Indécrottable depuis le lancement de l’iPhone en 2007, la célèbre photothèque des appareils Apple va devoir laisser un peu de place à la concurrence.
C’est en tout cas ce qu’on lit entre les lignes d’un discours de Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission européenne, qui réaffirme les contours du Digital Markets Act (DMA), entré en vigueur début mars. Ce même DMA qui semble enquiquiner Apple dans les grandes largeurs n’a visiblement pas fini de lui donner de l’urticaire.
La chasse aux applications impossible à désinstaller
« Le DMA [vise à] ouvrir les écosystèmes fermés pour permettre la concurrence à tous les niveaux. En vertu de l’article 6, paragraphe 3, du DMA, les “gatekeepers” ont l’obligation de permettre la désinstallation aisée des applications et la modification aisée des paramètres par défaut, a rappelé la vice-présidente de la Commission européenne. Le modèle de conformité d’Apple ne semble pas répondre aux objectifs de cette obligation. (…) Apple n’a pas non plus rendu plusieurs applications désinstallables (l’une d’entre elles serait l’application Photos). »
On comprend en creux que la photothèque des iPhone (mais aussi des iPad et Mac) fait ici figure d’exemple, mais que le champ d’action du DMA ne s’y limiterait pas. Par exemple, l’application Téléphone ou Messages rentrent aussi dans ce cadre – Apple ne permettant pas de s’en séparer pour ne pas nuire à l’intégrité logicielle de son écosystème.
Le navigateur Safari fait également partie du lot, même si les choses devraient bouger assez rapidement concernant ce point. Avec la mise en place d’iOS 17.4 le mois dernier, les utilisateurs et utilisatrices se voient désormais proposer l’installation d’un autre navigateur (et ça porte déjà ses fruits). Par ailleurs, les développeurs pourront bientôt lancer des navigateurs web basés sur d’autres moteurs que le WebKit d’iOS.
Le casse-tête du DMA
Quiconque a déjà utilisé un iPhone sait à quel point l’intégration des services Apple y est poussée. Toutes les applications natives fonctionnent de concert pour offrir une expérience clé en main qui, certes, est peut-être à des années-lumière de la promesse d’ouverture d’Android, mais a ses adeptes.
Ce qui risque de poser problème à Apple avec les mesures du DMA (qui prévoient, à terme, que toutes les API de la marque soient ouvertes pour les développeurs), c’est bien que son écosystème perde de son intérêt et détériore la qualité du service de celles et ceux qui se retrouvent dans la proposition actuelle « fermée ».
Il faut en effet rappeler que derrière l’application Photos se cache aussi un ingénieux système de sauvegardes automatiques via iCloud et une intégration poussée dans iMessage. Exiger simplement d’Apple qu’il permette de supprimer une application aussi centrale dans l’expérience utilisateur a de quoi paraître un tantinet inconséquent.