D’après le baromètre de la Contentsquare Foundation, un site Internet sur les 50 analysés respecte les obligations légales et publie un taux de conformité à 100%.
Les réseaux sociaux ne sont pas les seuls à avoir du chemin à faire pour être entièrement accessibles. Alors que 12 millions de personnes en France souffrent d’un handicap, selon le ministère de la Santé, dont 80% vivant avec un handicap invisible (troubles dyslexiques, déficiences visuelles, auditives, etc.), 1 site Internet sur 2 n’est pas adapté. C’est le constat dressé par la Contentsquare Foundation, spécialisée dans la sensibilisation aux enjeux d’accessibilité digitale, qui vient de publier son premier baromètre.
Une faible connaissance du cadre légal
Au cours des six derniers mois, elle a audité les 50 sites Web les plus utilisés en France, permettant de s’informer, d’effectuer des achats, de réaliser des démarches administratives et de gérer ses finances. Cette étude « confirme surtout un déficit global de prise en compte de l’accessibilité numérique dans la plupart des secteurs considérés ainsi qu’une faible connaissance du cadre légal », a déclaré la Contentsquare Foundation.
En effet, en France, la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées impose des obligations en matière d’accessibilité numérique pour les sites depuis 2005. Ils doivent publier une déclaration d’accessibilité pour partager leur niveau de conformité, mais aussi signaler les contenus non-accessibles et indiquer les voies de recours en cas de problème d’accessibilité. Et le durcissement de cette réglementation opéré au printemps dernier n’a pas encore produit d’effets concrets, précise la Contentsquare Foundation (CSF).
Les sites les plus accessibles sont…
Sur les 50 sites audités, un seul (du secteur public) respecte les obligations légales et publie un taux de conformité à 100% au Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA), qui compte plus de 100 critères. 52% d’entre eux ont un taux de conformité inférieur à 50%. Dans le détail, les sites publics sont les plus avancés en termes d’accessibilité, avec un taux moyen de conformité de 69% aux 11 critères analysés par le CSF. Un score en partie expliqué par l’introduction en 2005 des obligations d’accessibilité pour les sites des services de l’État ou des collectivités territoriales. Des problématiques d’accessibilité sont tout de même présentes sur ces sites. Seulement 45% des démarches administratives en ligne les plus courantes sont accessibles aux personnes en situation de handicap, selon la direction interministérielle du numérique (DINUM).
Viennent ensuite les sites bancaires avec un taux de conformité moyen de 61%. Un bon score lié aux travaux sur l’inclusion financière engagés par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution et la Banque de France.
De l’autre côté, les secteurs des médias (44%) et de l’e-commerce (36%) n’atteignent pas un niveau « partiellement conforme », preuve que l’accessibilité numérique n’a pas été une priorité dans leur stratégie de transformation digitale jusqu’à présent, selon la Contentsquare Foundation. « Les sites médias et e-commerce opèrent dans un environnement très concurrentiel, avec des modèles économiques qui consistent à allonger la durée des sessions utilisateurs et miser sur la rétention. Il est donc étonnant qu’au-delà des enjeux sociétaux réglementaires et réputationnels, ces secteurs ne se soient pas saisis de l’accessibilité comme une opportunité économique », a-t-elle souligné.
Des obstacles à la navigation pour les personnes handicapées
Au-delà des critères considérés comme les plus bloquants pour les personnes souffrant de handicap (peu d’alternatives à la souris d’ordinateur, trop de contenus en mouvement…), d’autres problèmes bloquant leur navigation ont été évoqués. Parmi eux figurent les bannières de consentement aux cookies, présentes sur presque tous les sites aujourd’hui. Ajoutées, par-dessus le contenu principal de la page, elles empêchent les internautes d’interagir avec le site tant qu’ils ne les ont pas fermées et accepté la politique de confidentialité.
« Il y a autre chose que je trouve assez pénible, et qui est récurrente aujourd’hui. C’est lorsqu’on arrive sur un site, il y a des consentements et des cookies, et ce n’est pas du tout harmonisé, c’est la croix et la bannière de savoir si on doit cliquer ou pas cliquer. On doit dérouler toute une page pour finalement vérifier que tout est inactif, ou pas », a par exemple témoigné Zacharie, artiste peintre et musicien âgé de 54 ans et souffrant de mobilité réduite depuis la naissance.
Outre le fait qu’un site sur deux ne respecte pas les obligations légales, ils sont aussi 64% à ne pas publier leur taux d’accessibilité. Un manque de transparence qui « montre que jusqu’à présent ces obligations légales ne faisaient l’objet d’aucun contrôle », déplore la Contentsquare Foundation.