Réalisateur acclamé et Palme d’or 2018, Hirokazu Kore-eda poursuit son exploration des liens familiaux avec sa nouvelle série Netflix. Portrait d’un maître du cinéma japonais, où chaque œuvre capture l’intime avec une précision rare.
Netflix enrichit son catalogue avec Asura, une série dramatique réalisée par le cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda. Adaptée du scénario écrit en 1979 par Kuniko Mukōda, célèbre scénariste et romancière japonaise connue pour ses récits sur la vie quotidienne des familles, cette œuvre retrace les retrouvailles conflictuelles de quatre sœurs dans un Japon en pleine mutation.
Déjà transposée en roman, au théâtre et au cinéma, cette histoire trouve une nouvelle interprétation sous la direction d’un réalisateur internationalement reconnu. Mais qui est Kore-eda, et pourquoi son œuvre a-t-elle marqué le cinéma contemporain ?
Les débuts d’un visionnaire
Né à Tokyo le 6 juin 1962, Hirokazu Kore-eda se passionne très tôt pour le septième art, encouragé par sa mère cinéphile. Fasciné par les films d’Ingrid Bergman et le néoréalisme italien de Fellini ou Rossellini, il forge sa sensibilité artistique. Diplômé de l’université Waseda, il commence sa carrière dans le documentaire, explorant des thématiques sociales. Ces premières œuvres, dont Without Memory (1994), reflètent déjà son intérêt pour les liens humains et la mémoire.
En 1995, il passe à la fiction avec Maborosi, un drame sur le deuil qui remporte le Prix Osella à la Mostra de Venise. Ce premier succès international marque le début d’une carrière ponctuée de distinctions. Parmi elles, la Palme d’or du Festival de Cannes en 2018 pour Une affaire de famille, une réflexion sur les relations familiales et les inégalités sociales.
Une esthétique de l’intime
Le style de Kore-eda se distingue par son minimalisme, souvent comparé à celui de Yasujirō Ozu, figure majeure du cinéma japonais, connu pour ses portraits familiaux et sa représentation des mutations sociales, notamment dans le classique Voyage à Tokyo.
En s’appuyant sur des histoires centrées sur la famille, Kore-eda aborde des thèmes tels que la filiation, le deuil, le mensonge ou la solitude. Admirateur de Ken Loach, il résume ainsi sa vision dans un entretien donné au média Ioncinema en 2022 : « Faire un film, c’est fixer ou regarder quelque chose ».
L’héritage d’un cinéaste universel
Ses œuvres se nourrissent de l’observation quotidienne et de son expérience en documentaire. Dans Nobody Knows (2004), inspiré d’un fait divers, il suit avec tendresse quatre enfants livrés à eux-mêmes. Ce film vaut à Yūya Yagira le prix d’interprétation masculine à Cannes, une première pour un acteur aussi jeune.
Avec Asura, Kore-eda réinvestit les années 1970, une période charnière où les traditions japonaises s’entrechoquent avec la modernité. En revisitant l’œuvre de Kuniko Mukōda, il prolonge son exploration des dynamiques familiales, offrant un regard à la fois respectueux et contemporain. Le projet bénéficie également d’un casting prestigieux, porté par des actrices de renom au Japon telles que Suzu Hirose et Machiko Ono.