charts américains. C’est ainsi que le disco est né ! Un mouvement mondial, caractérisé par des rythmes entraînants et des mélodies accrocheuses, qui voit exploser des artistes aujourd’hui cultes, comme les Bee Gees, ABBA ou encore celle que l’on surnomme la Reine du disco, Donna Summer.
Il faut attendre le milieu des années 1970 pour voir la France succomber à son tour à la folie du disco. Claude François, Sheila ou encore Dalida surfent sur la vague et signent, pour beaucoup, les plus grands succès de leurs carrières respectives.
Idem pour Marc Cerrone qui, avec Love in C minor, apporte un son plus électronique qui influence plus tard des artistes de renom tels que les Daft Punk ou encore Bob Sinclar. Car le disco est le langage universel de la fête et du lâcher-prise, celui qui rassemblait des milliers d’inconnus chaque samedi soir en discothèque, et qu’un tel langage ne peut que perdurer génération après génération.
Un message que Diana Ross et ABBA, deux noms emblématiques du disco, ont incarné à merveille en 2021, en sortant un nouvel album après des années de silence.

Bien plus qu’un genre, une façon de vivre qui revient en force
Et si le disco est souvent perçu comme la bande originale des années 1970 et 1980, c’est parce qu’il ne s’agit pas seulement d’un genre musical. Si les années 1950 ont récemment conquis les intérieurs, c’est maintenant au tour des tendances déco des années 1970 de briller à nouveau, à commencer par l’emblématique boule à facette. Un élément qui, grâce à ses miroirs réfléchissants, vient illuminer la moindre pièce, du salon à la chambre à coucher, en passant par la salle de bain.
Sur la plateforme Etsy, très prisée par les particuliers pour repenser leur décoration, les recherches autour de la boule à facettes avaient ainsi augmenté de 346 % pendant quelques mois. Et quand ce ne sont pas les boules à facette qui viennent donner du peps aux pièces, le cap sur les seventies se fait grâce à son lot de couleurs pop (le rouge, l’orange et le violet en tête), ses ambiances psychédéliques et ses assises enveloppantes.
Comment expliquer ce revival haut en couleur ? C’était une époque de liberté intellectuelle, vestimentaire et décorative. Tout était extravagant, chacun faisait ce qu’il voulait, portait ce qu’il aimait. À une époque compliquée comme la nôtre, cette période idéalisée suscite le fantasme et l’inspiration des jeunes. Une inspiration qui touche également les sphères de la mode.

Au-delà de la musique, le disco a fortement influencé la mode avec ses tenues scintillantes, ses paillettes et ses styles excentriques, inspirés par les icônes de l’époque. Une audace qui a de nouveau fait vibrer les podiums l’année dernière, à l’image d’une mode masculine marquée par les paillettes et les couleurs fluo. De la chemise à paillettes au pantalon à sequins, en passant par le total look glitter, la fièvre disco n’a donc pas fini d’éclairer nos intérieurs.
Un synonyme de libération
Rien de très surprenant que la musique disco s’épanouisse encore aujourd’hui, dans une période post-Covid marquée par les confinements, les contraintes et un certain désenchantement. Déjà contestataire en son temps, le disco a droit à une deuxième vie, à l’heure où les droits des femmes et de la communauté LGBT se retrouvent au cœur du débat public. Au-delà de son effet rassurant, le disco continue donc d’influencer la musique moderne, à l’image d’artistes contemporains comme Daft Punk et Bruno Mars, qui réintroduisent des éléments de disco dans leurs œuvres.
De part et d’autre de l’Atlantique, les radios ont d’abord assisté à un retour en force des synthétiseurs des années 1980 (The Weeknd, Dua Lipa, Harry Styles, Soprano) avant de parler d’une renaissance du disco (Kylie Minogue, Juliette Armanet, Clara Luciani). De la pop à l’électronique, en passant par le répertoire français, les rythmes funky, les mélodies accrocheuses et l’énergie contagieuse du disco se retrouvent dans de nombreux genres actuels. Jamais éteinte, la flamme du disco est sans cesse prête à être ravivée.
Et en attendant de découvrir les prochains artistes et hits qui sauront faire perdurer l’énergie de ce genre unique, la fièvre du samedi soir envahit Paris pendant quelques jours, pour le plus grand bonheur des nostalgiques.
Du 14 février au 17 août 2025, l’exposition Disco I’m Coming Out se donne pour mission de replonger les visiteurs dans le passé, sur les traces de ce style né aux États-Unis au début des années 1970. Grâce à un ensemble d’archives audiovisuelles, de photographies, d’instruments et de costumes, l’exposition entend montrer la dimension à la fois politique et festive de ce courant musical qui a fait danser, et continue aujourd’hui, des millions d’amateurs, issus de différentes minorités et classes sociales, sur le dancefloor. L’aspect esthétique du disco, repris par les artistes et les designers sera également de la partie, tout comme l’intégration du disco dans la pop culture, à commencer par le succès mondial du film La fièvre du samedi soir.
Et pour faire honneur à cet événement culturel immanquable de ce début d’année, plusieurs concerts sont annoncés du 21 au 23 février : l’incontournable Cerrone, Dabeull Live Band, mais aussi une boum disco et même une battle de danse waacking.
