Après une première saison qui a marqué les esprits, la série inspirée de l’univers de League of Legends revient avec un second acte. Entre lumière et ombre, cette suite explore plus intensément les failles de Piltover et Zaun, promettant un dénouement aussi percutant qu’inoubliable.
Trois ans après avoir secoué le monde de l’animation, Arcane fait son retour cet automne avec une seconde et dernière saison, chargée de tension. Lors de sa sortie en 2021, cette adaptation inattendue du célébrissime League of Legends avait laissé le public stupéfait.
Bien plus qu’une simple série tirée d’un jeu vidéo, cette dernière s’est imposée comme une expérience unique, une fresque animée qui mêle avec virtuosité esthétique punk, élégance visuelle et violence à fleur de peau. Et le succès n’a fait que nourrir l’attente avec un budget record, des teasers visuels et des attentes colossales. Mais la saison 2 tient-elle ses promesses ?
En apnée
La première saison avait planté le décor d’un conflit viscéral entre deux cités irréconciliables : Piltover, haut lieu de progrès technologique, et Zaun, royaume souterrain et miséreux, englué dans la violence. Au centre de cette fracture, les destins croisés de deux sœurs, Vi et Powder (devenue Jinx). Autrefois inséparables, elles se retrouvent aujourd’hui ennemies, chacune emprisonnée dans une loyauté déchirée et des choix impossibles.
Le nouvel acte démarre exactement là où l’explosion de Jinx a figé l’histoire, à la fin du premier volet. Pas de recul, pas de répit : Arcane nous replonge dans l’action, dans ce chaos qui s’insinue jusque dans les fissures des deux villes.
Une complexité croissante
Les morts jonchent encore le sol, et le deuil pèse lourd. En particulier pour Caitlyn, dont la mère – conseillère de la ville lumière, qui défendait la voie diplomatique avec la cité souterraine – a péri dans cette attaque attentat. De quoi attiser en la jeune femme un désir de justice, puis de vengeance, presque insupportable.
À la surface, Piltover tente de se raccrocher à un semblant d’ordre, épuisant ses dernières forces, tandis que le rêve de paix avec Zaun s’évapore, laissant place au spectre d’une guerre inévitable, encouragée par Ambessa Medarda, la redoutable mère de Mel.
Zaun ou Pandémonium
Sous ses fondations, la ville des ombres et de la poussière se noie déjà dans un conflit sans fin. Les gangs s’entredéchirent pour reprendre ce que Silco a laissé derrière lui, et Jinx erre comme un fantôme de son propre cataclysme, piégée dans les décombres qu’elle a elle-même provoqués.
À mesure que l’intrigue tisse des liens entre politique et magie, des alliances improbables se créent, des ambitions personnelles prennent le dessus, et chaque protagoniste se retrouve à la croisée des chemins.
On plonge dans des sous-intrigues aussi troubles que captivantes, là où le Shimmer, l’Hextech et les jeux de pouvoir dessinent un labyrinthe complexe. Ce désordre n’est pas là pour faire joli : il est le reflet de ce monde brisé.
Jinx, reine des ténèbres
Mais si Arcane brille, c’est avant tout à travers Jinx. Elle incarne le feu, la folie, l’abandon. Jinx est l’antihéros par excellence, une figure marquée par la douleur, fascinante et incontrôlable. Elle est l’âme damnée de Zaun, cette cité des bas-fonds qui, comme elle, semble hors de tout salut.
Incarner un personnage aussi radicalement désespéré n’a rien de facile, mais Jinx parvient à imposer un charisme brut, sans concession, presque dérangeant. Elle est le Joker d’un monde qui n’a pas de Batman.
Chaque scène qui la voit dériver dans les rues de Zaun est une déflagration : on sent le vide qu’elle laisse autour d’elle, l’instinct de survie et la cruauté d’une âme brisée. Elle ne cherche pas la rédemption, elle s’y oppose et c’est peut-être là qu’elle fascine autant. Elle n’est pas un monstre, mais un produit d’un monde en perdition, une Cersei Lannister sans dynastie à défendre, sans fardeau d’héritage, dévouée à une seule chose : le chaos.
Beauté crue et brutale
Esthétiquement, la saison 2 atteint des sommets d’audace. Loin de s’assagir, Arcane joue de tous les contrastes pour donner vie à Runeterra. Dans chaque scène, des jeux de lumière et d’obscurité découpent les visages, les rues, les paysages, offrant des tableaux vivants où l’image se transforme en véritable toile peinte. Les funérailles de la conseillère Kiramman, par exemple, nous offre une esthétique quasi-fusain : des lignes brouillées, des contours flous comme un écho de la douleur de Caitlyn.
Cette saison repousse encore les frontières. On passe d’un style pictural à des séquences dignes des romans graphiques ou comics. Les décors de Zaun ressemblent à un Gotham punk en décomposition, un enfer en pleine agonie où chaque mur suinte l’anarchie. À chaque image, la série transcende les codes de l’animation pour s’imposer comme une œuvre à part entière, une mosaïque où chaque détail raconte un fragment de cet univers désenchanté.
Le son, entre puissance et rage
La bande-son de la série est, elle aussi, au diapason. On retrouve dans le générique Enemy d’Imagine Dragons, devenu l’hymne de la série. Un choix qui apporte une certaine continuité, rappelant que cette saison 2 se veut une suite directe du premier volet. Mais une légère déception se fait sentir : on aurait aimé découvrir un nouveau titre, tout aussi marquant et mémorable, pour renouveler notre playlist.
Fort heureusement, le reste réserve de belles surprises. Dès le premier épisode, les connaisseurs reconnaîtront la voix d’Emily Armstrong dans Heavy is the Crown, signé par les légendaires Linkin Park pour les Worlds 2024.
Outre Sucker de Marcus King, une belle trouvaille, le morceau qui se démarque véritablement est To Ashes and Blood de Woodkid, qui accompagne une scène explosive entre les deux sœurs, Vi et Jinx, dans leur premier face-à-face de la saison. Une véritable rage sonore.
En quête d’un final à la hauteur
Avec le début de cette seconde saison, Arcane réaffirme à la fois le talent du studio français Fortiche et sa place parmi les plus grandes adaptations animées. Véritable spectacle, la série réussit à intensifier l’ampleur et la tension de son premier volet, sans jamais sacrifier le moindre détail.
L’attente pour la conclusion est donc immense. Que cette série s’achève par un final aussi percutant que ce qu’elle nous a offert jusqu’ici n’est pas seulement un souhait, mais une promesse tacite. Un dénouement grandiose pour une œuvre éblouissante.