Carmen signe la première réalisation long-métrage de Benjamin Millepied. À l’occasion de sa sortie, ce mercredi 14 juin, L’Éclaireur vous livre trois bonnes raisons d’aller voir le film au cinéma.
Benjamin Millepied vient d’amorcer son retour en France afin de faire vivre la danse dans l’hexagone à travers différents projets. Du Paris Dance Project à La Ville dansée en 2024, le chorégraphe bordelais entend démocratiser son art à toutes les échelles, que ce soit sur scène, dans des campus franciliens ; des lieux emblématiques de la capitale ainsi qu’au cinéma. Ainsi, ce mercredi 14 juin, les spectateurs pourront découvrir dans les salles obscures Carmen, adaptation moderne de l’opéra de Bizet avec Melissa Barrera et Paul Mescal.
Après avoir réalisé plusieurs courts-métrages, le danseur professionnel connu du grand public pour avoir travaillé sur Black Swan (2010) de Darren Aronofsky passe derrière la caméra, direction le grand écran afin de raconter l’histoire d’amour tourmentée de Carmen – une réfugiée mexicaine qui tente de rejoindre Los Angeles – et d’Aidan, un militaire américain qui va l’aider dans son dangereux périple.
Quand la danse remplace le chant
Il ne faut pas comparer Carmen a une comédie musicale, car dans l’adaptation de Benjamin Millepied la danse remplace le chant. Cela rend le long-métrage très abstrait – ce qui pourrait sans nul doute laisser quelques spectateurs sur le carreau. Toutefois, l’atmosphère, les corps s’entremêlant, et la musique forment un assemblage hypnotique. La danse permet aux personnages qui se meuvent d’exprimer leurs sentiments de façon inédite. Ceci favorise une ambiance inattendue au cinéma ; un défilé de tableaux qui reste scotché à la rétine, et à travers lesquels la relation de Carmen et d’Aidan va se renforcer.
Ces tableaux sont aussi des moyens de replacer Carmen au centre du film, et d’en faire une héroïne des temps modernes. L’une des scènes finales, dans laquelle Melissa Barrera partage un slow aussi sensuel que maternel avec Rossy de Palma cristallisera toute la beauté insufflée au personnage de la jeune immigrée en quête de liberté.
Un mélange des cultures
Pour mettre au point son film, Benjamin Millepied a puisé dans plusieurs formes d’art et de culture. Du flamenco traditionnel à la danse contemporaine, le cinéaste mélange une diversité de genres, dont il s’est toujours inspiré au cours de sa carrière. L’empreinte de son multiculturalisme passe également par sa vision du Mexique et de la frontière qu’il partage avec les États-Unis. En tant qu’ancien résident français de Los Angeles, le réalisateur s’est inspiré des tensions civiles, et de l’historique entre les deux pays pour raconter la quête de liberté de Carmen.
Le fait de placer Carmen dans ce contexte là montre à quel point le réalisateur est au carrefour des cultures puisant non seulement la trame de fond de son scénario dans des questions sociétales, mais aussi la mise en scène de son film à travers un mélange des cultures qui traverse tous les degrés de la danse.
Paul Mescal et Melissa Barrera, les nouveaux visages d’Hollywood
Lorsqu’il tourne Carmen, il y a plusieurs années, Benjamin Millepied ne se doute pas qu’il a devant lui les prochains visages d’Hollywood. Après avoir incarné une Carmen incandescente, Melissa Barrera a évolué dans la comédie musicale D’Où l’on Vient, succès théâtral à Broadway de Lin-Manuel Miranda, adapté au cinéma par Jon M. Chu, avant de rejoindre la saga Scream (2022). De son côté, Paul Mescal est connu du grand public pour avoir joué dans la série Normal People (2020), mais c’est avec Aftersun (2023) – pour lequel le comédien irlandais récolte une nomination à l’Oscar du meilleur acteur en 2023 – que la critique l’acclame avant un rôle futur dans Gladiator 2 de Ridley Scott.
Carmen laisse éclater tout le potentiel de ses acteurs ; et l’on comprend désormais mieux leur trajectoire actuelle. Par ailleurs, la dynamique du duo entre sensibilité et sauvagerie apporte une profondeur percutante à leur idylle que Benjamin Millepied a réussi à catalyser dans un premier long-métrage sensuel et spirituel.