Prédit à un grand avenir à son lancement, le QR Code avait plus ou moins disparu des radars ces dernières années. Avec la pandémie de Covid-19, ce code-barres bidimensionnel fait son retour au premier plan et s’invite partout. Retour sur le parcours de ce pictogramme en noir et blanc né il y a plus de 25 ans.
Dans les bars, hôtels, restaurants, dans les musées, sur des documents officiels, à la télévision et même dans les cimetières, les QR Codes sont partout. Ces pictogrammes en noir et blanc sont cette année revenus au premier plan, s’invitant sur des supports en tous genres pour faire le lien entre réel et virtuel. Ce petit tag carré qui se scanne depuis un smartphone prend de plus en plus de place dans notre quotidien. Mais plus de 25 ans après ses débuts, le code QR est encore méconnu et suscite quelques interrogations.
De l’industrie automobile à nos smartphones : retour sur les débuts du QR Code
Le QR Code (pour Quick Response Code) est un code-barres bidimensionnel apparu pour la première fois en 1994. Bien avant le premier iPhone (2007) et l’avènement des smartphones, le code QR a été imaginé par Masahiro Hara pour l’industrie automobile. Alors ingénieur en chef chez Denso-Wave, le Japonais a imaginé ce code-barre en deux dimensions pour mieux suivre le parcours des pièces détachées dans les usines de Toyota. « En 1994, Masahiro Hara et son équipe ont inventé un produit se composant de petits points qui était sur le point de faire le tour du monde et de rendre beaucoup de choses plus rapides, plus efficaces et plus détaillées », nous explique Denso Wave Europe.
L’ingénieur précise avoir voulu proposer un système plus efficace que les codes-barres unidimensionnels (1D). « Il y avait plus de dix codes-barres sur une même boîte (…) les employés étaient fatigués de devoir scanner les boîtes plusieurs fois, et cela nous a conduits à trouver un code qui permettrait de transmettre un grand volume d’informations en un seul scan », précise Masahiro Hara. Le code QR est en effet capable de stocker plus d’informations qu’un code-barres « classique », ce qui constitue encore aujourd’hui l’un de ses principaux avantages.
Son créateur s’est inspiré du jeu de go pour imaginer ce carré en noir et blanc qui se décline en plusieurs tailles (21 x 21 jusqu’à 177 x 177 modules). Très vite, le code QR est rendu public et sa publication sous licence libre va faciliter sa diffusion au Japon et dans le monde. À noter que plusieurs autres variantes du QR Code ont ensuite été développées, comme le Micro QR Code.
Le QR Code et la révolution smartphone
Le code QR va réellement prendre son envol à la fin des années 2000 avec l’avènement du smartphone. Déjà disponible sur les mobiles équipés d’appareils photo, les applications permettant de lire, ou plutôt de scanner un QR Code vont participer à démocratisation auprès du grand public. Grâce à au smartphone donc, le code QR est prédit à un grand avenir et ces codes-barres fleurissent dans les commerces, les publicités, ou les panneaux d’informations. Pourtant, il peine à séduire et n’est pas encore le premier réflexe pour les utilisateurs occidentaux. Résultat, son usage va fortement chuter, contrairement à l’Asie, où sa présence ne cesse de se renforcer.
Depuis quelques années, il est possible de scanner un code QR à l’aide de l’appareil photo intégré de son iPhone ou sur certains smartphones Android, pour peu que leur appareil photo accueille l’option Google Lens (reconnaissance d’image) ou une application native. Si rien de tout cela n’y est installé, il reste possible de télécharger une application dédiée sur les portails d’applications, ou même de passer par un navigateur comme Firefox.
2020 : une année charnière pour le QR Code
Il faudra finalement attendre 2020 pour voir le QR Code bénéficier d’un retour en grâce en Europe et en France, en lien avec la pandémie de Covid-19. Depuis le déconfinement (et le reconfinement), il s’impose comme un outil pratique permettant, par exemple au restaurant, de retrouver un menu de restaurant dématérialisé sur mobile, mais aussi d’accéder à une plateforme d’inscription pour y laisser ses coordonnées. Dans le cadre du confinement, un QR Code est généré automatiquement lors de l’édition d’une attestation de sortie sur mobile, permettant un scan sans contact avec le smartphone en cas de contrôle.
Comment fonctionne un code QR ?
Le code QR se veut l’héritier du code-barres classique dont il est inspiré. Pensé pour être plus efficaces que les codes-barres unidimensionnels (1D), le QR code est bidimensionnel (2D) et peut être lu dans les deux sens (horizontalement et verticalement). Cette caractéristique lui permet de contenir beaucoup plus d’informations que son prédécesseur puisqu’il peut stocker jusqu’à 7 089 caractères numériques et 4 296 caractères alphanumériques. À titre de comparaison, un code-barres classique – qui ne peut être lu que dans le sens horizontal – ne stocke que 10 à 13 caractères.
La structure du QR Code
Le QR Code prend la forme d’un carré composé de modules noirs, eux-mêmes carrés, sur fond blanc. Sa taille (version) peut varier en fonction des besoins et de la quantité d’informations à stocker, allant de 21 x 21 modules à 177 x 177 modules. Notons que nous évoquons ici le cas des QR Code classiques la version la plus grande est la 40 (177 x 177 modules). Plus la version est élevée, plus le QR code sera complexe et difficile à décoder. L’ensemble de ces éléments et la disposition de ces carrés permettent de définir l’information que contient le code.
Un code QR est articulé autour de deux parties : la première permet de définir comment lire le code et la seconde est en charge des données à stocker. On retrouve toujours trois carrés de taille identique, dits de positionnement, sur trois des quatre coins du code. Facilement reconnaissables, ils permettent de définir la position du QR Code et indiquent comment le lire. Ils sont accompagnés d’un ou plusieurs marqueurs d’alignement (en fonction du code) et d’autres motifs pour permettre la lecture du code. Ces spécificités sont des gages de sécurité, mais cela ne signifie pas que l’usage d’un QR code est sans risque.
Le QR Code : pratique mais pas sans risque
Les smartphones récents sont en mesure de scanner les codes QR et son usage est entré dans les habitudes. Facile à créer, ce code permet d’accéder à de nombreuses informations lorsqu’il est scanné : ouvrir une page Web, un SMS, une information précise, se connecter au Wi-Fi ou encore à une notice en PDF, et même payer. Le code QR séduit par sa simplicité et va même jusqu’à aider à tracer les cas contacts. Depuis la pandémie, les usages explosent et cela intéresse également des personnes mal intentionnées.
Les pirates peuvent utiliser les codes QR pour renvoyer les utilisateurs vers une URL malveillante. Contrairement à navigateur, il peut être plus difficile de détecter un QR Code malveillant qui risque de détourner des données personnelles (phishing) ou aider à la propagation de logiciels malveillants. De plus, ce type d’attaque est particulièrement simple à mettre en place. La lecture d’un code QR n’est donc pas anodine, et il faut redoubler de vigilance lorsque vous décidez de scanner un code-barres, en vérifiant bien sûr qui en est le créateur.
Les codes QR frauduleux se multiplient
En revanche, les pirates ne peuvent pas détourner un QR code existant. Comme nous l’avons vu précédemment, l’agencement des carrés qui compose un QR Code définit l’information qu’il contient et il faudrait modifier physiquement ces éléments pour faire évoluer le code. Il est donc compliqué de modifier un QR Code, mais il n’est pas rare de voir cette technologie être utilisée pour propager du code malveillant.