Créée en 2022, elle propose une alternative au collège et au lycée traditionnels pour les enfants handicapés, souffrant de phobie scolaire ou encore victimes de harcèlement.
Alors que les enfants retrouvent les bancs de l’école en ce mois de septembre, la rentrée scolaire ne se fait pas en présentiel pour tout le monde. Avec le numérique, il est possible aujourd’hui de suivre ses cours à distance, que ce soit au primaire, au collège ou au lycée, grâce à divers dispositifs. Parmi eux figure l’École française digitale (EFD), qui se présente comme « le premier établissement collège et lycée, sur mesure, 100 % en ligne ».
Accompagner les élèves déscolarisés
L’École française digitale a été fondée en 2022 par trois femmes : les sœurs Amélie et Marie Soller, et Delphine Ithembela. Elle propose une alternative au collège et au lycée traditionnels afin d’accompagner les élèves déscolarisés et répondre à leurs besoins pédagogiques spécifiques. « Notre école, de par son caractère 100 % en ligne, peut s’adresser à différents profils », indique Delphine Ithembela.
Dans le détail, l’école s’adresse aux enfants en situation de handicap ou souffrant d’un trouble de l’apprentissage comme la dyslexie ou la dyspraxie, mais aussi aux élèves victimes de harcèlement et à ceux atteints de phobie scolaire. Les enfants d’expatriés ou encore ceux pratiquant un sport ou un art de manière intensive peuvent également se tourner vers l’EFD.
« Le Cned propose des cours par correspondance, donc un élève les reçoit à son domicile, travaille de son côté en autonomie et renvoie les devoirs qu’on lui demande de faire pour qu’ils soient corrigés à distance par des enseignants. La différence entre le Cned et nous, c’est que nos élèves ont leurs professeurs en live. »
Delphine Ithembela
Paméla D. a ainsi fait appel à cette école pour son fils HPI (haut potentiel intellectuel) et souffrant de phobie scolaire depuis le CE2 pour son entrée en 5e l’année dernière. « Depuis qu’il y est, il n’a plus de crise d’angoisse. Les professeurs s’adaptent à ses besoins et à ses angoisses quand il y en a », explique-t-elle.
Sophie Dwernicki s’est aussi tournée vers l’EFD pour sa fille, Iris, victime de harcèlement de la part de sa professeure principale en 3e. « On habite à 1 000 m d’altitude et les lycées sont assez loin. C’est aussi pour cette raison, mais la principale est le non-respect de l’élève de la part de l’école publique », indique-t-elle.
Entre avantages…
D’autres dispositifs similaires ont vu le jour avant l’EFD, comme le Centre national d’enseignement à distance (Cned) qui vend des formations à distance de la maternelle à la terminale, ainsi que pour les étudiants. L’EFD se distingue néanmoins de ces derniers : « Le Cned propose des cours par correspondance, donc un élève les reçoit à son domicile, travaille de son côté en autonomie et renvoie les devoirs qu’on lui demande de faire pour qu’ils soient corrigés à distance par des enseignants. La différence entre le Cned et nous, c’est que nos élèves ont leurs professeurs en live », souligne sa fondatrice.
Les cours étant exclusivement en visioconférence, cela permet aux enfants d’interagir entre eux, ainsi qu’avec les enseignants. L’EFD se distingue notamment par son accompagnement des élèves. « C’est vraiment très différent en termes de suivi, de personnalisation. Les professeurs sont briefés sur chaque élève avant, et potentiellement sur leurs difficultés. Ils sont vraiment formés et connaissent chacun d’entre eux », affirme Paméla D., faisant la comparaison avec une autre école à distance à laquelle elle avait inscrit son fils auparavant.
« Quand Iris est entrée en seconde à l’École française digitale l’année dernière, elle était vraiment perdue et n’avait plus aucune motivation. Grâce à l’EFD et à la bienveillance qu’ils peuvent accorder aux enfants, elle a complètement repris confiance en elle et c’est pour cela qu’on réitère cette année en classe de première », avance également Sophie Dwernicki.
Autre avantage : les cours ayant uniquement lieu le matin, les élèves peuvent consacrer leurs après-midis à leurs activités extrascolaires. Ces heures peuvent aussi être utilisées pour prodiguer des soins médicaux aux enfants qui en ont besoin. Les enfants ayant cours trois heures par jour en moyenne, cela permet aussi de ne pas trop les exposer aux écrans. Un temps différent de celui consacré aux réseaux sociaux, jeux vidéo et autres plateformes ou services étant dédié à l’apprentissage, souligne Delphine Ithembela.
… et limites d’accès
L’EFD est bénéfique à de nombreux élèves, mais ce dispositif présente quelques limites. Pour commencer, il s’agit d’une école payante, avec un tarif de base à 2 600 euros – au collège – qui peut atteindre les 4 450 euros – au lycée – selon les options linguistiques choisies par les élèves. À titre de comparaison, le Cned propose des formations aux alentours de 1 000 euros pour le collège et le lycée. « Ce n’est pas plus cher qu’un établissement privé sous contrat. J’ai deux enfants qui sont dans une de ces écoles. Quand je mets bout à bout tous les frais de scolarité, de cantine et de déplacement pour s’y rendre, c’est la même chose qu’avec notre dispositif », justifie Delphine Ithembela.
Pour suivre les cours, les élèves doivent aussi disposer d’un ordinateur et d’une connexion internet, ce qui peut être problématique pour certains. « Notre école étant en ligne, elle n’a pas de frontières donc il est possible que nous ayons des élèves étrangers. Je ne pense pas que ça soit une barrière en France, mais c’est une chose à laquelle nous avons pensé en termes de freins pour une scolarité à l’EFD », fait savoir la cofondatrice. Raison pour laquelle une fondation École française digitale sera lancée à la rentrée 2024, afin de financer par mécénat les scolarités d’élèves qui en ont besoin, mais n’ont pas forcément les moyens de se l’offrir.
« La rentrée s’est faite début septembre dans les écoles traditionnelles. Les jeunes qui étaient à la limite de la rupture en fin d’année et reprennent dans un établissement traditionnel en septembre peuvent décrocher à ce moment-là. »
Delphine Ithembela
Pour les enfants et les parents, le seul problème relevé est lié à la socialisation, qui n’est d’ailleurs pas spécifique à l’EFD. « Il n’y a pas vraiment de différences avec l’école traditionnelle, mais nous sommes moins nombreux dans les classes, donc il y a moins de personnes avec qui on peut établir des liens sociaux, indique Iris. Mon année de seconde s’est plutôt bien passée, même si c’était un peu plus compliqué de communiquer avec les personnes qui étaient dans ma classe ». Ayant les mêmes amis depuis la petite enfance, qu’elle voit les week-ends, elle ne ressent pas le besoin de s’en faire de nouveaux. Pour pallier ce problème, Paméla D. a, elle, mis en place des activités culturelles et sportives comme l’escrime et l’équitation.
Après une phase de test en 2022, l’EFD s’apprête à entamer sa deuxième année scolaire avec une trentaine d’élèves le 18 septembre. Elle s’attend néanmoins à ce que ce chiffre augmente, comme l’année dernière. « On a commencé avec une petite promo de quatre élèves et on a fini avec 13 élèves », déclare Delphine Ithembela. « La rentrée s’est faite début septembre dans les écoles traditionnelles. Les jeunes qui étaient à la limite de la rupture en fin d’année et reprennent dans un établissement traditionnel en septembre peuvent décrocher à ce moment-là. On devient une solution de remplacement pour ces jeunes-là », explique-t-elle, ajoutant que des élèves s’inscrivent après la rentrée et même après les vacances de la Toussaint. « La vie ne respecte aucun calendrier, raison pour laquelle il est possible de s’inscrire chez nous tout au long de l’année », précise la cofondatrice de l’EFD.