De la chute de l’Empire romain aux révoltes agraires, cette mini-série se penche sur un pan méconnu de notre histoire commune.
Après s’être consacré à la question prolétaire en 2020 avec Le temps des ouvriers, Stan Neumann continue son exploration de ceux qui se trouvent en bas de l’échelle sociale. Véritable témoignage des petites histoires qui ont fait l’histoire avec un grand H, le travail du cinéaste permet, à travers le prisme de ces grands oubliés, de livrer une étude plus approfondie d’époques que l’on ne connaît finalement qu’en surface. Et aussi de réaliser à quel point les temps n’ont pas tant changé. Au travers de quatre épisodes consacrés au monde paysan, ce dernier continue son immersion dans les dessous de l’histoire.
Le temps de l’oppression
Pour ce faire, Le temps des paysans remonte jusqu’à l’époque de la chute de Rome. Avec la disparition de l’Empire romain, une majorité des habitants de ces grandes villes en ruines se retrouve paysanne. Plus autonomes qu’ils ne l’étaient auparavant, ces nouveaux paysans sont désormais libérés des impôts et des taxes auxquels ils étaient précédemment assujettis.
À ce moment-là, ils ne produisent que ce dont ils ont besoin, mais tout change dès le XIe siècle, quand les élites féodales imposent une nouvelle domination plus violente qu’avant, et où l’Église s’en prend violemment aux cultes ruraux.
Cette façon oppressive qu’ont les religieux de s’en prendre au monde paysan n’est pas sans rappeler le traitement réservé aux sorcières à la même époque. Lors d’une interview donnée à L’Humanité, Neumann explique que « la paysannerie a toujours été associée à un folklore où l’on trouve des pratiques suspectes, un penchant pour le diable, du paganisme. Ce qui est étonnant, c’est le basculement sur les femmes. »
Surpris d’avoir réalisé que « le mot paysan était considéré comme péjoratif » durant le XIXe et le XXe siècle, le documentariste a souhaité redonner ses lettres de noblesse à ce terme, désormais réapproprié par les principaux concernés. Cette mini-série documentaire narrée par Catherine Ringer est diffusée dès ce soir sur Arte, et restera disponible sur la plateforme arte.tv jusqu’au 21 novembre prochain.