Entretien

Vincent Heneine : “Dans Super mâles, Tonio est un tendre loser”

31 janvier 2025
Par Agathe Renac
“Super mâles”, le 24 janvier sur Netflix.
“Super mâles”, le 24 janvier sur Netflix. ©Netflix

C’est LA comédie française de ce début d’année. Pilotée par les créateurs de Plan cœur, Super mâles suit le quotidien de quatre quadras dépassés par leur quotidien. Parmi eux : Tonio, porté à l’écran par Vincent Heneine. À l’opposé de son personnage, l’acteur nous a accordé une interview tout en bienveillance, une semaine après un accueil remarqué de la série sur Netflix.

Vous êtes l’un des héros de la série Netflix Super mâles. Pouvez-vous nous la pitcher en une minute top chrono ?

Super mâles, c’est l’histoire de quatre potes qui ont grandi ensemble et qu’on retrouve en 2025 dans une société où pas mal de choses changent et bougent. On les suit notamment dans leurs aventures de cœur avec leurs conjointes, et tout ne se passe pas comme prévu, car elles remettent en question les valeurs machos avec lesquelles ils ont grandi.

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Qu’est-ce qui vous a plu dans ce projet ?

Super mâles est un remake librement inspiré de la série espagnole Machos alfa, mais l’écriture des auteurs Julien Teisseire et Estelle Koenig en fait une production résolument française, avec un ton particulier et un ancrage géographique fort. J’ai aussi beaucoup aimé le côté comédie romantique, où tous les hommes redéfinissent à leur manière la masculinité grâce à leur relation.

La série s’intéresse effectivement à la masculinité toxique, une thématique dont on parle de plus en plus dans les médias et sur les réseaux sociaux. Étiez-vous sensibilisé à ce sujet avant ce tournage ?

En réalité, on est sensibilisés à ce sujet depuis quelques années, mais j’ai la sensation qu’on en parle de plus en plus. En revanche, c’est plus complexe de définir ce qu’est la masculinité toxique et de la déceler quand elle n’est pas extrême.

La série le montre très bien : elle peut se cacher dans des détails, des remarques ou dans des vannes qu’on pensait drôles dans un cercle privé. Toute cette déconstruction nous permet de réfléchir à deux fois avant de parler. J’ai aussi l’impression qu’on est plus à l’écoute et dans cette envie de comprendre son ou sa partenaire.

Vincent Heneine, Antoine Gouy, Manu Payet et Guillaume Labbé dans Super mâles.©Netflix

Avez-vous toujours été attentif ou avez-vous réellement pris conscience de ces comportements problématiques après un événement précis ?

J’évolue dans un milieu qui a vécu un véritable tremblement de terre avec la vague #MeToo. Ce mouvement nous a tous fait beaucoup réfléchir, même si on savait qu’il se passait quelque chose. Les acteurs de cette industrie ont commencé à être plus attentifs aux réflexions ou aux gestes déplacés sur les plateaux. On s’est dit que telle ou telle habitude n’était finalement pas la bonne manière de procéder.

Quand j’étais jeune, j’avais été plus ou moins victime de ce genre de comportement sur un tournage. C’est un événement qui m’a marqué et je me suis toujours promis d’être bienveillant envers mes partenaires, hommes ou femmes, et à veiller à ce que personne ne soit en insécurité.

Avez-vous la sensation que ces acteurs sont plus attentifs, aujourd’hui ?

Je pense qu’ils sont beaucoup plus attentifs et qu’il y a aussi plus de bienveillance. Un nouveau poste – qui existe depuis quelques années maintenant – a aussi changé beaucoup de choses : les coordinateurs d’intimité. Ces personnes sont très importantes sur les tournages. Elles permettent aux comédiens, aux réalisateurs et à l’équipe technique de se décharger de la charge mentale et de la responsabilité des scènes intimes dans le milieu du cinéma. Tout est cadré, et surtout consenti.

Guillaume Labbé et Olga Kurylenko dans Super mâles.©Netflix

Dans Super mâles, vous incarnez Tonio, un restaurateur qui ne peut s’empêcher de tromper sa copine, mais qui refuse de tester le couple libre. Quels ont été vos premiers ressentis quand vous avez fait la rencontre de votre personnage ?

Comme les trois autres, Tonio est un tendre loser. [Rires] Il a grandi dans un schéma où ce n’est pas grave d’aller voir ailleurs, tant que l’autre ne le sait pas. Mais à partir du moment où sa copine lui propose d’ouvrir leur couple et de voir officiellement d’autres personnes, ça devient inconcevable. Sa future femme ne peut pas se permettre de faire la même chose que lui. Cette idée le chamboule énormément.

