Présent sur toutes les fiches techniques ou les publicités, l’indice de débit d’absorption spécifique ou DAS fait partie des mentions obligatoires pour de nombreux équipements radioélectriques, à commencer par les smartphones. Mais qu’est-ce que le débit d’absorption spécifique et pourquoi est-il important de connaître cet indice ? On fait le point.
L’indice DAS, acronyme de “débit d’absorption spécifique”, apparaît en bonne place sur les fiches techniques, notices, sites internet ou publicités de nos terminaux radioélectriques, notamment les téléphones portables. Outil indispensable, le smartphone nous accompagne partout et émet des ondes électromagnétiques qui doivent être mesurées. C’est là qu’intervient le DAS (Débit d’Absorption Spécifique) ou SAR (Specific Absorption Rate) en anglais.
Qu’est-ce que le DAS ?
Le débit d’absorption spécifique est défini en ces termes par le ministère des Solidarités et de la Santé : “Le DAS représente le débit avec lequel l’énergie produite par un équipement, par exemple un téléphone mobile, est absorbée par unité de masse du tissu du corps ou plus concrètement la quantité d’énergie absorbée par l’organisme sous forme de chaleur par unité de temps. Le DAS local est mesuré selon des normes sur une des parties du corps (particulièrement la tête) et s’exprime en watts par kilogramme (W/kg)”.
Au sein de l’Union européenne, la limite de DAS est de 2 W/kg pour une utilisation à l’oreille ou au niveau du tronc (corps), suivant les recommandations de l’OMS. Cette limite est de 1,6 W/kg dans les pays ayant fixé une limite selon une masse d’un gramme de tissu, c’est notamment le cas aux États-Unis. La France suit donc les recommandations européennes émises par la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (CIPRNI) – une organisation non-gouvernementale officiellement reconnue par l’OMS – et l’arrêté du 8 octobre 2003 fixe les spécifications techniques applicables aux équipements terminaux radioélectriques.
Les différents types de DAS et les valeurs limites
La réglementation française précise l’existence de trois types de DAS. Chacun permet de mesurer l’exposition due aux smartphones :
– le DAS « tête » correspond à l’usage de son appareil à l’oreille, en conversation vocale. La valeur limite du DAS « tête » est de 2 W/kg
– le DAS « tronc » fait référence aux usages où le smartphone est porté près du tronc, par exemple dans une poche de veste ou dans un sac. La valeur limite du DAS « tronc » est de 2 W/kg.
– le DAS « membre » correspond à un usage du mobile plaqué contre un membre, par exemple tenu à la main, porté dans un brassard ou dans une poche de pantalon. La valeur limite du DAS « membre » est de 4 W/kg.
L’attention des utilisateurs est actuellement portée sur le DAS “tête”. C’est cet indice qui est présenté par les fabricants de smartphones lors du lancement d’un nouvel appareil. Par exemple, Samsung communique un DAS de 0,477 W/kg au niveau de la tête et de 1,593 W/kg au niveau du corps pour son Galaxy S10. Apple évoque pour sa part un DAS de 0,95 W/kg au niveau de la tête et de 0,99 W/kg au niveau du corps pour son iPhone 11.
En France, l’ANFR publie régulièrement l’ensemble des nouvelles mesures de DAS qu’elle réalise “pour s’assurer de la conformité des terminaux radioélectriques mis sur le marché par les constructeurs”. Ces données peuvent être consultées sur le site data.anfr.fr.
Les ondes émises par nos smartphones sont-elles dangereuses pour la santé ?
Les ondes émises par les smartphones et leur impact sur la santé sont un sujet sensible. À ce jour, il n’y a pas de risque avéré pour la santé et aucune étude n’a pu prouver clairement qu’une exposition aux des smartphones pouvait être dangereuse. “iI n’a jamais été établi que le téléphone portable puisse être à l’origine d’un effet nocif pour la santé”, rappelait l’OMS en 2014. Si ce constat est toujours valable aujourd’hui, les autorités et les agences sanitaires préconisent la prudence.
L’Organisation mondiale de la santé alerte depuis plusieurs années sur les risques potentiels des champs électriques produits par les smartphones et son Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) les a classé la catégorie des cancérogènes possibles pour l’homme en 2011. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) est également invitée à se positionner régulièrement sur la question et a dévoilé durant l’été un nouveau rapport intitulé Effets sanitaires éventuels liés aux valeurs élevées de débit d’absorption spécifique de téléphones mobiles portés près du corps.
Le cas des smartphones commercialisés avant 2016
L’Anses a appelé à la prudence dans une étude publiée fin octobre et invite les usagers à ne pas porter certains smartphones trop près du corps. Les appareils commercialisés avant 2016 sont concernés par cette mise en garde de l’Agence nationale de sécurité sanitaire qui rappelle que le contrôle de l’exposition aux ondes émises par les téléphones mobiles a été modifié en 2016. Ces changements ont permis de tenir compte de l’évolution des modèles et des usages, poussant les fabricants à évaluer l’exposition dans des conditions réalistes d’utilisation.
