Vantant les mérites de leurs technologies, plusieurs grandes figures de la tech se préparent à la fin du monde depuis quelques années.
Mark Zuckerberg, Sam Altman… Les milliardaires de la tech nous vendent du rêve avec leurs produits, promettant un monde meilleur. Pourtant, ces mêmes personnes se préparent à la fin du monde et mettent tout en œuvre pour se protéger d’un pire qu’ils auront contribué à créer : ils prévoient de se réfugier dans les pays les plus protégés de la planète en cas d’apocalypse ou construisent de gigantesques abris. Explications.
Un immense complexe pour se protéger d’une éventuelle apocalypse
Le mois dernier, le magazine américain Wired a révélé le dernier projet de Mark Zuckerberg. Depuis plusieurs semaines, le PDG de Meta serait en train de construire un immense complexe anti-apocalypse sur l’île hawaïenne de Kauai. De près de 500 mètres carrés, cet espace serait autosuffisant en nourriture, en électricité et en eau grâce à une citerne de 17 mètres de haut.
Doté de caméras de vidéosurveillance, le complexe comprendrait au moins 30 chambres et autant de salles de bain, ainsi que plusieurs ascenseurs, bureaux et salles de conférence. Il disposerait également de plusieurs piscines, d’un sauna ou encore d’une salle de sport. Le tout réparti dans deux manoirs. Au total, cet énorme projet de construction devrait coûter plus de 270 millions de dollars. Il a été révélé malgré les efforts de Mark Zuckerberg pour tenir son évolution secrète. Les ouvriers ont en effet tous signé un contrat de confidentialité et de non-divulgation d’informations, et certains ont été licenciés après en avoir parlé ou publié une photo.
La Nouvelle-Zélande, pays refuge pour plusieurs milliardaires
Le PDG de Meta n’est pas le seul à se préparer à la fin du monde sur une île. Le patron d’Amazon, Jeff Bezos, a acheté deux demeures sur l’île d’Indian Creek pour près de 150 millions de dollars. Située en Floride, celle-ci abrite plusieurs bunkers. Peter Thiel, cofondateur de PayPal mise, lui, sur la Nouvelle-Zélande, ayant obtenu la citoyenneté pour pouvoir s’y installer en cas d’apocalypse en 2018, comme l’a rapporté Bloomberg. Il y a acquis des terres, tout comme Larry Page, cofondateur de Google, qui a aussi obtenu la citoyenneté néo-zélandaise.
« C’était comme un passe-temps amusant, mais il n’y a rien d’autre à faire. Rien de tout cela ne vous aidera si [l’intelligence artificielle générale] tourne mal ».
Sam AltmanPDG d’OpenAI
La Nouvelle-Zélande, qui est l’un des pays ayant de bonnes chances de survivre à la fin du monde selon une étude relayée par le New York Post, est aussi le plan de secours de Sam Altman, le PDG d’OpenAI. Il fait partie des centaines d’experts ayant alerté sur la menace existentielle que l’IA représente pour l’humanité en mai dernier. Alors que sa startup cherche à développer une intelligence artificielle générale, soit dotée de capacités cognitives humaines, il pourra s’y réfugier s’il perd le contrôle de celle-ci.
Le « père » de ChatGPT se prépare à la fin du monde depuis plusieurs années. Un de ses passe-temps favoris, expliquait-il dans un article du New Yorker en 2016 : « J’ai des armes, de l’or, de l’iodure de potassium, des antibiotiques, des piles, de l’eau, des masques à gaz des forces de défense israéliennes et un grand terrain à Big Sur vers lequel je peux voler. »
Quelques années plus tard, Sam Altman assure qu’il ne faisait que plaisanter. « C’était comme un passe-temps amusant, mais il n’y a rien d’autre à faire. Rien de tout cela ne vous aidera si [l’intelligence artificielle générale] tourne mal », a affirmé le patron d’OpenAI lors d’une apparition sur le podcast Honestly With Bari Weiss en avril dernier.
Une obsession critiquée
Cette obsession des milliardaires de la tech pour la survie fait l’objet de critiques, notamment de la part de Douglas Rushkoff, auteur de Survival of the Richest: Escape Fantasies of the Tech Billionaires (non traduit en français). « Aujourd’hui, ils ont réduit le progrès technologique à un jeu vidéo que l’un d’eux gagne en trouvant la trappe de secours. […] Ces hommes sont en fait les perdants. Les milliardaires qui m’ont appelé dans le désert pour évaluer leurs stratégies de bunker ne sont pas tant les vainqueurs du jeu économique que les victimes de ses règles perversement limitées », affirme-t-il dans son livre.
Selon lui, « ils ont succombé à une mentalité selon laquelle “gagner” signifie gagner suffisamment d’argent pour se protéger des dommages qu’ils créent en gagnant de l’argent cette manière ». Douglas Rushkoff estime que leurs agissements sont un moyen de se distraire des dangers qu’ils représentent pour nous, mais aussi de vanter leurs avancées technologiques, comme l’intelligence artificielle générale avec OpenAI. « Ce n’est pas l’IA qui va déclencher une bombe nucléaire dans un futur fictif, a déclaré l’écrivain au New York Post en juin dernier. C’est ce qu’ils font en ce moment même. »