À l’occasion de sa sortie en salles, L’Éclaireur revient sur trois bonnes raisons de voir Juré n°2, le dernier film de Clint Eastwood et en profite pour revenir sur sa conclusion. Attention spoilers !
Clint Eastwood est de retour dans les salles obscures depuis le 30 octobre. Avec ce long-métrage sorti en catimini dans les cinémas, l’acteur et réalisateur américain signe ce qui devrait être son chant du cygne. Pour l’occasion, le cinéaste a choisi le cadre d’un film de procès afin de développer une réflexion retors sur la justice, ses mécanismes outre-Atlantique, alors qu’un jury composé de 12 individus est chargé de juger la culpabilité d’un homme accusé du meurtre de sa petite-amie.
Parmi eux, Justin Kemp, le Juré n°2, va rapidement découvrir qu’il est peut-être à l’origine de ce crime macabre. Un dilemme moral va alors s’imposer à lui : se livrer, ou envoyer un homme innocent en prison.
1 Les mécanismes de la justice disséqués
C’est à partir de ce postulat moral que Clint Eastwood construit son film. Ici, aucun doute sur l’implication de Justin Kemps vis-à-vis du meurtre de la jeune fille. Avec Juré n°2, le réalisateur n’entend pas offrir un thriller, ni mener l’enquête, car son long-métrage est avant tout une réflexion sur la quête de vérité, à travers les mécanismes de la justice américaine. Le réalisateur, grâce à cette histoire rocambolesque et une mise en scène sobre, souhaite montrer ses lacunes lorsque la course « à la gagne », l’égoïsme des jurés, ou encore nos propres peurs et croyances l’emportent sur la vérité.
2 Un thriller moral eastwoodien
Outre son analyse du système judiciaire américain, Clint Eastwood convoque grâce à ce nouveau film des questions morales et psychologiques. Entre souci de vérité et besoin de survie, la frontière peut s’avérer très fine lorsque le protagoniste principal se retrouve dos au mur. Eastwood, à travers le personnage incarné par Nicholas Hoult, sonde ainsi l’âme humaine, ses contradictions tout en examinant le poids de la culpabilité. Des thèmes ô combien complexes, mais surtout représentatifs du cinéma de Clint Eastwood.
Il en ressort un thriller moral, presque malaisant, tant le cinéaste parvient à capter nos propres dilemmes face au comportement de Justin Kemp. Entre condamnation, et seconde chance, le film oscille sans arrêt entre ces deux choix.
3 Une fin ouverte marquante
Juré n°2 est porté par un casting aussi intéressant qu’éclectique. Parmi eux, Nicholas Hoult, J.K. Simmons dans la peau d’un ancien policier, ainsi que la génialissime, Toni Colette, qui dans une scène finale confronte notre héros à sa culpabilité. Doutant finalement elle-même des rouages juridiques, la procureure a mené l’enquête en parallèle du procès, jusqu’à découvrir que l’un des jurés pourrait être mêlé à l’affaire. Justin est-il coupable ou innocent ? Pour le personnage de Toni Collette, cela ne fait aucun doute. Dans une séquence finale, on peut voir l’avocate de l’accusation sonner à la porte de Kemp, ceci indiquant qu’elle est sur le point de l’inculper
Pourtant, et bien qu’Eastwood n’instigue aucune forme de doute dans la première partie de son film, seuls les spectateurs seront capables de se faire une opinion sur sa conclusion du film, ce dernier oscillant coup sur coup entre la culpabilité de son héros et son innocence. Est-il vraiment à l’origine de la mort de la jeune femme ? Si plusieurs indices pointent en ce sens, une autre théorie voudrait que Justin cherche avant tout, à travers ce procès, à se détruite, à se saboter lui-même, regrettant son passé d’alcoolique et ses erreurs. Cette fin ouverte sera l’une des grandes forces du film réalisé par Clint Eastwood, trois ans après Cry Macho (2021). Le verdict s’avère plus compliqué qu’il n’y paraît.