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Noël : 7 pièces à découvrir dans les théâtres parisiens pour bien finir l’année

10 décembre 2021
Par Félix Tardieu
Noël : 7 pièces à découvrir dans les théâtres parisiens pour bien finir l'année
©Marie Liebig

Seul en scène, création contemporaine, opéra-comique, comédie musicale, répertoire classique : la rédaction de L’Éclaireur vous a préparé un programme alléchant de pièces à découvrir dans la capitale et ses alentours ces prochaines semaines, et qui devrait vous donner des idées de cadeaux à glisser sous le sapin !

1 La Cerisaie d’Anton Tchekhov

La Cerisaie (Anton Tchekhov), mise en scène Tiago Rodrigues.©Christophe Raynaud de Lage - Festival d'Avignon

Deux cerisaies pour le prix d’une ! En cette fin d’année, deux itérations de La Cerisaie, l’ultime pièce d’Anton Tchekhov écrite au tout début du XXe siècle, se partagent l’affiche. Du côté de la Comédie-Française, la mise en scène signée Clément Hervieu-Léger, qui dirige pour la cinquième fois la célèbre troupe, livre une adaptation fidèle et délicate de l’œuvre. Le tout dans un monumental décor boisé réalisé par Aurélie Maestre et habité par une troupe de comédiens exceptionnels, à l’instar d’Adeline d’Hermy et Rebecca Marder dans les rôles des filles de Lioubov Andreevna, la propriétaire de la cerisaie ici interprétée tout en retenue par Florence Viala.

À l’Odéon, le personnage central de Lioubov est incarné par nulle autre qu’Isabelle Huppert, dans une mise en scène minimaliste et dépouillée du portugais Tiago Rodrigues, qui a ouvert en grande pompe le dernier festival d’Avignon (dont le metteur en scène assume à présent la direction). « Monter La Cerisaie aujourd’hui, c’est aborder les douleurs et les espérances d’un monde nouveau. C’est nous regarder », a-t-il déclaré. Une seule pièce donc, La Cerisaie, donnant naissance à deux mises en scène en miroir, comme deux visions du monde.

À la Comédie-Française (Paris 1er) jusqu’au 6 février 2022
Au Théâtre de l’Odéon (Paris 6e) du 7 janvier au 20 février 2022

2 Les Producteurs de Mel Brooks

©DR

Alexis Michalik est décidément inarrêtable. Le metteur en scène compte pas moins de six créations à l’affiche dans la capitale, dont des pièces à succès telles que Le Porteur d’histoire (créée en 2011 et à retrouver actuellement au Théâtre des Béliers Parisiens !) et Edmond (spectacle créé en 2016 qui remportera cinq Molières et sera adapté au cinéma en 2019 par Michalik). Aujourd’hui, il revient à la charge avec cette comédie musicale décapante adaptée du spectacle éponyme que Mel Brooks a monté à Broadway au début des années 2000 à partir du film qu’il a lui-même réalisé en 1968. Le film comme le spectacle racontent l’histoire de Max Bialystock, producteur fauché, et Léopold Bloom, son comptable, dont l’idée est de monter une arnaque à l’assurance en créant la « pire comédie musicale de l’histoire ». Misant sur le bide de Des fleurs pour Hitler, pièce écrite par un nazi nostalgique, les deux producteurs se retrouvent, malgré leurs efforts pour tout faire capoter, devant un succès confondant. Alexis Michalik signe une adaptation haute en couleur, dans une débauche d’énergie particulièrement rythmée et à l’humour suffisamment outrancier pour retranscrire le génie comique de Mel Brooks. 

Théâtre de Paris (Paris 9e) – Jusqu’au 27 février 2022

3 La Double Inconstance de Marivaux

©Marie Liebig

Chez Marivaux, on ne badine pas – ou pas tout à fait – avec l’amour. Fidèle au raffinement de son écriture, Galin Stoev propulse l’imbroglio sentimental de La Double Inconstance (1723) dans un décor signé Alban Ho Van à mi-chemin entre le laboratoire, la prison panoptique et l’abri antiatomique. Comme souvent chez Marivaux, il est affaire de masques, de manipulation, de faux-semblants : Silvia et Arlequin, épris l’un de l’autre et que certains diraient de « basse extraction », sont séparés et observés tels des rats de laboratoire, comme en témoignent les dispositifs de surveillance vidéo qui appuient cette dimension carcérale et expérimentale de la pièce. Jetés dans une cage de verre faussement bucolique, les sentiments sont disséqués et manipulés : Galin Stoev propose alors une relecture de la pièce de Marivaux à l’aune du concept de « post-vérité » qui, selon le metteur en scène, éclaire d’autant mieux la cruauté à l’œuvre dans la manipulation des sentiments orchestrés par le Prince et sa complice Flaminia. De ce petit laboratoire où Marivaux décortique les rapports de classe et la violence sociale qui préside à cette manipulation du sentiment amoureux – notamment dans l’attitude du Prince à l’égard du corps des femmes – Galin Stoev tire une adaptation moderne et politique.

