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Cryptomonnaies : pourquoi le PDG de Binance démissionne ? 

22 novembre 2023
Par Kesso Diallo
Binance est accusé d'avoir donné la priorité à la croissance et aux bénéfices plutôt qu’au respect de la loi américaine.
Binance est accusé d'avoir donné la priorité à la croissance et aux bénéfices plutôt qu’au respect de la loi américaine. ©Emre Akkoyun / Shutterstock

Dans le cadre d’un accord avec les autorités américaines, Changpeng Zhao a quitté son poste mardi. Binance va également payer plus de quatre milliards de dollars pour mettre fin aux poursuites judiciaires.

Après FTX, le secteur des cryptomonnaies est touché par un nouveau scandale. Binance, la plus grande plateforme d’échange de cryptomonnaies, et son PDG, Changpeng Zhao, viennent de passer un accord avec les autorités américaines pour mettre fin à plusieurs années d’enquête. Dans le cadre de celui-ci, le patron du groupe a accepté de plaider coupable de violation des lois américaines, notamment contre le blanchiment d’argent, et de démissionner, a annoncé mardi le département de la Justice des États-Unis. 

« Aujourd’hui, j’ai démissionné de mon poste de PDG de Binance. Certes, ce n’était pas facile de lâcher prise émotionnellement. Mais je sais que c’est la bonne chose à faire. J’ai commis des erreurs et je dois en assumer la responsabilité. C’est mieux pour notre communauté, pour Binance et pour moi-même », a déclaré Changpeng Zhao sur X (ex-Twitter). Le fondateur de la plateforme a également annoncé qu’il sera remplacé par Richard Teng, ancien responsable mondial des marchés régionaux de Binance. 

Privilégier la croissance et les bénéfices

Pour mettre fin aux poursuites judiciaires, Binance va également payer une amende de 4,3 milliards de dollars. Selon plusieurs médias américains, les autorités américaines enquêtent sur la société depuis au moins 2018. Comme l’explique le département de la Justice des États-Unis, elle a admis avoir donné la priorité à la croissance et aux bénéfices plutôt qu’au respect de la loi américaine. « Binance est devenue la plus grande plateforme d’échange de cryptomonnaies au monde en partie à cause des crimes qu’elle a commis – elle paie désormais l’une des plus lourdes amendes aux entreprises de l’histoire des États-Unis », a déclaré le procureur général Merrick B. Garland. 

Dans le détail, les autorités lui reprochaient d’avoir permis à des clients américains d’effectuer des transactions sur la plateforme en toute illégalité. Elle était accusée d’avoir laissé des citoyens américains utiliser sa plateforme alors qu’elle n’était pas enregistrée auprès des autorités américaines, ce que lui reproche aussi la Securities and Exchange Commission, gendarme financier américain qui a lancé une procédure en juin dernier. Si la société a lancé une filiale américaine, Binance US, pour les résidents des États-Unis, elle a pris des mesures pour conserver « un nombre substantiel » de clients du pays, dont certains étaient responsables d’une grande partie de son volume de transactions et de ses revenus. 

Binance était également accusée de ne pas avoir mis en œuvre des contrôles et des procédures pour empêcher le blanchiment d’argent, comme un protocole de connaissance du client (« Know Your Customer »). Pendant plusieurs années, la plateforme a en effet permis aux utilisateurs d’ouvrir des comptes et d’effectuer des transactions sans qu’ils ne soumettent d’autres informations d’identification que leur adresse mail. Ce n’est qu’en 2021 qu’elle a commencé à exiger qu’ils fournissent ces informations, mais jusqu’en mai 2022, ceux qui ne le faisaient pas pouvaient tout de même effectuer des transactions. Selon les autorités, Changpeng Zhao savait que les utilisateurs américains étaient essentiels à la croissance de la société et qu’avec la mise en place d’un programme efficace de lutte contre le blanchiment, certains choisiraient de ne pas utiliser sa plateforme. 

Dans le cadre de l’accord, Binance s’est aussi engagée à recourir aux services d’un observateur extérieur chargé de la conformité pour une période de trois ans, et à se plier aux textes en vigueur en la matière.

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Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste
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