Cela implique notamment de placer le smartphone très près du corps, au maximum à 5 mm à distance. Avant 2016, la réglementation prévoyait que les fabricants puissent choisir la distance d’éloignement entre l’appareil et le corps, comprise entre 0 et 25 mm, lors de la mesure du DAS. La majorité des modèles mis sur le marché étaient conformes pour une utilisation à une distance de 15 mm.
Pour l’Anses, un nombre important de mobiles conformes à la précédente réglementation et encore utilisés présentent des niveaux d’exposition élevés lorsqu’ils sont placés près du corps. Sollicitée pour identifier d’éventuels effets biologiques, l’agence assure que les résultats de l’expertise mettent en évidence, avec des éléments de preuve limités, des effets biologiques sur l’activité cérébrale liés à des expositions supérieures à 2 W/kg. Toutefois, ils ne permettent pas de conclure “à l’existence ou non d’effets sur d’autres fonctions biologiques spécifiquement associées à de telles expositions au niveau du tronc”.
Faut-il faire du DAS un critère d’achat ?
En raison des disparités entre les smartphones et des variations importantes en fonction des conditions d’utilisation, il est difficile de faire de l’indice DAS un critère de choix lors d’un achat. L’Anses rappelle par exemple que dans le cadre des mesures de DAS réalisées pour l’ANFR, les émissions de rayonnement électromagnétique des smartphones correspondent à une situation de type “pire cas”. Ces conditions ne correspondent pas aux conditions réelles, mais certains modèles sont régulièrement épinglés pour émission d’ondes excessive, pouvant conduire à leur retrait du marché.
En France, l’ANFR “a détecté 16 téléphones non conformes à la nouvelle réglementation” entre 2017 et 2019, c’est à dire avec un DAS supérieur à 2 W/kg à 5 mm de distance. Les smartphones concernés sont les suivants (18 au total) :
Fabricant | Modèle | Décision |
---|---|---|
Alcatel | Pixi 4 (6") | Mise à jour logicielle |
Allview | X4 Soul Mini S | Interdiction de vente et retrait du marché par arrêté ministériel |
Archos | Access 50 | Mise à jour logicielle |
Echo | Horizon Lite | Retrait du marché et rappel par le fabricant des exemplaires vendus |
Echo | Horizon Star Plus | Mise à jour logicielle |
Hisense | F23 | Mise à jour logicielle |
Huawei | Honor 8 | Mise à jour logicielle |
Leagoo | S8 | Interdiction de vente et retrait du marché par arrêté ministériel |
Logicom | M Bot 60 | Mise à jour logicielle |
HMD | Nokia 3 | Mise à jour logicielle |
HMD | Nokia 5 | Mise à jour logicielle |
HMD | Nokia 6.1 | Mise à jour logicielle |
Orange | Hapi 30 | Retrait du marché et rappel par le fabricant des exemplaires vendus |
TP-Link | Neffos X1 | Retrait du marché et rappel par le fabricant des exemplaires vendus |
Wiko | View | Mise à jour logicielle |
Wiko | Tomm 2 Bouygues Telecom | Mise à jour logicielle |
Xiaomi | Mi Mix 2S | Mise à jour logicielle |
Xiaomi | Redmi Note 5 | Mise à jour logicielle |
Certains de ses modèles ont reçu une mise à jour afin de respecter la valeur limite de DAS, comme le Wiko View ou le Nokia 6.1, d’autres ont été retirés du marché. Début octobre, l’ANFR a annoncé le retrait de la commercialisation et le rappel de l’Echo Horizon Lite pour dépassement de la limite réglementaire du DAS “tronc”. Cet été, l’agence a également obtenu l’interdiction de commercialisation des smartphones Leagoo S8 et Allview X4 Soul Mini S, là encore en raison d’un DAS “tronc” trop élevé. Celui du Leagoo S8 a été mesuré à 2,39 W/Kg et celui du Allview X4 Soul Mini à 4,6 W/Kg, alors que la limite est de 2 W/kg maximum. Le fabricant chinois TP-Link et Orange ont quant à eux préféré prendre les devants en retirant de la vente et en rappelant les exemplaires déjà vendus des Neffos X1 et Hapi 30.
Comment limiter son exposition aux ondes ?
Il peut être opportun de recourir à des écouteurs ou au haut-parleur de son appareil pour éviter de garder son smartphone collé à l’oreille. Il est également possible de privilégier l’envoi de messages écrits plutôt que de passer des appels afin de réduire l’exposition. Enfin, il est recommandé de ne pas garder constamment son téléphone dans la poche de son pantalon ou de dormir trop près d’un smartphone.
L’Anses demande également que des mesures soient prises pour éviter que les utilisateurs ne soient plus exposés à des DAS supérieurs à 2 W/kg, par le biais de mises à jour logiciels par exemple. Dans l’attente, les utilisateurs sont invités à ne pas tenir leurs smartphones trop près du corps. Cette notion s’applique tout particulièrement aux modèles lancés avant 2016.