Chaque semaine, L’Éclaireur présente les titres en sélection pour le prochain Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême. Aujourd’hui, trois albums qui s’intéressent à l’enfance, entre les joies, les peines, l’innocence et le désespoir.
1 Une enfance de paille de Lika Nüssli
L’autrice Lika Nüssli interroge l’enfance de son père, marquée par le travail, dans un foyer paysan. Une enfance de paille (Atrabile), avec son noir et blanc au trait épuré, adopte un style allant de la représentation classique des lieux et des personnages au rendu esthétique métaphorique lié à l’enfance et met en exergue l’innocence du jeune âge face à la difficulté du quotidien et du travail forcé.
C’est via ce travail de mémoire essentiel que le thème arrive à trouver toute sa profondeur : l’autrice y montre une réalité dure, tout en laissant cette part de rêve éternel qui vit dans chaque enfant, malgré la réalité où l’injustice.
2 Jumelle Tome 1 & Tome 2 de Florence Dupré la Tour
Nouvelle bande dessinée s’intéressant à l’enfance avec l’œuvre en deux tomes Jumelle (Dargaud), par Florence Dupré la Tour, qui dépeint sa propre histoire à travers sa relation avec sa jumelle, après Cruelle (2016) et Pucelle (2020). Entre la joie d’avoir sa propre « âme sœur » dès la naissance, jusqu’à la douleur de la séparation à l’adolescence, sans omettre les difficultés du quotidien, l’autrice se livre entièrement sur cette relation singulière.
« Toutes les deux, toutes seules, tout le temps, et rien autour… voilà comment je me rappelle notre petite enfance », déclare Florence Dupré la Tour. Jumelle utilise ainsi un style chaleureux et coloré, et se conçoit — naturellement — comme un diptyque : Inséparables, suivi de Dépareillées.
3 Chair à canon d’Aroha Travé
Deux enfants s’inventent des histoires dans leur appartement à Barcelone, entre l’absence d’un père et la hargne d’une mère aimante. Chair à canon (Éditions FLBLB) d’Aroha Travé, est l’occasion pour l’autrice de raconter six histoires indépendantes — formant un tout cohérent — via un dessin en noir et blanc quasi-horrifique, sur l’enfance, et sur la violence d’un monde qui ne leur laisse que peu de place pour rêver en toute innocence.
Entre la précarité sociale et le monde des adultes qui frappent trop souvent à leur porte, Yanira et Kilian doivent parfois laisser leur monde de rêves de côté. Un thème finalement assez récurrent dans cette nouvelle édition du Festival d’Angoulême, qui montre bien que les auteurs se questionnent souvent sur le passé et utilisent la BD pour expurger des souvenirs ou des douleurs.