Critique

Pourquoi faut-il voir Acide avec Guillaume Canet ?

20 septembre 2023
Par Lisa Muratore
Guillaume Canet dans "Acide".
Guillaume Canet dans "Acide". ©BONNE PIOCHE CINÉMA, PATHÉ FILMS, FRANCE 3CINEMA, CANÉO FILMS

Après un passage par le Festival de Cannes, Acide de Just Philippot débarque sur les écrans de cinéma. L’occasion de découvrir un thriller écologique à travers le prisme du cinéma de genre.

Révélé par La Nuée (2021), film fantastique dans lequel une agricultrice développait un lien obsessionnel avec des sauterelles dans l’espoir de sauver sa ferme en dynamisant le business de ces insectes comestibles, Just Philippot est de retour ce mercredi 20 septembre dans les salles obscures françaises avec Acide.

Le réalisateur s’attaque cette fois-ci à une nouvelle plaie : la pluie acide. Celle-ci va tout détruire sur son passage, tout carboniser, et c’est au coeur de cette tempête chimique que Michal (Guillaume Canet), Elise (Laetitia Dosch) et leur fille, Selma (Patience Muchenbach), vont se retrouver pris au piège.

Laetita Dosch dans Acide. ©BONNE PIOCHE CINÉMA, PATHÉ FILMS, UMEDIA PRODUCTION SERVICES - PHOTO LAURENT THURIN

Entre grand spectacle et intime

Just Philippot fait de son précédent court-métrage, le point de départ d’Acide et dresse un thriller climatique inspiré des plus grands blockbusters écologiques (Le Jour d’Après, Snowpiercer…) tout en offrant une part très intime à son long-métrage au travers de cette famille fracturée. Car le génie de cette création originale, qui flotte avec le cinéma de genre, réside dans son récit, toujours à la hauteur des personnages. Grâce à la caméra embarquée, le spectateur se retrouve plonger au coeur de leur combat face à ce danger venu du ciel.

À travers ce trio de protagonistes, Just Philippot explore également les relations inter-familiales : une adolescente en plein questionnement, des parents divorcés, les relations tendues entre un père et une mère… Malgré la catastrophe présente à l’extérieur, c’est au coeur de la sphère familiale que se joue le vrai drame.

Guillaume Canet et Patience Muchenbach dans Acide. ©BONNE PIOCHE CINÉMA, PATHÉ FILMS, UMEDIA PRODUCTION SERVICES - PHOTO LAURENT THURIN

Leur douleur personnelle vient se superposer à cette effervescence anxiogène que provoque la pluie acide pour offrir un film rugueux, dans lequel la nature reprend ses droits ; comme un pied de nez cynique à notre monde actuel.

Un film engagé

Le brio d’Acide vient également du fait que l’action se déroule dans un présent pas si éloigné de la réalité, un monde post-apocalyptique, pas si dystopique que cela. Grâce à des mouvements de caméra embarquée, des images amateurs tournées au téléphone portable, ou encore une photographie sombre et grise, le réalisateur français témoigne de l’urgence du dérèglement climatique, ainsi que de la folie sociale, et sociétale qui s’empare peu à peu de notre monde. Ce processus ne passe pas uniquement par la mise en scène de la pluie – personnage à part entière du film – mais aussi à travers la figure syndicaliste de Michal.

Par ailleurs, le choix de Guillaume Canet n’est pas hasard. Publiquement engagé dans la cause climatique, l’acteur offre l’une de ses meilleures prestations à ce jour. Loin du rôle d’Astérix dans lequel il est apparu cette année, le comédien revient à un registre dramatique, proche de ce qu’il avait pu offrir dans Au nom de la terre (2019), ou encore dans La prochaine fois je viserai le coeur (2014). Face à lui, Patience Muchenbach, personnage principal du film, incarne une jeune fille aussi terrorisée que terrorisante.

Bande-annonce d’Acide.

Avec Acide, Just Philippot offre un film organique, rugueux et anxiogène. Proche du cinéma de genre, mais loin d’être étrange tant sa thématique nous est proche, ce long-métrage oscille entre le grand spectacle et une intimité criante. Rythmée, cette création originale rappelle à nos mémoires des films comme La Guerre des Mondes (2005) – et une scène de pont quasi-culte – mais aussi la série L’Effondrement (2019). Autant de propositions qui parlent de façon effrayante, mais nécessaire de notre monde actuel et de sa crise.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste