Reconnue pour son concours annuel de photographie de presse, cette organisation a finalement décidé d’interdire les images artificielles dans la catégorie Open Format.
Les images générées par l’intelligence artificielle (IA) ont-elles leur place dans un concours de photographie ? Pour le World Press Photo, organisation indépendante et non lucrative, la réponse est non. Mondialement reconnue pour son concours annuel de photographie de presse, elle a fini par faire marche arrière sur sa décision d’autoriser ces contenus dans son concours.
Une décision critiquée
Tout a commencé lorsque le World Press Photo a annoncé, il y a quelques jours, qu’il était possible de soumettre des images générées par l’IA dans la catégorie Open Format de son concours, mais à certaines conditions. « Nous autoriserons l’utilisation de l’IA générative dans la catégorie Open Format, à condition que les candidatures intègrent de la photographie comme source et partie centrale de l’œuvre », avait-elle expliqué, ajoutant que les candidats devaient préciser si et dans quelle mesure ils avaient utilisé l’IA lors de leur inscription au concours.
Cette décision a été critiquée par les photojournalistes, qui ont déclaré que l’autorisation de telles images dans un concours pour les photojournalistes chargés de documenter des événements du monde réel était « un anathème pour tout ce que fait notre industrie ». « Grâce aux retours honnêtes et réfléchis de ces derniers jours, nous avons décidé de modifier les règles de la catégorie Open Format de notre concours afin d’exclure les images générées par l’IA », a ainsi annoncé l’organisation lundi sur son site. « Le remplissage génératif et les images entièrement générées seront interdits dans la catégorie Open Format (comme c’était déjà le cas dans les autres catégories : Singles, Stories et Long-Term Projects », a ajouté le World Press Photo.
Les images générées par l’IA sont donc toujours inéligibles pour être soumises au concours de l’organisation. Elle autorise uniquement l’utilisation d’outils d’amélioration basés sur l’IA tant qu’ils ne modifient pas l’image de manière significative, n’y introduisent pas de nouvelles informations et ne suppriment pas des informations capturées par l’appareil photo. Le débruitage, les ajustements automatiques (sur les niveaux, les couleurs et le contraste par exemple) et la sélection d’objets font ainsi partie des outils d’édition IA considérés comme acceptables par le World Press Photo.
Cette annonce intervient alors que l’IA s’invite dans les concours de photos depuis quelques mois. En avril dernier, le Sony World Photography Awards a récompensé l’artiste Boris Eldagsen pour l’une de ses œuvres qui a été générée par cette technologie. Il a cependant refusé le prix, affirmant que « les images d’IA et la photographie ne devraient pas concourir ensemble dans un concours comme celui-ci ».