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Grâce à une neuroprothèse, un Français atteint de la maladie de Parkinson peut remarcher normalement

09 novembre 2023
Par Kesso Diallo
Marc, âgé de 62 ans, peut de nouveau marcher  sans chuter.
Marc, âgé de 62 ans, peut de nouveau marcher sans chuter. ©CHUV

Conçu par des neuroscientifiques et neurochirurgiens, ce dispositif corrige les troubles de la marche associés à la maladie.

Utiles aux personnes paralysées, les implants peuvent aussi aider les individus souffrant de certaines maladies. En France, un dispositif a permis à un Bordelais atteint de la maladie de Parkinson de remarcher normalement. Plus précisément, il s’agit d’une neuroprothèse conçue par des neuroscientifiques de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de l’Université de Bordeaux et de la Lausanne. Dans leur étude, publiée lundi dans la revue Nature Medicine, ils détaillent les nombreuses années de travaux qui ont permis d’aboutir à cette prouesse scientifique.

Marcher sans chuter

Âgé de 62 ans, Marc vit de la maladie de Parkinson depuis près de trois décennies. Souffrant de troubles de la marche, qui touchent environ 90% des patients à un stade avancé de la maladie, il a été choisi pour être le premier bénéficiaire de la neuroprothèse dans le cadre d’un essai clinique. « Je n’arrivais plus à marcher sans des chutes fréquentes, plusieurs fois par jour. Dans certaines situations, comme entrer dans un ascenseur, je piétinais sur place, je faisais du freezing, comme on dit », a-t-il expliqué. 

Aujourd’hui, grâce à l’implant, il peut de nouveau marcher avec fluidité et sans chuter. Pour rendre cela possible, le dispositif vise la zone de la moelle épinière responsable de l’activation des muscles des jambes pendant la marche, là où les traitements conventionnels de la maladie de Parkinson ciblent les régions du cerveau directement affectées. « Il est impressionnant de constater qu’en stimulant électriquement de façon ciblée la moelle épinière, de la même façon que nous l’avons fait chez les patients paraplégiques, on arrive à corriger les troubles de la marche dus à la maladie de Parkinson », a déclaré Jocelyne Bloch, neurochirurgienne au Centre hospitalier universitaire vaudois et coautrice de l’étude, dans un communiqué.

Après quelques semaines de rééducation avec la neuroprothèse, Marc a retrouvé une marche presque normale, utilisant aujourd’hui le dispositif environ 8 heures par jour. « J’allume la simulation le matin et je l’éteins le soir. Ça me permet de mieux marcher, de me stabiliser. Même les escaliers ne me font plus peur à présent. Tous les dimanches, je vais au bord du lac, et je marche environ 6 kilomètres », a-t-il expliqué. 

Généraliser l’accès à ce dispositif

Pour l’équipe, cette neuroprothèse ouvre de nouvelles perspectives pour traiter les troubles de la marche dont souffrent les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. L’efficacité de ce concept thérapeutique n’a cependant été démontrée que chez une seule personne, avec un implant qui doit encore être optimisé pour un déploiement à grande échelle. 

Ainsi, Jocelyne Block et Grégoire Courtine, professeur en neurosciences à l’École polytechnique fédérale de Lausanne et coauteur de l’étude, cherchent à mettre au point une version commerciale du dispositif intégrant toutes les fonctionnalités indispensables pour une utilisation quotidienne optimale, en partenariat avec l’entreprise Onward Medical. « Notre ambition est de généraliser l’accès à cette technologie innovante afin d’améliorer significativement la qualité de vie des patients atteints de la maladie de Parkinson, partout dans le monde », ont-ils déclaré.

Le centre de recherche suisse NeuroRestore va par ailleurs réaliser des essais cliniques sur six nouveaux patients dès l’année prochaine. Ils permettront de valider la technologie développée en collaboration avec Onward Medical et d’identifier les profils de patients les plus susceptibles d’en bénéficier.

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Kesso Diallo
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