À travers les confessions d’un homme en fin de vie, Paul Schrader et Richard Gere signent une œuvre introspective sur les illusions et les vérités d’une existence, inspirée d’un roman de Russell Banks, en salle le 18 décembre.
Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2024, Oh, Canada marque une nouvelle collaboration entre Paul Schrader et Richard Gere, 44 ans après leur première aventure commune avec American Gigolo.
Adapté du roman Foregone de Russell Banks, décédé en janvier 2023, le film tisse un récit introspectif et mélancolique sur la mémoire, les regrets et les illusions d’une vie. Sa sortie en salle, prévue pour le 18 décembre, s’accompagne d’une ferveur critique qui confirme l’importance de ce duo iconique dans le cinéma hollywoodien.
Un duo marquant dans l’histoire du cinéma
Paul Schrader, à 77 ans, demeure l’un des derniers vétérans du Nouvel Hollywood, reconnu pour ses scénarios marquants (Taxi Driver, Raging Bull) et ses réalisations singulières (First Reformed, Mishima). Richard Gere, figure incontournable d’Hollywood, a lui aussi marqué son époque avec des films comme Pretty Woman ou Officier et gentleman. Mais c’est bien American Gigolo, en 1980, qui a propulsé Gere au rang de star, révélant une alchimie unique entre l’acteur et le réalisateur.
Oh, Canada explore à nouveau des thèmes chers à Schrader : l’introspection, les dilemmes moraux et la quête de vérité. Aux côtés de Gere, Uma Thurman incarne Emma, l’épouse de Leonard Fife, tandis que Jacob Elordi, étoile montante, prête ses traits au protagoniste dans sa jeunesse.
Une intrigue introspective et politique
À l’aube de sa mort, Leonard Fife, cinéaste canadien et exilé politique, accepte une dernière interview pour livrer ses secrets et déconstruire le mythe qu’il s’est créé. Entre flashbacks et confessions, le film multiplie les temporalités, mêlant couleur et noir et blanc pour traduire la complexité de la mémoire. Inspiré par les dilemmes éthiques et politiques des années 1960-1970, le récit s’inscrit dans une réflexion sur l’héritage, personnelle pour Fife, mais aussi pour Schrader, qui semble s’y tendre un miroir.
Si le roman de Russell Banks servait de portrait d’un objecteur de conscience, le film dépasse cet hommage pour déconstruire l’homme derrière le mythe, explorant ses contradictions et ses erreurs. La fidélité au roman est notable, mais Schrader y insuffle sa signature, transformant l’œuvre en une méditation sur le cinéma et la narration.
Une réception critique variée
Les critiques soulignent unanimement la force de l’interprétation de Richard Gere. Pour France Info, l’acteur est « touchant et investi », incarnant un Leonard Fife vulnérable, mais résolu. La mise en scène de Schrader est décrite comme « sans esbroufe », laissant toute la place à la performance de ses acteurs.
Les Inrockuptibles saluent une liberté narrative rare, rapprochant le film de Mishima par son approche expérimentale et réflexive. La critique loue l’exploration des souvenirs et des récits fragmentés, tout en soulignant l’émotion générée par ce « film mosaïque ».
Du côté du Monde, Oh, Canada est décrit comme un « anti-biopic », déconstruisant la vie de Fife pour révéler son humanité, ses failles et ses contradictions. Cependant, Premiere, plus nuancé, regrette une mise en scène parfois « trop lisse », qui empêche le récit de pleinement se déployer, malgré un Richard Gere « triste, mais flamboyant ».