Plus de 20 ans après la fin de sa diffusion, Seinfeld revient sur nos écrans. La série culte des années 1990 a rejoint le catalogue de Netflix le 1er octobre, l’occasion de (re)découvrir une des sitcoms les plus influentes de l’histoire.
En se connectant sur la plateforme rouge, les plus jeunes étaient étonnés de voir une ancienne série à la une. Seinfeld, soit l’une des meilleures sitcoms modernes, vient de débarquer sur Netflix avec ses 180 épisodes. Après avoir perdu les droits de Friends en juillet, le géant américain a dépensé une somme colossale pour acheter ceux de Seinfeld. Selon le Hollywood Reporter, la multinationale américaine a déboursé 500 millions de dollars pour ces droits qui lui permettront de proposer la série dans son catalogue mondial pendant cinq ans. Diffusée initialement sur la chaîne américaine NBC en 1989 et sur Canal+ en 1993, la sitcom revient plus de 20 ans après sur les écrans français. Si les comiques phares du show, Jerry Seinfeld et Larry David, la décrivent comme « la série à propos de rien« , elle devrait trouver de nouveaux adeptes dans les prochains mois et peut-être entrer dans le top 10 tant convoité.
Les précurseurs d’un nouveau genre
Créée par le comédien de stand-up Jerry Seinfeld et Larry David, la série jurait avec les codes de l’époque. Si les sitcoms américaines des années 1990 mettaient en scène des héros aux vertus exemplaires, Seinfeld s’est imposée avec un humour noir, un ton cynique et des personnages immoraux. Exit la famille modèle, place à une bande de potes trentenaires célibataires et névrosés. Les épisodes sont rythmés par des punchlines, des discussions et des digressions en tout genre. Les personnages apparaissent comme des anti-héros égocentriques et parfois méchants, qui insultent les nouveau-nés, se font menacer par des clowns et sont confondus avec des dirigeants d’extrême droite. Le show s’amuse du Manhattan des années 1990 et le traite avec autodérision.
En ne disant rien, la série parle de tout. Basée sur le comique d’observation, elle évoque les petites choses du quotidien. Les épisodes sont d’ailleurs ponctués de moments au comedy club où Jerry s’inspire de sa vie et de ses amis pour écrire des blagues. Des tics de chacun aux défauts de langages en passant par le nœud de cravate, elle scrute des détails et des situations insignifiantes qui parlent à tout le monde. Une recette qui fonctionnera et sera reprise par des shows comme Friends, How I met your mother ou encore New Girl. En 2016, Jerry Seinfeld a d’ailleurs profité d’un podcast pour gentiment tacler la série qui raconte le quotidien des amateurs du Central Perk en déclarant qu’ils « veulent faire notre série, mais avec des gens plus beaux. »
Une bande d’amis à l’alchimie parfaite
Évoluant dans l’Upper West Side de New-York, chaque protagoniste renvoie à une réalité différente. Le personnage de Jerry, qui se démarque par son comique de stand-up, essaye d’écrire sa propre sitcom. Il évoque ses doutes, reste incapable de s’engager dans une relation et il est fan de céréales, de baseball et de Superman. Dans le reste de la bande, il y George Costanza, un peu loser et malchanceux, Kramer, le fou et voisin décomplexé, et Elaine, la femme forte du groupe qui arrive à s’imposer. Julia Louis Dreyfus a d’ailleurs gagné un Emmy Awards en 1996 et six autres nominations pour ce rôle. La complicité est réelle et les spectateurs sont séduits. Au-delà des blagues, Seinfeld a osé évoquer des sujets tabous et polémiques comme la pilule, le racisme, l’immigration ou encore la masturbation, dont ils parlent dans l’un des épisodes les plus célèbres, « The Contest ».
Après le succès de Friends auprès des plus jeunes lors de sa diffusion sur Netflix, Seinfeld devrait rencontrer un accueil des plus chaleureux. En effet, une enquête du Wall Street Journal montrait que des séries cultes comme The Office étaient visionnées en quantité tout au long de l’année tandis que des programmes comme Stranger Things connaissaient un gros pic de visionnage uniquement durant les quelques mois suivant la sortie d’une nouvelle saison, avant de chuter.
Un succès intergénérationnel
Considérée comme la meilleure sitcom de tous les temps par de nombreux adeptes, elle a été désignée comme étant la deuxième série la mieux écrite de l’histoire (derrière Les Sopranos) par le syndicat des scénaristes américains. Le show qui devait s’arrêter après le pilote est pourtant entré dans le top des séries les plus regardées dès sa quatrième saison. Chaque semaine, plus de 30 millions de spectateurs ne manquaient pas le rendez-vous. Elle a inspiré des artistes de stand-up, de nouveaux programmes, et a fait évoluer la langue. En effet, des expressions comme « Yada yada yada » ou encore « double-dip » sont entrées dans le langage commun. L’ouvrage SeinLanguage, où Jerry Seinfeld décrypte le lexique de la série, a été écoulé à 2,5 millions d’exemplaires. Si le show a été apprécié par le grand public, il a aussi été salué par les professionnels. Seinfeld a remporté 74 prix, dont 10 Emmy Awards.
Du pilote au final, Seinfeld n’a fait aucun faux pas. Alors que la série était au sommet de sa gloire, son créateur a décidé d’y mettre un terme pour éviter la saison de trop. À court d’idées pour alimenter les épisodes, il a préféré ne pas tomber dans la facilité, quitte à faire une croix sur un programme plus que rentable. Les 26 épisodes de la dernière saison ont en effet généré environ 200 millions de dollars de publicité, assurant à l’acteur principal un cachet de 22 millions de dollars (auquel s’ajoute un pourcentage sur les profits). Jerry Seinfeld a donc refusé les dernières offres de NBC qui avoisinaient les 5 millions de dollars par épisode. Le 14 mai 1998, 76 millions de téléspectateurs ont assisté au dernier épisode qui est entré dans l’histoire en réalisant la quatrième meilleure audience de la télévision américaine de tous les temps. Ce soir-là, Frank Sinatra est décédé et a été conduit aux urgences en un temps record, les rues étant désertes car tout le monde regardait le final de l’émission. De quoi alimenter un peu plus le mythe autour de la série.
Des blagues qui tombent à l’eau avec un format remasterisé
Dès le lancement de la série le 1er octobre, Netflix a fait face à un problème majeur. Au moment de leur diffusion à la télé, les épisodes étaient proposés au format 4:3, un format plus carré et adapté aux postes de l’époque. Afin de s’adapter aux nouvelles habitudes des spectateurs qui consomment des programmes au format 16:9, la série a été remasterisée. Les images ont alors subi quelques changements : elles ont été rognées en haut et en bas, puis étirées. Avec ces modifications, certaines blagues sont devenues incompréhensibles. Sur les réseaux sociaux, les puristes en rient et s’emportent. L’un d’eux compare des images tirées de la même scène, où le nid de poule, essentiel pour comprendre la chute d’une discussion, a disparu.
Ce problème était aussi survenu lors de la diffusion des Simpsons sur Disney+. La plateforme aux grandes oreilles a corrigé l’erreur en laissant le choix aux internautes de regarder la série en 4:3 ou en 16:9. Malgré ces quelques couacs techniques, Seinfeld devrait rapidement toucher de nouveaux spectateurs, jusqu’à peut-être (re)devenir la nouvelle série évènement.