À l’occasion du Salon de l’Agriculture, un éleveur a expliqué à L’Éclaireur comment l’AgriTech a complètement changé la gestion de son exploitation.
Le Salon de l’Agriculture s’est clôturé à Paris dimanche. Au fil des éditions, la part consacrée à l’AgriTech ne cesse de grandir. Les jeunes pousses françaises réunies dans l’association La Ferme Digitale répondent en effet à des enjeux cruciaux comme le changement climatique ou la pénibilité du travail manuel. Fabien Godet, gérant de la Ferme de Lespois à Argentonnay (Deux-Sèvres), utilise l’application Baoba : mi-outil de gestion, mi-réseau social fermé, elle est devenue indispensable pour réduire la charge mentale et administrative liée au métier.
“Ça révolutionne le monde de l’élevage”
L’exploitation décrite par Fabien Godet est particulièrement complexe, car en polyculture élevage : elle comprend des bovins et des pigeonneaux, ainsi que des cultures et pâturages pour les nourrir. De plus, elle est éclatée en plusieurs parties séparées de quelques dizaines de kilomètres. Cela rend la gestion et la communication entre les différents salariés de la ferme difficiles par voies traditionnelles : « Quand un animal naît, la législation fait qu’on a sept jours pour le déclarer avec son sexe et sa boucle d’identification. Avec plusieurs sites de vêlage, il fallait que je fasse la tournée pour récupérer toutes les informations auprès des salariés pour ensuite rentrer, tout retranscrire par ordinateur et transmettre au service de l’État. Tout ça c’était à faire le soir, ça faisait comme une deuxième journée de travail. »
Un travail largement simplifié par l’application, puisqu’il est non seulement possible d’avoir toutes les informations au même endroit, mais aussi d’y faire la déclaration directement. L’application a été entièrement pensée pour les éleveurs : intuitive et utilisable hors connexion – indispensable pour certaines zones rurales –, elle permet à chaque salarié d’enregistrer en direct le suivi des animaux ou des parcelles dont il a la charge et de les afficher sur une cartographie par GPS. Naissances, nourriture, maladies, soins… Il y a en effet de nombreux paramètres et événements à prendre en compte et pas de droit à l’erreur, d’où l’idée d’un outil très facile à apprendre et à utiliser. « Avec l’application, on ne peut pas faire de bêtise. Une fois qu’on a expliqué les deux-trois boutons, ça se fait tout seul. Le traitement de l’information est tellement ludique qu’on crée aussi des comptes pour les stagiaires. »
Des bienfaits aussi pour les animaux
« Aujourd’hui, comme beaucoup d’agriculteurs, je suis plus chef d’entreprise qu’agriculteur. On a beaucoup de choses à gérer et c’est de plus en plus pointu, estime Fabien Godet. Entre la partie administrative, où on nous demande beaucoup, et la partie culture, nourriture… Quand j’allais à l’école et qu’on devait nourrir une vache, on lui donnait une botte de foin, on la mettait à l’herbe et tout se passait bien. Aujourd’hui, c’est un peu moins vrai, le bien-être entre en ligne de compte pour que l’animal puisse exprimer son potentiel. »
Alors que l’AgriTech pourrait faire penser à de l’élevage intensif loin de toute considération pour le bien-être animal, ça peut en réalité être l’inverse. Grâce à un suivi plus précis de chaque animal, assorti d’analyses et de graphiques générés automatiquement, la Ferme de Lespois a ainsi vu le taux de morbidité et de mortalité des veaux baisser et la quantité d’antibiotiques administrée aux animaux être réduite de 30%.
Une évolution qui se traduit aussi chez le consommateur : toutes ces données permettent un meilleur suivi du cahier des charges des organisations de producteurs et des labels, la traçabilité et la transparence sont améliorées. Le secteur de l’élevage ayant été plusieurs fois victime de crises sanitaires comme la grippe aviaire, de tels outils de suivi ont de quoi rassurer tout le monde, aussi bien les éleveurs que les consommateurs.