À la fois leader religieux inflexible et bâtisseur visionnaire, il a marqué l’histoire des États-Unis tout en laissant derrière lui un héritage controversé.
Loin des clichés romantisés des vieux westerns, À l’aube de l’Amérique propose une vision âpre et sans concession de l’Utah de 1857. Signée par Mark L. Smith et Peter Berg, la série, disponible depuis le 9 janvier sur Netflix, explore une époque de colonisation, de conflits territoriaux, religieux et ethniques, notamment entre les peuples amérindiens et les colons européens.
S’inspirant de faits historiques, comme le massacre de Mountain Meadows, elle brouille les lignes entre réalité et fiction, tout en convoquant des figures historiques telles que Brigham Young pour ancrer son récit dans une Amérique en pleine mutation.
Le « Moïse américain »
Né en 1801 à Whitingham (Vermont), Brigham Young grandit dans une famille modeste. Converti au mormonisme en 1832, il s’impose rapidement comme une figure clé de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, succédant à Joseph Smith – père fondateur de cette Église – après son assassinat en 1844.
En tant que dirigeant, il conduit l’exode des pionniers mormons jusqu’à la vallée du Grand Lac Salé, où il fonde Salt Lake City en 1847. Ce déplacement, souvent comparé à l’exode biblique, pose les bases d’une communauté mormone autonome dans l’Ouest américain. En 1850, il devient le premier gouverneur du territoire de l’Utah et utilise sa position pour développer les colonies, construire des infrastructures et fonder des institutions, comme l’Université de l’Utah.
Une figure controversée
Brigham Young est également connu pour son soutien à la polygamie, qu’il instaure comme pratique religieuse au sein de l’Église mormone. Il contracte 56 mariages et a 57 enfants. Il adopte par ailleurs des positions discriminatoires en interdisant aux hommes noirs d’accéder à la prêtrise, une règle qui restera en vigueur jusqu’en 1978.
Son rôle durant la guerre de l’Utah (1857-1858), un conflit opposant les mormons aux troupes fédérales, reste un sujet chez les historiens. Concernant le massacre de Mountain Meadows, où 120 colons non armés furent tués par une milice mormone déguisée en Amérindiens, les historiens débattent encore de son degré d’implication. Bien qu’il n’ait pas directement ordonné l’attaque, son leadership a contribué au climat de tension ayant mené à cet acte.
Le portrait de la série Netflix
Dans la série Netflix, Kim Coates incarne Brigham Young. Ce dernier est dépeint comme un leader rigide et déterminé à protéger l’indépendance de la communauté mormone, et le massacre de Mountain Meadows occupe une place clé dans l’intrigue. Bien que le show n’impute pas directement cet acte à Young, il laisse entendre qu’il aurait toléré cette violence comme une mesure de préservation de sa communauté.
« Nous essayons d’offrir un certain contexte pour au moins comprendre comment les tensions sont devenues si fortes dans cette région où Brigham Young et les dirigeants mormons ont estimé que la ligne de conduite la plus prudente pour leur auto-préservation était cette attaque », explique le co-créateur Peter Berg dans une interview accordée à Decider.
33 ans à la présidence de l’Église
En mêlant fiction et histoire, À l’aube de l’Amérique retranscrit le climat de méfiance et de conflits de l’Utah de 1857. Elle exagère cependant certains aspects du personnage, notamment son autorité et une aura presque mystique, pour renforcer son impact dramatique.
Le véritable Brigham Young est mort le 29 août 1877 à Salt Lake City, après avoir dirigé l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours pendant plus de trois décennies – un record de longévité à la présidence de l’Église.
