L’acteur-chanteur-auteur s’est produit à l’Alhambra le mardi 14 novembre dans le cadre de sa tournée européenne. L’Éclaireur revient sur cette excellente soirée musicale, marquée par le dynamisme et l’implication de l’artiste.
David Duchovny est un artiste touche à tout. Mythique acteur d’X-Files (1993) et de Californication (2007), il est également l’auteur de plusieurs romans – dont son dernier, La Reine du Pays-sous-la-Terre vient de sortir en France aux éditions Hachette – et musicien accompli.
Depuis 2015, il a sorti trois albums — Hell or Highwater (2015), Every Third Thought (2018) et Gestureland (2021) —, mélange de rock traditionnel, de folk et de country mélancolique, inspiré de Neil Young, ou de Jeff Buckley. Il réalise en cette fin d’année une tournée européenne, passant par Paris le 14 novembre. L’Éclaireur y était et le résultat est incontestable : David Duchovny est autant à l’aise devant les caméras que sur scène.
Dès son entrée soudaine sous l’acclamation du public, David Duchovny donne le ton. Jean simple, T-shirt blanc, démarche assurée et complicité avec ses musiciens… pendant plus d’1h30 de show, l’artiste dégage une énergie débordante, un charisme certain et un amour total pour la musique (la sienne comme celle des autres). Accompagné par un groupe talentueux, il fait résonner à travers ses différents titres une rythmique enivrante, pleine d’introspection et se prêtant particulièrement bien à l’exercice du live. La salle est rapidement conquise, et malgré les sièges, personne ne restera assis bien longtemps.
Entre émotion et rythme
Depuis ses débuts en tant que chanteur, David Duchovny a opté pour une certaine nostalgie portée par de beaux textes. Certains morceaux particulièrement laconiques (tel que Spiral ou Stranger in the Sacred Heart, dédié à son père et parlant du Sacré-Coeur) ont plongé l’Alhambra dans un kaléidoscope de vibrations et de poésie, au son appuyé des instruments, de la voix grave et profonde du chanteur.
Mais l’artiste aime également faire trembler la scène, et n’hésite pas à laisser batterie, guitare et basse envahir l’espace. Conscient de son image créée par le cinéma et la TV, David Duchovny garde cette stature et ce charisme à la « Hank Moody », dans un style musical très proche de la série Californication, justement : un vieux rock conscient de l’héritage, des légendes d’antan mais au son tout de même très contemporain. En deux mots, une classe élégante.
À la fois charmeur et gentiment provocateur, il garde une dynamique constante pendant toute la durée du concert, entre bain de foule, chant et, en plus de ses propres morceaux, reprises d’autres groupes (dont un titre de Lou Reed qui a enflammé la salle).
La carrière de David Duchovny est souvent résumée à l’audiovisuel, mais son concert à l’Alhambra démontre bien toute sa richesse artistique : ses musiques sont très rapidement mémorables, abordent la vie, le ciel ou le temps qui passe, et bénéficient d’une composition musicale aussi douce qu’explosive. En trois albums seulement, l’artiste s’est construit une réelle identité, qu’il tient aussi bien en studios que sur scène.
L’onirisme de son oeuvre fait le reste. Le concert du 14 novembre a offert d’incroyables instants de grâce, entre l’harmonie des musiciens, du public et de David Duchovny lui-même (qui s’exprimait dans un classique « franglais »). Paris a une place importante pour l’artiste. Lieu du décès de son père, au centre de plusieurs chansons, le voir performer ces titres ici, avec l’intensité adéquate était des plus touchants.
Dans une salle comme l’Alhambra — à taille humaine — le concert se dote instantanément d’un aspect très intimiste, permettant une certaine proximité avec le groupe et une connexion plus directe avec le public.
David Duchovny a un aspect fascinant. Sa musique dégage une simplicité chaleureuse, une invitation à la découverte et un ton réconfortant. Accompagné de ses musiciens, sa tournée permet enfin d’expérimenter son énergie scénique, qui conserve la même simplicité bienveillante, et le même talent.
Pour dire les choses d’une façon très simple mais totalement clichée (on assume) : parfois, la vérité n’est pas ailleurs, elle est juste devant nous. C’était le cas ce mardi 14 novembre à l’Alhambra, lors du concert de David Duchovny.