Déjà la cible des climatosceptiques, les scientifiques ont vu le harcèlement s’intensifier depuis l’arrivée d’Elon Musk à la tête du réseau social.
Elon Musk voulait faire de Twitter — ou plutôt X — une place publique où tout le monde peut débattre librement. Une liberté d’expression qui a des limites, a en croire les nombreux scientifiques et défenseurs de l’environnement qui quittent la plateforme. La raison : des vagues de harcèlement orchestrées par des utilisateurs climatosceptiques.
Un co-auteur du rapport du GIEC quitte X
Un des derniers cas en date, et non des moindres, est celui de Christophe Gassou. Climatologue et co-auteur du dernier rapport du GIEC, il utilisait son compte Twitter pour faire de la vulgarisation sur les enjeux climatiques et les actions nécessaires pour changer les choses. « Je voulais expliquer et vulgariser les faits scientifiques contenus dans ces 3.000 pages pour établir la littérature scientifique, explique-t-il à France 3. Mais rappeler les faits scientifiques est maintenant considéré comme du militantisme. »
En réponse, d’autres utilisateurs multiplient les accusations et insultes : il serait malhonnête, corrompu, alcoolique, sans compter les attaques sur son physique. Épuisé par le harcèlement qui commençait à déborder sur sa vie privée, il a décidé de suspendre temporairement son compte début août.
L’abonnement payant, arme des harceleurs
Il est loin d’être le seul à avoir pris cette décision. D’après une étude publiée ce mois-ci dans la revue Trends in Ecology & Evolution, seulement 52,3% de leur groupe de 380 000 utilisateurs écologistes étaient encore actifs début 2023, en comparaison avec fin 2022, moment où Elon Musk a racheté la plateforme. Un nombre bien inférieur à leur groupe d’utilisateurs témoin qui parle de politique (79,4%). À noter que cette étude se concentre essentiellement sur des internautes américains.
En France, le constat est similaire. Selon David Chavalarias, directeur de recherche au CNRS et auteur d’une étude sur les climatosceptiques sur Twitter, « entre un quart et un tiers des proclimat ont cessé toute activité et sont probablement partis de la plateforme ». Il explique à franceinfo qu’il y a maintenant « autant de comptes dénialistes actifs sur X que de proclimat, ce qui correspond à une surreprésentation de 35% par rapport à l’opinion publique ».
Les trolls — qui envoient volontairement des messages provoquant et insultants pour faire réagir — ont su tirer parti des changements mis en place par Elon Musk sur la plateforme, par exemple avoir un compte payant pour que leurs messages soient placés tout en haut des réponses et soient valorisés par l’algorithme du réseau social. Le PDG de la plateforme n’a pas réagi à cette étude, mais a annoncé quelques jours plus tard qu’il serait bientôt impossible de bloquer d’autres utilisateurs.