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The Office : le guide ultime pour choisir entre les versions américaine et britannique

23 octobre 2021
Par Ugo Bocchi
201 épisodes pour raconter une entreprise qui vend du papier.
201 épisodes pour raconter une entreprise qui vend du papier. ©Creative Commons

Ce 23 octobre, la version américaine de The Office arrive sur Netflix. Revient donc l’éternelle question : The Office US ou UK ? Laquelle choisir ? Pourquoi et comment ?

Tous ceux qui ont voulu se lancer dans la série The Office sont passés par là. Taper dans un moteur de recherche : The Office UK ou US ? Les deux versions se ressemblent (beaucoup), mais elles sont aussi diamétralement opposées à bien des égards. L’une plaira plus aux uns, pas aux autres, et vice-versa. Tout est question de goût, de type d’humour, de vision du monde et de temps disponible à consacrer aux séries.

L’originalité : les pionniers britanniques face au succès américain

Au début des années 2000, la sitcom est reine. Seinfeld, Friends, Malcolm… : des rires préenregistrés, de petits budgets, des décors statiques, mais des dialogues hypertravaillés et des scénarios toujours plus inventifs. C’est à cette époque que naît l’idée de The Office, fruit de la collaboration entre Ricky Gervais (qui tient aussi le rôle principal) et Stephen Merchant. En 2001, ils tournent donc un faux documentaire sur la vie de bureau de Wernham Hogg, une entreprise qui vend du papier à Slough, ville du sud de l’Angleterre.

Un patron ringard et déconnecté qui accumule les tares, un lieutenant prêt à tout, une réceptionniste dépitée, un employé extra-lucide… Jusqu’ici, rien de révolutionnaire. Et pourtant, le réalisme, la vision acide du monde de l’entreprise et l’humour à la sauce britannique prendront. La série est parlante, fait écho à la vraie vie de bureau, les Anglais s’y retrouvent. L’accueil est unanime : c’est du génie. À tel point que les Américains en veulent aussi. La NBC décide de l’adapter au pays du hot-dog.

Le fameux bureau de Dunder Mifflin Paper Company, dans la version américaine.©Creative Commons, Kristin Dos Santos

En 2005, Greg Daniels, réalisateur au nez fin, lance l’histoire de la Dunder Mifflin Paper Company à Scranton, Pennsylvanie, avec Steve Carell dans le premier rôle. Au départ, la série, trop respectueuse et proche de la version britannique, reçoit des avis mitigés : c’est simplement un pâle remake de The Office UK avec des vannes à peine retouchées. Au fil des saisons, toutefois, elle prend son envol. Elle est considérée encore aujourd’hui comme l’une des meilleures séries humoristiques de tous les temps.

La longueur : l’efficacité britannique face à au storytelling américain

Douze épisodes + deux spéciaux pour la version britannique. 201 épisodes pour l’américaine. Autrement dit : deux projets complètement différents. Si la série britannique fait figure de ballon d’essai (plus que réussi), The Office US n’a pas hésité à tirer le fil jusqu’au bout. Pour avoir un échantillon de The Office, la version britannique suffit. C’est cru, efficace. En revanche, pour saisir toute la complexité de The Office, la version américaine est bien plus complète, sociologique. La série explore de nombreux arcs narratifs : les histoires de cœur de Michael, la romance entre Jim et Pam qui dure bien plus que 12 épisodes, l’ambition de Dwight à devenir numéro 1, l’ascension et la descente aux enfers de Ryan l’intérimaire, les difficultés d’une entreprise qui vend du papier pour faire face à l’arrivée du numérique ou encore la relation entre Michael et Toby le RH qui donnera lieu à cette scène mythique.

L’humour : l’inventivité américaine face au cynisme britannique

Principale différence entre les deux versions : le ton, les vannes et le jeu des acteurs. Ironique, froide, pince-sans-rire… The Office UK n’hésite pas à jouer avec les frontières de l’humour. Notamment le personnage de Gareth Keenan, le numéro 2 de David Brent (Ricky Gervais), ancien militaire psychopathe, bien plus mordant que son équivalent américain Dwight Schrute. Ce dernier, également cultivateur de betteraves, fait rire malgré lui par son côté geek et psychorigide.

D’un autre côté, la version américaine a un panel plus développé de personnages, d’histoires, de diversité et l’humour malaisant laisse parfois place à des gags complètement absurdes. Ce qui explique sa longévité et son succès dans le temps. Cette scène du baiser entre Michael Scott (Steve Carell) et un comptable hispano-américain homosexuel est par exemple caractéristique de l’humour de The Office US : entre la gêne intense, la caricature, le ridicule, les problématiques propres aux États-Unis et le rire (garanti, mais grimaçant tout de même) comme mécanisme de défense.

Le personnage principal : Michael Scott le ringard face au dépassé David Brent

La force de la série repose sur le personnage principal interprété par les géniaux Steve Carell et Ricky Gervais. Les deux patrons sont suffisants, imbus d’eux-mêmes, paresseux, persuadés d’être drôles et d’offrir le meilleur environnement de travail possible. Ils sont évidemment à côté de la plaque et ne manqueront pas de se faire rattraper par la direction. Si David Brent reste imbuvable jusqu’au bout, Michael Scott finit par devenir attachant. The Office US explore les sentiments, la sensibilité, la fragilité de son protagoniste. Là encore, impossible de trancher pour déterminer qui est le pire patron ou le plus drôle, c’est tout simplement une question de goûts et de couleurs.

La fin : le happy-ending américain face à la crudité britannique

Les Britanniques ont ri et apprécié The Office parce qu’ils se sont retrouvés dans la série et dans la retranscription de l’absurdité du monde du travail. Les Américains l’ont adorée parce qu’ils se sont attachés aux personnages, à leurs histoires, à leurs faiblesses. Là où les neuf saisons de The Office US se terminent sur une touche de comédie romantique assumée (voire parodique) et une fin digne d’un conte pour enfants, la version britannique reste fidèle à ce qu’elle a toujours été : une comédie réaliste, reflet de la société. Pas de véritable fin, pas de happy-ending, pas de changement majeur et, au bout du compte, la vie (de bureau) suit toujours son cours.

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Ugo Bocchi
Ugo Bocchi
Journaliste
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