Vous retrouvez-vous dans certains traits de caractère de Tonio ?

Malgré tout, Tonio a une espèce de sincérité dans ce qu’il fait et dans ce qu’il est, et j’essaie, moi aussi, d’être le plus sincère possible. Finalement, ce personnage a un côté nounours un peu touchant. C’est un mec un peu perdu et maladroit qui essaie de vivre une histoire à fond, mais qui a de nombreuses tentations – et aussi beaucoup de défauts, il faut le dire. Je pense que je partage clairement sa maladresse. Je dois aussi avouer que j’ai parfois dit de petits mensonges, mais uniquement pour organiser des surprises, donc on va dire que ça passe. [Rires]

Avez-vous, vous aussi, été confronté à une situation ou à une relation qui vous a autant déstabilisé ?

Pas vraiment. J’ai toujours eu la chance d’être bien accompagné. Je pense que la communication est la clé dans un couple : il faut se dire les choses. C’est important. Pourtant, j’ai une certaine pudeur et j’ai parfois du mal à exprimer réellement ce que je ressens à ma compagne ou à mes proches.

Antoine Gouy dans Super mâles.©Netflix

Super mâles, c’est aussi – et avant tout – une histoire de potes. Quelle est la chose la plus folle que vous pourriez faire pour vos amis ?

Garder des secrets – et ça peut être très lourd à porter –, être de bon conseil, mais surtout être toujours présent pour eux, dans les bons comme dans les mauvais moments.

Retrouvez-vous certaines de vos amitiés dans les dynamiques de ce quatuor ?

Il y a effectivement beaucoup de déconne avec mes potes. On rit beaucoup, notamment de nos névroses – comme dans Super mâles. Dans mon groupe d’amis, je pense être celui qui rigole, qui aime vanner et charrier. Quand je pense à l’amitié, je pense tout de suite à Yoli Fuller. C’est mon meilleur ami, mais aussi un acteur. On s’appelle tous les jours et on est vraiment de bon conseil l’un pour l’autre. C’est mon manager et je suis le sien.

Y a-t-il encore des tabous quand vous êtes entre “super mâles” de la vraie vie ?

Oui ! Il y a toujours un peu de pudeur. J’aime bien avoir mon petit jardin secret sur certains sujets, comme mes relations ou sur des choses qui me font honte. Mes amis sont durs, mais justes, et je sais qu’ils vont m’engueuler si je leur raconte certaines choses. Je préfère les garder pour moi et ne rien leur dire. [Rires]

Votre meilleur et votre pire souvenir de tournage ?

Il n’y a pas de pire souvenir ! En revanche, la première scène qu’on a tournée ensemble était assez drôle. J’avais croisé Guillaume Labbé et Antoine Gouy dans des festivals et des soirées avant le tournage, et je connaissais le travail de Manu Payet, mais la première fois qu’on s’est retrouvés ensemble sur le plateau, c’était pour tourner la scène dans les vestiaires, entièrement nus. C’était une bonne entrée en matière. Juste après, on a fait la scène de l’escalade et j’ai fini dans le plafond. [Rires] J’étais un peu paniqué, parce que je me disais : si la corde tombe, je fais une chute de 15 mètres.

Manu Payet dans Super mâles.©Netflix

Concernant le meilleur souvenir, je n’en ai pas un en particulier. C’est plus une ambiance générale et de grands fous rires. Par exemple, la scène sous champignon dans le cabanon était épique et je ne m’en remets toujours pas, un an après. Dans ce genre de moment, il ne faut jamais croiser le regard de Manu. Ça donne des moments très cocasses. Finalement, je retiens de cette aventure énormément de rire, de complicité et de vraies rencontres.

Et ça se sent à l’écran !

C’est ce que j’aime dans cette série : c’est universel et tout le monde peut se reconnaître dans les protagonistes. Les personnages féminins sont forts, et Mélanie Bernier, Olga Kurylenko, Ariane Mourier et Frankie Wallach sont incroyables. Elles remettent sur les rails ces tendres losers. Elles leur apprennent la vie. Il n’y a pas de jugement ou de dénonciation, tout passe par la communication.

Vous seriez partant pour une seconde saison ?

Je signe tout de suite, surtout si c’est avec la même équipe ! En espérant découvrir les nouvelles trajectoires de mon personnage qui seront, j’en suis certain, hautes en couleur.

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Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste