Diffusé ce 30 novembre sur M6, le show porté par Jesse L. Martin tente de se démarquer dans l’univers saturé des séries policières. Un pari réussi ? Les critiques n’en sont pas si sûres.
Les séries policières se multiplient, mais l’intérêt du public ne faiblit pas. Leur secret ? Une capacité à développer des enquêtes mystérieuses, des personnages attachants et, souvent, un détective excentrique doté d’un don particulier. Des classiques d’Arthur Conan Doyle avec Sherlock Holmes aux romans d’Agatha Christie mettant en scène Hercule Poirot, ce schéma narratif a traversé les époques.
Dans les années 2000, Mentalist et Numbers ont renouvelé le genre en introduisant des héros aux talents hors du commun, capables de décrypter des indices que même les meilleurs enquêteurs ne parviennent pas à déchiffrer. Diffusée ce 30 novembre sur M6, Irrational s’inscrit dans cette tradition. Mais la recette est-elle toujours aussi efficace ?
Un scénario qui manque de profondeur
Retransmise dans un premier temps en 2023 sur NBC, cette série en 11 épisodes est créée par Arika Lisanne Mittman (Elementary, Dexter) et portée par Jesse L. Martin (Flash, New York, Police judiciaire), Maahra Hill (Delilah), Travina Springer (To Live and Die and Live), Molly Kunz (Wild Eyed and Wicked) et Arash DeMaxi (Quest). Irrational a beau être centré sur des enquêtes, son héros n’est pas un détective. En effet, le show s’intéresse à Alec Mercer, un professeur de psychologie comportementale qui assiste le FBI et les services de police sur des affaires complexes.
Entouré de son ex-femme Marisa, de sa sœur Kylie, et de deux assistants, Phoebe et Rizwan, il analyse les décisions irrationnelles des autres et recourt à son génie pour résoudre des crimes. Luttant contre ses propres traumatismes, il est aussi appelé sur des affaires diverses, comme le meurtre d’une influenceuse ou un accident d’avion mystérieux.
Malgré des éléments prometteurs, Irrational ne fait pas l’unanimité. Il récolte le faible score de 47% sur le site de référence Rotten Tomatoes, et ne convainc pas les critiques françaises ni américaines, qui regrettent un manque d’originalité. « Malgré le rôle principal sympathique de Martin, il est difficile de ne pas remarquer à quel point cette histoire d’un détective soi-disant spécial semble banale », note The Hollywood Reporter.
Même son de cloche du côté de Télérama, qui regrette une « énième série mettant en scène un civil brillant volant au secours d’enquêteurs dépassés grâce à sa maîtrise des névroses du genre humain ». Le média ajoute : « Il faut dire que les scénarios des affaires qu’on lui soumet ne brillent pas par leur finesse. Dans ce monde binaire, les interrogatoires sont mécaniques, les regards perçants et les flash-back flous. »
Plus critique encore, Decider estime que le show « tombe dans les mêmes pièges que la plupart des séries policières : des mystères difficiles à suivre et/ou pas particulièrement intéressants, des erreurs de logique et des manières artificielles par lesquelles le civil au centre de la série continue à s’impliquer dans des affaires de meurtre. »
Néanmoins, le média tempère, en affirmant que « cette histoire de fond, avec ce qui semble être beaucoup de rebondissements, maintient notre intérêt. (…) Une formule qui a permis aux spectateurs de regarder des productions comme Mentalist ; si ce n’était pas pour l’intrigue continue de Red John, elle se serait probablement terminée beaucoup plus tôt. »
Jesse L. Martin peut-il sauver la série ?
Le show ne brille pas par son originalité, mais tout n’est pas à jeter. En effet, les critiques saluent la performance de Jesse L. Martin, « qui parvient à insuffler une lichette d’humanité » (Télérama) et « apporte du magnétisme à la série policière banale de NBC » (The Hollywood Reporter).
Cependant, le Chicago Tribune estime que « [sa] présence ne peut rehausser Irrational que dans une certaine mesure. C’est un exercice générique, ni bon ni mauvais. Peut-être, au milieu d’une mer de rediffusions et d’émissions de télé-réalité, cela suffit-il à satisfaire le public. »
Entre des intrigues peu surprenantes et une mise en scène classique, la série diffusée ce 30 novembre sur M6 peine donc à se démarquer dans un genre déjà bien balisé. Reste à savoir si le charisme de Jesse L. Martin suffira à maintenir l’intérêt des téléspectateurs au fil des épisodes et des semaines.