Entretien

Plus belle la vie de retour sur TF1 : “Nous avons la mission d’être un peu plus feel-good”

07 janvier 2024
“Plus belle la vie, encore plus belle” arrive le lundi 8 janvier 2024 sur TF1.
“Plus belle la vie, encore plus belle” arrive le lundi 8 janvier 2024 sur TF1. ©TF1

Le 8 janvier prochain, après une grosse année d’absence, la série Plus belle la vie fait son grand retour sur nos écrans, avec une nouvelle « maison » (TF1 prend le relais de France 3) et un nouveau titre (Plus belle la vie, encore plus belle). Nous avons voulu savoir ce que ce changement de chaîne avait entraîné pour le Mistral en en discutant avec Mariem Hamidat et Claire de la Rochefoucaud, respectivement directrice de collection et réalisatrice référente de la série.

Comment avez-vous vécu la fin de l’aventure Plus belle la vie (PBLV), puis sa renaissance ?

Claire de la Rochefoucaud : J’ai assuré la fin de la série, les dix derniers mois, en tant que productrice. J’étais arrivée sur PBLV en 2008 et c’est moi qui l’ai clôturée ! Vous savez, pour la plupart d’entre nous, c’était une histoire de famille de plus de 18 ans. Alors, quand, en 2022, l’histoire s’est terminée, nous étions vraiment tristes. Nous ne nous y attendions pas. Nous avons un peu vécu la fin d’une histoire d’amour, en fait.

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Mariem Hamidat : L’annonce de l’arrêt de PBLV a été un moment très douloureux pour toute l’équipe, surtout pour celles et ceux qui, comme moi, étaient sur la série depuis le premier jour. On peut dire que c’était comme un deuil.

C. R. : Nous ne nous attendions pas du tout à ce qu’elle revienne, et encore moins aussi vite ! Nous étions en train de faire le deuil quand la nouvelle est tombée. Pour tout le monde : techniciens, comédiens, scénaristes et plus largement les Marseillais, ça a été une extraordinaire annonce.

M. H. : C’est vrai que c’est assez rare, une série qui renaît. C’est une chance inouïe. Il y a vraiment un attachement particulier de toute l’équipe pour PBLV. Le rythme d’une quotidienne, c’est très particulier, vous savez ? Ça rapproche les équipes. Nous avons tous grandi avec elle. C’est beaucoup plus qu’une série pour nous tous.

Vous avez donc reconstitué les mêmes équipes pour cette nouvelle version ?

M. H. : Pas tout à fait, car beaucoup des réalisateurs, des scénaristes, etc., étaient malheureusement entre-temps partis sur d’autres aventures, notamment les autres séries quotidiennes. Nous avons donc fait, par exemple, appel à de jeunes auteurs qui, eux aussi, avaient grandi avec la série, mais en tant que spectateurs. En gros, il y a 50 % d’anciens et 50 % de nouveaux.

Fondamentalement, qu’est-ce qui a changé en passant de France 3 à TF1 ?

C. R. : Je n’ai pas vraiment ressenti ce passage d’une chaîne à l’autre dont vous parlez. Je l’ai plus vécu comme une pause qui nous a permis de tout remettre à plat et de corriger ce qui ne nous plaisait plus dans notre façon de travailler. Parce que quand on doit sortir un épisode par jour, on n’a pas le temps de se remettre en question, il faut avancer.

Là, entre le moment de l’annonce du retour et le début de tournage des épisodes, nous avons eu la chance de pouvoir nous poser pour réfléchir à toutes ces choses que nous n’avions pas le temps d’améliorer. Peut-on travailler autrement ? Comment améliorer l’esthétique de la série ? Comment améliorer l’image ? Comment réinventer un peu la série tout en gardant la volonté de ne pas trahir les anciens spectateurs afin qu’ils retrouvent la proximité qu’ils avaient avec leurs personnages préférés ?

Les retrouvailles promettent d’être joyeuses.©TF1

M. H. : Oui, on peut même parler de nouvelle série. Ce n’est pas seulement une renaissance. C’est vraiment la création d’une nouvelle série, même si bien sûr nous avons un certain héritage. Il s’agit d’une toute nouvelle génération. On retrouve d’anciens personnages, dans de tout nouveaux décors. Il a fallu tout reconstruire. Il y a également de nouveaux personnages et, évidemment, un nouveau diffuseur. En fait, c’est un mélange entre le passé et la nouveauté !

Comment faire en sorte de garder les anciens fans tout en captant le public de TF1 du début d’après-midi ?