Théâtre de la Porte Saint-Martin (Paris 10e) – Jusqu’au 19 décembre 2021

4 Phèdre ! de François Gremaud

Romain Daroles dans Phèdre ! de François Gremaud.©Loan Nguyen

Dans ce seul en scène aux allures de conférence, François Gremaud raconte avec humour et un enthousiasme non contenu la célèbre tragédie de Racine. Romain Daroles, seul sur scène dans la peau d’un professeur de CM2, mène de bout en bout ce spectacle qui, sous sa couche humoristique distille une véritable ode au répertoire classique. Ce qui, au départ, passe pour une conférence éclairée sur la pièce et ses origines, devient progressivement une réinterprétation enjouée du classique de Racine : Romain Daroles y interprète quasiment tous les personnages de la pièce, avec pour seul accessoire le précieux livre et ses alexandrins atemporels. Une manière d’alléger le poids de la tragédie tout en y étant fidèle, dans un flot ininterrompu de jeux de mots qui parvient à faire rire jusqu’aux larmes. Phèdre ! constitue le premier temps de la trilogie que François Gremaud entend consacrer aux figures féminines tragiques des arts vivants classiques : aux Abbesses, sa Phèdre ! côtoie ainsi Giselle…, où la danseuse Samantha van Wissen réinterprète le ballet romantique du même nom écrit par Théophile Gautier.

Théâtre des Abbesses (Paris 18e) – Du 27 au 31 décembre 2021

5 La Vie parisienne d’Offenbach

La Vie parisienne de Jacques Offenbach dans une mise en scène de Christian Lacroix.©Vincent Pontet

On le savait grand couturier, ou encore costumier et décorateur pour de grands opéras. En revanche, c’est la première fois qu’on le découvre metteur en scène : avec La Vie parisienne, Christian Lacroix adapte à sa manière l’opérette de Jacques Offenbach créée en 1866. Une œuvre jubilatoire et dansante dont le couturier se régale, signant lui-même les costumes et les décors. L’œuvre d’Offenbach est une véritable ode à la fête et à la nuit parisienne qui n’a rien perdu de son mordant. Par l’intermédiaire du Palazzetto Bru Zane (Centre de musique romantique française), qui se donne pour mission de mettre en valeur le patrimoine musical français du « grand XIXe siècle » (1780-1920), des extraits encore jamais joués ou retirés du livret ont pu être réintégrés, allant jusqu’à rétablir un acte entier. Christian Lacroix met en scène l’intégralité de l’œuvre – et non la version censurée à laquelle Offenbach et ses librettistes durent consentir à l’époque. Le décor métallique, dont la structure rappelle la Tour Eiffel et les grands magasins, se transforme à vue d’œil et fait ressurgir, dans un déluge de couleurs, le Paris de la Belle Époque. Plus que jamais, Paris est une fête !

Théâtre des Champs-Élysées (Paris 8e) – Du 21 décembre 2021 au 09 janvier 2022

6 La Métamorphose des cigognes de Marc Arnaud

©Alejandro Guerrero

Voici un autre seul en scène, avec également un seul accessoire en main, qui n’a plus grand-chose à voir avec la tragédie grecque, si ce n’est qu’il a également trait à une certaine forme de fatalité… Marc Arnaud interprète un homme seul face à son gobelet, dans une salle de recueil de sperme. Sa compagne – hors champ – subit au même moment une ponction ovarienne au bloc opératoire afin de réaliser une FIV (fécondation in vitro). Tournant autour de cet instant fatidique où leurs vies s’apprêtent à basculer, Marc Arnaud déroule ses doutes, ses angoisses et retrace avec autodérision les étapes qui l’ont conduit à cet instant t. Marc Arnaud, dont le spectacle a remporté un franc succès au dernier Festival Off d’Avignon, évite subtilement un récit potache et grivois et se confie aux spectateurs sur son désir de paternité, ses sentiments, ses premiers ébats et questionne sa virilité, incarnant avec brio tous les personnages gravitant autour de lui. Un récit drôle et sensible offrant une autre perspective sur la masculinité, celle d’un homme qui a tout simplement peur d’être père. 

La Scala Paris (Paris 10e) – Jusqu’au 29 décembre 2021

7 Pixel de Mourad Merzouki 

Pixel de Mourad Merzouki.©Patrick Berger/ArtComArt

Pour célébrer la réouverture du théâtre Le 13ème art, le chorégraphe et danseur Mourad Merzouki présente son grand spectacle innovant créé au CCN de Créteil en 2014, Pixel, un show savoureux mêlant hip-hop, arts du cirque et simulations informatiques. Depuis sa création, Pixel s’est joué à près de 400 reprises à travers le monde entier. En étroite collaboration avec la compagnie Adrien M / Claire B, duo d’artistes responsable de la création de l’environnement numérique dans lequel les danseurs évoluent en temps réel, Mourad Merzouki orchestre un tourbillon visuel où les milliers de pixels réagissent aux moindres mouvements des 11 danseurs et circassiens présents sur scène. Un dialogue à la fois visuel et sensoriel entre les corps et les projections numériques, où le virtuel ne prend jamais le pas sur le réel, et inversement. Pixel reconfigure à sa manière la danse hip-hop, sans pour autant la dénaturer, à travers un mélange technologique et humain qui n’appelle qu’à l’harmonie, à l’équilibre et à l’émerveillement.

Le 13ème Art (Paris 13e) – Jusqu’au 31 décembre 2021

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste