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Vidéosurveillance : la ville d’Orléans va utiliser des détecteurs de sons anormaux

08 octobre 2021
Par Thomas Estimbre
Vidéosurveillance : la ville d'Orléans va utiliser des détecteurs de sons anormaux

En partenariat avec la start-up Sensivic, la ville d’Orléans va tester des détecteurs de sons anormaux. Le dispositif vise à améliorer l’efficacité du système de vidéosurveillance en alertant la police municipale en cas de bruits suspects.

Le son est souvent aussi important que l’image, même en matière de vidéosurveillance. La ville d’Orléans veut améliorer l’efficacité de son système de caméras et a décidé de miser sur des détecteurs de sons anormaux. Le site France Bleu rapporte que la capitale de la région Centre-Val de Loire « va mener une expérimentation avec la start-up orléanaise Sensivic » en couplant « certaines caméras avec des détecteurs de sons ». Ces dernières seront capables d’alerter la police municipale en cas de bruits suspects, dans le respect de la vie privée.

 © Creative commons
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Il est en effet interdit d’enregistrer des conversations dans la rue, comme le rappellent nos confrères. Ce qui a poussé Sensivic à s’adapter en misant sur un système d’intelligence artificielle. Plus précisément, la firme s’est intéressée au deep machine learning (apprentissage profond) pour mettre au point son logiciel. Ce dernier va être capable de définir le paysage sonore habituel d’une ville et de déclencher une alerte lorsqu’un son anormal se produit. Il peut s’agir de détonations, de bris de glace, de cris de détresse ou encore d’accidents.

Les sons sont analysés, mais ils ne sont pas enregistrés

Le dispositif pourra être relié au système de la vidéosurveillance de la ville qui comptabilise actuellement 220 caméras. Ces dernières resteront muettes puisque la solution de Sensivic sera d’identifier les bruits suspects, sans les transmettre directement aux forces de l’ordre. « L’idée, c’est que si un son anormal est détecté, comme un coup de feu, un bris de glace, un cri de détresse, immédiatement une alerte avertirait l’agent qui surveille les écrans au CSO (Centre de Surveillance Opérationnelle) ; celui-ci pourrait aussitôt regarder et identifier le lieu où cela s’est passé, et donc envoyer une équipe », explique Florent Montillot, l’adjoint au maire d’Orléans chargé de la sécurité.

Ce procédé permet de préserver la vie privée, mais il faudra patienter avant de connaître la fiabilité du dispositif et sa capacité à ne pas générer de fausses alertes. Afin de progresser, le système d’IA de cette société fondée par Pascale Demartini doit en effet évoluer dans des conditions réelles.

Sans faire de bruit, la surveillance sonore se fait une place en France

Alors que les villes ont de plus en plus recours aux caméras de vidéosurveillance, Sensivic évoque sur son site sa volonté de s’implanter sur des quartiers sensibles, parkings ou établissements de santé. La société déclare également être en conformité avec le RGPD et indique que « le traitement des ondes acoustiques dans nos détecteurs audio est réalisé soit sur une valeur absolue du son, opération non réversible ne permettant pas de retrouver le son d’origine, soit sur une durée très limitée, écrasée constamment par la séquence suivante, ne permettant pas techniquement de comprendre ni syllabe, ni mot, ni phrase ».

Le procédé pourrait ainsi éviter à la ville d’Orléans de s’attirer les foudres de la CNIL, comme la ville de Saint-Étienne en 2019. Cette dernière avait le projet de déployer des capteurs sonores dans certains quartiers, avant de recevoir un avertissement de la CNIL . Comme l’expliquait le site France Bleu, la ville avait finalement renoncé à son test.

Article rédigé par
Thomas Estimbre
Thomas Estimbre
Journaliste
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