La réalisatrice française est devenue ce samedi la troisième lauréate de la Palme d’or avec Anatomie d’une chute.
C’est un discours qui a fait réagir jusqu’au Gouvernement. Justine Triet devenait ce samedi la troisième réalisatrice à soulever la Palme d’Or au Festival de Cannes, succédant ainsi à Jane Campion en 1993 et Julia Ducournau en 2021. Profitant de sa tribune mondiale, la Française a tenu à dénoncer la réforme des retraites et un mouvement de contestation « nié et réprimé de façon choquante », évoquant « un schéma de pouvoir dominateur ». Accusé par la cinéaste de chercher à « casser l’exception culturelle française », le Gouvernement a tenu à réagir via sa ministre de la Culture. Rima Abdul-Malak s’est dite « estomaquée par son discours si injuste ». « Ce film n’aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma, qui permet une diversité unique au monde. Ne l’oublions pas » poursuit la Ministre.
La prise de position de la cinéaste à été applaudie par plusieurs hommes et femmes politiques de gauche, comme Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, sur Twitter, ainsi que par Olivier Faure, numéro un du Parti Socialiste.
Quatre films, quatre portraits de femmes
Née à Fécamp en 1978, Justine Triet grandit à Paris dans une famille compliquée, touchée par un père absent. Après avoir appris la peinture aux Beaux-Arts, elle se concentre sur la vidéo et le montage à l’âge de 22 ans. C’est à l’occasion de l’élection présidentielle de 2007 qu’elle réalise deux documentaires, Sur place sur les manifestations étudiantes contre le Contrat Première Embauche (CPE), puis Solférino en 2008. Ce dernier servira de brouillon pour son premier long-métrage en 2013. La Bataille de Solférino, avec Vincent Macaigne et Laetitia Dosch dans les rôles principaux est présenté au Festival de Cannes dans la programmation de l’ACID.
Après ce portrait d’une femme journaliste lors de l’élection présidentielle de 2012 nommé au César du meilleur film, Justine Triet connaît son premier grand succès avec Victoria (2016). Porté par Virginie Efira et Vincent Lacoste à l’écran, le deuxième long-métrage cumule près de 700 000 entrées lors de sa sortie en salles. Récit de la crise professionnelle et personnelle d’une avocate, Victoria est nommé cinq fois aux César, notamment dans les catégories du meilleur film et de la meilleure actrice.
Justine Triet retrouve Virginie Efira en 2019 pour Sibyl, avec Gaspard Ulliel, Adèle Exarchopoulos et Niels Schneider. Le film est alors en sélection officielle à Cannes, quatre ans avant Anatomie d’une chute. Pour son nouveau film, 76e Palme d’or du Festival, la cinéaste suit le procès de Sandra, autrice allemande accusée du meurtre de son mari après sa chute dans leur chalet des Alpes françaises.
Politique, social et féministe, le cinéma de Justine Triet continue de séduire par la force de ses portraits et la qualité de sa mise en scène. « On a besoin de récits faits par des femmes, réalisés par des femmes, jugés par des femmes. On est encore très loin de la parité » déclare la cinéaste, quelques minutes après sa Palme d’or remise par l’actrice Jane Fonda.