La première du spectacle créé et mis en scène par Wajdi Mouawad, le directeur du Théâtre de la Colline, avait lieu vendredi dernier. Des militantes féministes ont tenté de l’empêcher.
Ce vendredi 19 novembre, une trentaine de militantes ont tenté de bloquer l’accès au Théâtre de la Colline (Paris), alors que devait se tenir la première de Mère, dont la musique a été composée par Bertrand Cantat. Après l’intervention de la police, le spectacle a tout de même pu avoir lieu – n’accusant qu’un léger retard.
Le choix du musicien avait fait polémique dès son annonce, en octobre dernier – au moment où le mouvement de dénonciation des violences sexistes et sexuelles dans le milieu du théâtre débutait tout juste. Bertrand Cantat a en effet été condamné à huit ans de prison en 2003 pour le meurtre de sa compagne Marie Trintignant – il en a effectué quatre avant de bénéficier d’une libération conditionnelle. Wajdi Mouawad s’était alors maladroitement justifié de son refus de déprogrammer Bertrand Cantat par un communiqué de presse, expliquant qu’il ne souhaitait pas participer à un mouvement «unilatéral» qui «ne souffre d’aucune nuance». Dans le même temps, il déclarait paradoxalement soutenir «sans réserve» le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes.
« Cantat assassin, Mouawad complice ! »
Slogan des militantes
Sous la tutelle du ministère de la Culture, le Théâtre de la Colline fait partie des théâtres nationaux – avec la Comédie Française, le Théâtre de l’Odéon, ceux de Strasbourg et de Chaillot. Sur France Inter, la ministre Roselyne Bachelot avait «regretté» le présence de Bertrand Cantat, avant de s’empresser de préciser que Wajdi Mouawad ne pouvait «être accusé de la moindre complaisance dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes». Malgré la rectitude du directeur de la Colline dans ce domaine, donc, il reste néanmoins à noter que le Théâtre accueille aussi le metteur en scène Jean-Pierre Baro, visée par une plainte pour viol classée sans suite – comme 76% des plaintes pour viol, alors même qu’on estime que seules 13% des victimes de viol portent plainte.