À l’occasion de la sortie du nouveau film des studios Disney, L’Éclaireur s’est entretenu avec deux de ses réalisateurs, Dana Ledoux Miller et Jason Hand.
Que représente le premier film Vaiana pour vous
Jason Hand : J’ai travaillé sur le premier film. Je faisais déjà partie des studios Disney à l’époque. Je n’ai rejoint la production de Vaiana, la légende du bout du monde (2016) qu’au bout d’un an. J’ai finalement eu la chance de rejoindre le projet, après l’avoir suivi de loin, nourrissant l’envie d’y participer. C’était une expérience incroyable. Je collaborais avec Ron et John à l’époque [Ron Clements et John Musker, les réalisateurs du premier film, ndlr], de véritables légendes de l’animation. Aujourd’hui, pouvoir travailler sur Vaiana 2 en tant que réalisateur, c’est fabuleux. Le premier film était unique dans le paysage de l’animation à bien des égards. Personnellement, c’est le film que nous avons regardé, ma famille et moi, encore et encore. C’est un honneur d’en faire partie.
Dana Ledoux Miller De mon côté, Vaiana a changé ma vie. Je n’étais qu’une spectatrice à l’époque, je suis allée au cinéma sans savoir ce que j’allais voir et soudain j’ai entendu du dialecte Tokelau et j’ai su que ça allait changer la façon dont les gens me voyaient, en tant que personne originaire du Pacifique, ainsi que ma communauté. Ça a véritablement été le cas. Vaiana, la légende du bout du monde a créé une empathie et une compréhension de ce que signifie être originaire du Pacifique, d’une façon qui n’existait pas avant. Pouvoir aujourd’hui continuer à raconter son histoire est un privilège.
Les thèmes du premier film, autour de l’héritage, des origines et de l’identité, sont à nouveau très présents dans cette suite. Était-ce important pour vous de développer ces sujets
D. L. M. Absolument Lorsque nous imaginions l’histoire, nous pensions beaucoup au premier film. Il portait, effectivement, sur l’importance de se connecter à son passé, de vraiment découvrir qui l’on est en sachant d’où l’on vient. Sur le deuxième film, nous ne voulions surtout pas défaire cela, mais au contraire construire dessus. Vaiana déclare exactement qui elle est dans le premier. Entre-temps, elle a eu un peu de temps pour se connaître, elle a également grandi en tant que meneuse. Dans le deuxième volet, elle doit aller plus loin et créer un nouveau futur pour son peuple. Cela fait partie de l’héritage. Il est question de savoir d’où l’on vient, mais aussi de façonner le futur de sa petite sœur, de sa famille. C’était une approche narrative excitante. L’idée que l’on change continuellement, que l’on grandit toujours… C’est important pour l’intrigue.
J. H. Je pense que lorsque nous grandissons, nous découvrons de nouvelles choses sur nous-mêmes. Dans Vaiana, la légende du bout du monde, lorsqu’elle déclare “Je suis Vaiana”, elle sait exactement qui elle est à ce stade de l’histoire. Mais dans la vie, de nouveaux éléments apparaissent sur le chemin et cela peut vous changer. Vaiana est désormais à un stade différent de son parcours. En tant que narrateur, c’était très intéressant de voir notre héroïne changer, accepter ces nouvelles choses et la pousser un peu plus vers l’avant, tout en racontant une nouvelle histoire. On est parti de là et en développant le film on a ensuite joué avec la relation entre Vaiana et Maui, tout en ajoutant un nouvel équipage. Tous ces éléments inédits aident Vaiana à grandir un peu plus.
Dans le premier film, Vaiana est un esprit libre, une fille de chef rebelle. Désormais, il apparaît évident qu’elle fait tout ça pour son peuple. Sa petite sœur est probablement le nouveau personnage le plus important à ce niveau. Quelle était l’idée derrière l’envie de créer de nouveaux personnages et de faire du combat de Vaiana quelque chose d’encore plus personnel pour elle
D. L. M. C’est une bonne question Quand on parle de l’envie ou de l’idée de créer un meilleur futur pour les siens, cela peut être difficile de comprendre ce que cela signifie. Mais quand on regarde une enfant de 3 ns que l’on aime profondément, comme Vaiana aime sa petite sœur, on pense au monde différemment et on envisage le futur autrement. Ce que j’aime à propos du film c’est que Vaiana ne se demande pas si répondre à l’appel de ses ancêtres est la bonne ou la mauvaise chose à faire. Elle évolue en sachant pertinemment que c’est la bonne chose à faire, tout en comprenant, à mesure qu’elle grandit, que ses actions ont des conséquences.
Partir loin est un enjeu élevé, car elle pourrait très bien ne pas revenir auprès de cette personne qu’elle aime tant. Cependant, partir veut aussi dire créer un meilleur futur pour cette même personne. C’est un conflit interne que nous connaissons tous en grandissant, d’une façon ou d’une autre.
J. H. Raisonner une enfant de 3 ns, cela ne marche pas souvent Et c’est ce qu’il y a de si génial. Cela ajoute un impact, une secousse à Vaiana. Je pense que le personnage de Simea est très puissant. Dès le moment où on les voit ensemble, dès la première image, on les aime ensemble. C’était incroyable d’avoir cet élément comme moteur de l’action et de l’histoire. Quand Vaiana dit qu’elle doit partir, cela blesse vraiment Simea et donc Vaiana. La dynamique est nouvelle, forte.
Vaiana 2 développe une mythologie riche qui ne demande qu’à être approfondie. L’avez-vous créée et construite avec cette envie d’y revenir
D. L. M. Nous sommes vraiment heureux et reconnaissants de pouvoir raconter une histoire avec un environnement aussi riche et complet. Il y a effectivement tellement plus dans cet univers et dans ce monde… Nous sommes très fiers du film. Mais laissons d’abord le public voir le deuxième film et gardons cette conversation pour une prochaine fois. Nous ne voudrions pas spoiler [Rires] !
Vaiana 2, réalisé par David Derrick Jr. Jason Hand et Dana Ledoux Miller, avec les voix françaises de Cerise Calixte et Anthony Kavanagh, 1h40, au cinéma le 27 ovembre 2024.