M. H. : L’erreur aurait été d’écrire les anciens personnages pour les fans et les nouveaux pour les nouveaux spectateurs. Nous avons la chance inouïe de commencer avec un vivier de fans qui vont venir avec un regard bienveillant, mais aussi critique, et nous aurons également de nouveaux spectateurs. L’idée est de faire en sorte qu’ils comprennent très vite qui est qui. Que ces nouveaux spectateurs s’attachent aussi aux anciens personnages sans se sentir exclus d’un passé qu’ils ne connaissent pas. Il faut absolument éviter l’entre-soi, tout en respectant les fans.

Une partie du casting de Plus belle la vie, encore plus belle : Moon Dailly, Stéphane Henon, Léa François, Lola Marois, Johanna Boyer, Laurent Kérusoré, Anne Décis, Inaki Lartigue et Diane Dassigny.©TF1

C. R. : PBLV est en quelque sorte la grand-mère des séries quotidiennes ! Après, il y a eu sa fille, Demain nous appartient, puis sa petite-fille, Ici tout commence. Là, il faut vraiment le voir comme si nous avions fait un lifting à Plus belle la vie. On l’a rajeunie, comme si c’était sa petite-fille !

Dans l’ADN de la série originale, il y a le fait d’être très inclusive et d’être souvent en lien direct avec l’actualité. Peut-on aborder les mêmes sujets en accès prime time qu’après le journal de 13 h ?

M. H. : Forcément, cette nouvelle case horaire va influencer la série, même si nous allons conserver l’intensité du polar que nous avons toujours insufflé à Plus belle la vie, ainsi que son côté feel-good. Maintenir ces deux piliers est un peu notre mission. Nous avons toujours intégré beaucoup de comédie dans la série. Le Mistral, ce quartier où tout le monde se connaît et s’entraide, est l’autre personnage principal de la série. La bienveillance entre les personnages apporte de la légèreté, et nous allons probablement accentuer ce trait. À 13 h 40, nous avons la mission d’être un peu plus feel-good, ce qui est bien normal.

Florian Abboud et Val Duclaux dans Plus belle la vie, encore plus belle.©TF1

C. R. : Mais Plus belle la vie continuera d’être le reflet de la société qu’elle a toujours été. Nous continuerons d’être représentatifs de la diversité de la société en termes d’âge, de milieu social, d’origine. Donc oui, oui, Encore plus belle sera complètement fidèle à l’ADN de la série. Nous n’avons pas du tout ressenti le poids de TF1 qui nous aurait imposé des directives de marketing, etc. Pas du tout. Et nous nous alignerons toujours sur l’actualité.

Mais il y aura désormais une coupure pub pendant les épisodes, cela change des choses, non ?

M. H. : Il n’y a pas eu de demande du diffuseur d’écrire spécifiquement pour une coupure publicitaire. Ce qu’on me demande, c’est d’écrire des histoires palpitantes. Après, le minutage des épisodes est forcément plus court, surtout qu’en général, sur un épisode, j’ai trois histoires qui se croisent.

C. R. : Ce qui change, c’est qu’au tournage, comme il y a finalement un peu moins à tourner chaque jour, nous avons plus de temps pour travailler. Nous pouvons dorénavant faire plus de prises et donc mieux travailler avec les comédiens. C’est un peu plus confortable. Cela va dans le sens des améliorations dont je vous parlais tout à l’heure. Nous avons également plus de scènes extérieures, ce qui apporte de la lumière à la série.

©TF1

M. H. : D’un coup, plus de soleil, plus de lumière extérieure. Cela confère une esthétique beaucoup plus chaleureuse. Parce que ce beau soleil de Marseille, cette lumière, il était temps d’en profiter pleinement !

C. R. : Plus belle la vie, encore plus belle. Le nouveau titre dit tout !

Dernière question traditionnelle : quels ont été vos derniers coups de cœur culturels ?

M. H. : Je dirais West Side Story au Châtelet, mais surtout l’exposition Van Gogh à Auvers-sur-Oise du Musée d’Orsay. Il faut se dépêcher, elle se termine bientôt ! C’est la plus belle exposition sur le peintre que j’ai vue. Il y a ses dernières toiles, c’est bouleversant. En plus, la scénographie est très bien faite.

C. R. : L’exposition transmédia sur Marilyn à la Galerie Joseh, à Paris. Il y a des photographies inédites, une expo photo, une retranscription du roman écrit par Marilyn, Confessions inachevées, mais aussi une projection d’une pièce de théâtre. On entre complètement dans le monde onirique de Marilyn Monroe.

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