Trois ans après l’accouchement désastreux, le développeur polonais en a enfin fini avec son enfant terrible. Quelle conclusion tirer de toute cette aventure ?
Il était attendu comme le messie du genre cyberpunk par les gamers du monde entier. Fort des promesses éblouissantes de son créateur CD Projekt Red, cette adaptation du jeu de rôle de Mike Pondsmith devait offrir au monde vidéoludique une œuvre de la trempe de Blade Runner, Neuromancer ou encore Ghost in the Shell. Bien loin des prévisions, Cyberpunk 2077 a été confronté à d’innombrables problèmes techniques, notamment sur les consoles de huitième génération.
En dépit d’indéniables prouesses techniques et scénaristiques, ces débuts tumultueux semblaient avoir terni la réputation du jeu de façon irrémédiable. Mais en dépit d’une frustration légitime, il aurait fallu faire preuve de mauvaise foi pour considérer Cyberpunk 2077 comme un ratage complet. Ce n’est donc pas pour rien que les développeurs de CD Projekt Red se sont autant acharnés à sauver leur bébé à coups de patchs et de correctifs les années suivantes.
Never fade away
Si leur quête de rédemption semblait fonctionner du côté des critiques, ce n’était pas aussi évident auprès du grand public, initialement bien trop dégoûté par des précommandes désastreuses pour accepter de redonner une chance à une version corrigée de Cyberpunk 2077. C’était sans compter sur la richesse vertigineuse de l’univers du jeu de rôle sur table imaginé par Mike Pondsmith en 1988.
La première grande réussite de la licence date de septembre 2022 avec le succès de la série animée Edgerunners sur Netflix. Cette dernière avait suscité l’intérêt de nouveaux joueurs tout en donnant envie de redonner une nouvelle chance au jeu qui avait fait peau neuve depuis son lancement tristement célèbre.
Cyberpunk avait décidément emprunté le chemin de la réhabilitation, mais c’est le succès de Phantom Liberty en septembre dernier qui a prouvé une fois pour toutes que la franchise pouvait finalement s’offrir un avenir radieux.
Cyberpunk 2023 ?
Après ce retour triomphal, CD Projekt a même annoncé en octobre dernier qu’une adaptation live action était en route, avant de s’éclipser avec un dernier coup d’éclat : le patch 2.1. Sortie ce mois-ci, cette ultime update permet entre autres aux joueurs de passer bien plus de temps avec leurs partenaires romantiques ou de voyager en métro.
Si vous souhaitez toutefois errer plus longuement dans la métropole tentaculaire de Night City, la bande dessinée Où est Johnny arrive aujourd’hui en France. Située juste après les attentats d’Arasaka, cette courte histoire raconte l’enquête menée par Wallace, un journaliste à la recherche du cadavre de Johnny Silverhands. La rumeur raconterait que la rockstar serait à l’origine de l’explosion, mais le reporter veut en avoir le cœur net.
Don’t fear the reaper
Résolument ancré dans la tradition pulp, ce polar s’amuse à jouer avec les codes du genre. Ce récit n’est pas indispensable à l’histoire de Cyberpunk, mais il a néanmoins le mérite de satisfaire quiconque voulant passer plus de temps dans l’univers du jeu vidéo (sans atteindre sa profondeur narrative). La véritable originalité de Bartosz Sztybor réside dans sa transposition d’une histoire de détective hardboiled dans le futur dystopique de Pondsmith et dans son dernier acte étonnamment amusant.
Quelle meilleure façon de tourner la page Cyberpunk 2077 qu’en évoquant l’ascension post mortem de Johnny Silverhand ? Si CD Projekt a subi de plein fouet l’ire des joueurs en 2020 – et ce, au point de menacer sérieusement l’avenir du studio – c’était sans compter sur un tel retour en grâce de la part de celui-ci. Le monde du jeu vidéo semble en effet vivre des heures sombres.
Nous pouvons citer les nombreux gamers qui se félicitent publiquement de la fermeture de Daedalic Entertainment ou encore du déferlement de haine massif reçu par le développeur indépendant David Szymanski lorsque le prix de son jeu Iron Lung a augmenté de 2 dollars. À l’aune de ces événements, l’épopée tumultueuse de Cyberpunk 2077 nous apparaît comme un conte moral sur la précarité du monde vidéoludique contemporain.
