L’actrice montante du moment produit et tient le premier rôle de ce long-métrage horrifique sur fond de religion et de symbole.
Un couvent isolé, une ambiance crépusculaire et une jeune nonne désireuse de prononcer ses vœux lancent l’intrigue d’Immaculée, nouvelle proposition d’horreur avec Sydney Sweeney, qui s’essaye au genre pour la première fois en plus de produire le film. Une proposition ambitieuse, qui joue avec des codes admis tout en conservant une certaine originalité.
Le résultat, assumé et jusqu’au-boutiste, l’est justement un peu trop et tombe, dans sa dernière partie, sur une surenchère explicative parfois ridicule. Malgré tout, la prestation de son actrice — elle porte le film — et plusieurs moments bien réalisés permettent à Immaculée d’avoir les ingrédients nécessaires pour convaincre les amateurs du genre.
Sydney Sweeney, en pleine ascension après le succès de la série Euphoria, du drame Reality (2023) et de la comédie romantique Tout sauf toi (2024), impulse ainsi ce nouveau projet en tant qu’actrice ainsi que productrice, et parvient à embarquer rapidement le spectateur dans son univers horrifique. Immaculée est simple dans son postulat — une grossesse inexpliquée dans un couvent — et propose, sur sa première partie, une construction minutieuse de l’angoisse et du mystère.
Entre la direction artistique, le rythme et le décorum du lieu, tout est pensé pour immerger le public dans l’étrange ou le suspect et créé un sentiment de curiosité propre au genre. Les questions fusent, les pistes sont posées et tout semble parti pour satisfaire du début à la fin les passionnés du genre.
Magistrale Sydney Sweeney
Malheureusement, à mesure que le dénouement approche, le film se perd derrière son postulat et tombe dans une succession de scènes clichées et de concepts nébuleux. Le spectateur n’y croit plus, et se désintéresse de l’action proposée tant la justification à outrance des éléments les plus mystérieux enlève le charme initial.
Le film en devient paradoxal : d’un côté, la première partie a fait son effet et invite à demeurer dans cet univers anxiogène. Mais de l’autre, le twist ne convainc pas et urge à conclure le plus rapidement possible.
Au milieu des thématiques abordées, sur la religion, la foi et le symbolisme, l’actrice reste magistrale du début à la fin, et bénéficie d’une mise en avant picturale splendide (ou horrifique, c’est selon), rappelant presque les scènes les plus cultes d’Euphoria.
En jouant sur différents tableaux, Immaculée se perd en chemin et ne parvient à être sauvé in extremis que par la résilience sans faille de Sydney Sweeney, impeccable de bout en bout. À la fois body-horror intense, thriller « satanique » et drame symbolique, Immaculée est riche visuellement — la direction artistique dans son ensemble est particulièrement saisissante — et ne manque pas d’intérêt dans les thèmes abordés.
En tant que film d’horreur, le long-métrage ne réinvente pas le genre mais pose un simple constat : Sydney Sweeney n’est pas qu’un « effet de mode » éphémère. L’actrice et productrice parvient en quelques films seulement à démontrer toute l’étendue de son talent dramatique et stratégique, et même Madame Web en fait partie.
Immaculée, de Michael Mohan avec Sydney Sweeney, Álvaro Morte et Simona Tabasco, 1h29, au cinéma à partir du 20 mars 2024.