Avec Reflets, l’auteur et interprète est de retour un an après Éphémère, l’oeuvre créée en collaboration avec Ben Mazué et Gaël Faye.
Depuis le début de sa carrière, Grand Corps Malade est apprécié pour ses rythmes évocateurs et ses textes poétiques universels. Avec Reflets, son huitième album studio solo (son précédent, Mesdames, date de 2020) et quelques mois après son trio avec Ben Mazué et Gaël Faye, l’artiste conserve la même passion des mots et la même envie de délivrer des messages — très — personnels. Reflets a également une autre portée, plus inédite dans l’oeuvre de l’artiste : d’une façon douce-amère, Grand Corps Malade pose un regard sur le monde actuel et imagine son évolution, entre pessimisme et espoir, avec des textes propres à l’interprétation, sauf quand il décide de dire clairement les choses.
Un espoir qui se ressent dans le titre Retiens les rêves, dédiés à ses enfants, comme son livre jeunesse publié cette année Définitivement – tu peux déjà (Les Arènes), ou dans C’est aujourd’hui que ça se passe, cri du coeur exaltant pour passer à l’action. À l’inverse, 2083 dépeint un futur catastrophique et apocalyptique, glaçant mais ô combien possible.
« Les histoires c’est surtout des mots, et pas des solos… »
Reflets, oeuvre variée et profonde, traite également de l’amour, de la vie, et de la création artistique (comme le morceau Paroles et Musique, qui semble faire un tour d’horizon nostalgique de toute la carrière de l’artiste). L’album porte finalement bien son nom, tant il « reflète » l’image qu’a l’artiste de lui-même et que le public aurait de lui.
Au départ, Grand Corps Malade pensait nommer cet album Portraits — il s’y dévoile sans crainte ni pudeur — avant d’opter pour Reflets et d’être en mesure d’adopter une posture plus poétique, afin d’aborder d’autres sujets, et pas seulement lui-même. Pour accompagner ces textes, Grand Corps Malade s’appuie sur des mélodies douces et rythmées, avec toujours la volonté de laisser sa voix comme instrument principal et porteur du propos.
Finalement, Reflets a tout de l’album de la maturité. Grand Corps Malade revient souvent sur ses débuts, sur ses différentes rencontres et sur le chemin l’ayant conduit ici. Dans La Sagesse, avec beaucoup d’humour et d’auto-dérision, il avoue ne plus saisir tous les codes, conscient d’être le slameur de la génération précédente, mais que Grand Corps Malade soit rassuré : il est toujours là avec talent et a tout pour devenir intergénérationnel.
