Vingt-huit ans après leur condamnation par la justice, les frères Menéndez vont avoir droit à une nouvelle audience. Une affaire judiciaire qui passionne les abonnés de Netflix, mais aussi une certaine Kim Kardashian.
Maître incontesté de l’horreur, Ryan Murphy a le don de raconter des histoires qui nous obsèdent. Après avoir imaginé la cultissime anthologie horrifique American Horror Story, le cinéaste a créé l’événement avec Monstres, une série Netflix qui s’intéresse aux « monstrueux criminels qui ont marqué notre société ».
Depuis son arrivée sur le catalogue le 19 septembre dernier, la deuxième saison truste le Top 10 des séries les plus visionnées de la plateforme. Un succès fulgurant, qui pourrait avoir des répercussions dans l’affaire, bien réelle, survenue en 1989.
Polémiques en série
Ce deuxième chapitre s’intéresse à Erik et Lyle Menéndez, deux frères jugés en 1996 pour avoir tué leurs parents, sept ans plus tôt. Condamnés à la prison à vie, sans possibilité de liberté conditionnelle, ces derniers avaient reconnu leurs crimes, mais justifiaient leur geste par les abus commis par leurs parents durant des années.
Aujourd’hui âgés de 53 et 56 ans, les frères Menéndez maintiennent leur version, et affirment avoir été agressés sexuellement par leur père. Leur mère, au courant de la situation, aurait choisi de ne pas intervenir.
Monstres s’intéresse donc à la vie de cette famille, et dépeint un portrait ambigu des deux meurtriers, tout en abordant la question des agressions sexuelles. Révolté par les premiers épisodes de la série, Erik Menéndez a exprimé son mécontentement depuis le centre de détention Richard J. Donovan, dans lequel il est incarcéré. Il assure que ce show « truffé de mensonges » dresse un portrait « désastreux » et « caricatural » de son frère.
Des preuves « accablantes »
De son côté, Ryan Murphy estime que son œuvre est « la meilleure chose qui soit arrivée à ces frères en 30 ans, car elle a simplement mis en lumière leur affaire ». Interrogé par le Hollywood Reporter, il insiste sur le rôle du cinquième épisode de la série, qui est « fondamentalement une pub de plusieurs millions de dollars pour le réexamen de l’affaire, ce qui va avoir lieu ».
En effet, le procureur du comté de Los Angeles, George Gascón, a annoncé qu’une nouvelle audience pour Erik et Lyle Menéndez serait fixée le 29 novembre, plus de 28 ans après leur condamnation. La raison ? De nouvelles preuves auraient été apportées au dossier.
Particulièrement touchée par cette histoire, Kim Kardashian – qui suit des cours de droit pour passer le barreau et s’est engagée dans la réforme du système carcéral américain – a rendu visite aux frères Menéndez en prison. Dans une tribune publiée le 4 octobre sur le site de la chaîne NBC, l’influenceuse et femme d’affaires américaine a appelé à leur libération.
Elle admet que ces « meurtres ne sont pas excusables », mais que « le procès et le châtiment auxquels les deux frères ont eu droit convenaient mieux à un tueur en série qu’à deux individus qui ont subi des années de violences sexuelles de la part de personnes qu’elles aimaient et en qui elles avaient confiance ».
« Nous sommes tous le produit de nos expériences, affirme-t-elle. Elles façonnent ce que nous étions, ce que nous sommes et ce que nous serons. Physiologiquement et psychologiquement, le temps nous change, et je doute que quiconque prétende être la même personne qu’à 18 ans. » De son côté, Ryan Murphy a confié au Hollywood Reporter que « beaucoup de choses peuvent être présentées comme preuves accablantes ».
« Il ne faut pas sous-estimer le plaidoyer de Kim Kardashian, poursuit-il. Elle est prise très au sérieux dans ces affaires. (…) Je pense qu’ils méritent probablement de passer devant le tribunal, au moins avec certaines de ces nouvelles preuves. Et ensuite, ce sera aux tribunaux de décider. J’espère qu’ils se montreront justes avec eux. »
