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Se souvenir de la tragédie rwandaise

13 mars 2024
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Beata Umubyeyi Mairesse.
Beata Umubyeyi Mairesse. ©Fabien Cottereau/SudOuest

Dans quelques jours, on commémorera les 30 ans d’une des plus sanglantes tragédies de l’histoire, le génocide du Rwanda. Cette année, une survivante et une grande reporter se souviennent du génocide rwandais.

Le 6 avril 1994, le Président rwandais est assassiné par des extrémistes hutus, déclenchant un génocide de l’ethnie rivale. Pendant trois mois, les Tutsis sont traqués et massacrés à travers le pays sans que les instances internationales n’interviennent pour mettre fin à l’horreur. La commission indépendante d’enquête mandatée par l’ONU estimera qu’environ 800 000 Rwandais, dans l’immense majorité des Tutsis, ont perdu la vie pendant ce printemps sanglant.

Les œuvres mémorables qui racontent cet épisode sont légion : le film Hôtel Rwanda (2004), réalisé par Terry George, l’enquête Une saison de machettes (2003) de Jean Hatzfeld ou encore les romans teintés d’autobiographie de Gaël Faye et Scholastique Mukasonga, Petit Pays (2016) et La Femme aux pieds nus (2008). Cette année, deux livres bouleversants viennent apporter un nouvel éclairage sur ce drame à jamais dans les mémoires. Une survivante, une grande reporter, deux écrivaines qui se souviennent de la tragédie rwandaise.

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Le Convoi, de Beata Umubyeyi Mairesse

Le 18 juin 1994, Beata Umubyeyi Mairesse et sa mère réussissent à quitter le Rwanda avec des centaines de survivants, majoritairement des enfants, grâce à un convoi humanitaire suisse. Dans ce livre épuré, mais déchirant, la romancière se souvient de cette fuite loin de l’horreur. Elle raconte surtout son enquête longue de 15 ans pour tenter de retrouver les autres enfants, miraculés comme elle. Elle veut les étreindre, leur parler. Mais elle veut surtout partager avec eux un cadeau que des journalistes de la BBC présents au Rwanda pendant le génocide lui ont remis.

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Quatre photos qui inscrivent dans le marbre le souvenir d’un passé douloureux, mais qui donneront à la vie inespérée que ces enfants devenus grands ont eu le droit de mener une saveur nouvelle. Entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l’Italie et l’Afrique du Sud, la survivante parcourt le monde pour retrouver la trace de ces rescapés, mais aussi échanger avec les humanitaires, les journalistes et tous les acteurs du génocide.

Un périple qui est aussi un cheminement intérieur dans les décombres d’une enfance qu’on a sauvagement profanée. Un livre sur la mémoire, ou plutôt les mémoires. Celle qui vit en nous et celle que l’on partage avec nos frères de malheurs.

Perdre la main, de Dominique Sigaud

Grande reporter, spécialiste du monde arabe et de l’Afrique, Dominique Sigaud était au Rwanda en avril 1994. Elle fut l’une des rares femmes journalistes témoins du génocide. Pendant des semaines, elle a griffonné dans ses carnets, la main tremblante, secouée par l’horreur de ce qui se déroulait sous ses yeux. Si elle est rentrée saine et sauve du massacre, elle n’a jamais plus été la même. Comme rongée à l’intérieur par des flashs, des images, des visages.

De cette expérience au plus proche de l’horreur, elle a tiré plusieurs reportages bouleversants, dont un lui a valu le prix de l’Association des femmes journalistes, Tutsies et Hutues : elles reconstruisent ensemble le Rwanda en ruine, paru dans Cosmopolitan en novembre 1995. Après, plus rien. Trop de douleur, trop de peine. Fini le journalisme aux quatre coins du globe. Elle choisit la littérature comme un refuge ou une échappatoire.

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Aujourd’hui, 30 ans plus tard, comme si des souvenirs enfouis s’étaient réveillés, comme si une autre histoire était à écrire, elle a repris ses carnets pour recréer un récit du drame modelé par l’usure du temps. Sa focale s’est déplacée, certains détails sont devenus des montagnes, certaines obsessions ne sont plus que des broutilles. Sa mémoire se décompose et se recompose sous nos yeux et c’est passionnant. Et une interrogation en creux résonne longtemps : quelle est la place du témoin ? Quel est son rôle quand il ne fait qu’assister au chaos, impuissant ?

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