Le premier festival de séries adaptées d’oeuvres littéraires s’est tenu du 17 au 20 novembre à Marseille. Un événement brillant, qui nous a permis de voir une dizaine de créations en avant-première.
Game of Thrones, Sex and the City, Lupin, Big Little Lies, The Witcher, Orange is the New Black… On oublie parfois que de grandes séries proviennent de grands livres. Le Marseille Series Stories fait le pont entre ces deux mondes, et célèbre ces œuvres qui ont su séduire aussi bien les lecteurs que les spectateurs. Sa deuxième édition, qui avait lieu du 17 au 20 novembre, était passionnante.
Les professionnels du secteur nous ont dévoilé les secrets derrière ces adaptations (de la trouvaille des textes à la production de l’objet audiovisuel), des scénaristes nous ont confié leur expérience et des passionnés ont animé des tables rondes sur l’explosion de la fantasy dans la pop culture ou encore sur le passage du Tour du monde en 80 jours de l’écrit à l’écran. De Wednesday à Rogue Heroes en passant par Pray for blood, le festival a dévoilé une dizaine de séries en avant-première.
Un teen drama, du mystère, et de la science-fiction
Ces séries, adaptées d’œuvres littéraires, provenaient de partout dans le monde (Espagne, Royaume-Uni, Mexique…) et concouraient pour quatre récompenses. Les membres du jury, composé de Blandine Bellavoir (Les Petits Meurtres d’Agatha Christie), Soufiane Guerrab (Les Beaux Mecs, La Vie scolaire), Benoît Lagane (journaliste et critique culturel), Vera Peltekian (Les Revenants, Engrenages) et Charlotte Sanson (Les 7 vies de Léa, Hippocrate) ont donné leur verdict à la fin de ces quatre jours de festival. Ils ont décerné les prix de la meilleure série adaptée d’une œuvre littéraire à La disparition de John Darwin, et son actrice principale, Monica Dolan, a aussi été récompensée du prix de l’interprétation. Du drame à la SF, la sélection de cette année était passionnante, mais trois productions nous ont particulièrement marqués.
1 La Edad de la ira, d’après le roman éponyme de Nando López
Cette série espagnole réalisée par Jesús Rodrigo (Un, Dos, Tres, L’autre côté) a remporté le prix du public et de la mise en scène. Un coup de cœur mérité, et partagé par la rédaction de L’Éclaireur. Le show nous parle de l’adolescence à travers l’histoire de Marcos (interprété par Manu Ríos, connu pour avoir joué dans Élite). Jeune homme a priori sans histoire, il se retrouve accusé du meurtre de son père. Ses amis, Sandra (Amaia Aberasturi qui avait déjà rencontré un large succès sur Netflix avec Bienvenidos a Edén) et Raùl (Daniel Ibañez, qu’on a vu dans If I Were You), sont perturbés par l’incident et tentent de protéger leur proche.
Chaque épisode adopte le point de vue d’un adolescent différent. Il nous livre son regard sur Marcos, nous renseigne sur son comportement et sur la relation qu’il entretient avec lui, de quelques mois avant l’incident jusqu’au jour J. Ces différentes visions nous permettent de mieux comprendre les événements, et ce qui aurait poussé le jeune homme à tuer son père. La Edad de la ira parvient à maintenir notre attention grâce à l’enquête et l’envie de découvrir la vérité, mais elle aborde aussi de nombreuses thématiques comme l’adolescence, l’amitié, l’amour, les orientations sexuelles, la famille, la violence physique et psychologique ou encore le harcèlement. C’est un teen drama surprenant et étonnamment poétique malgré les thématiques sombres qu’il aborde.
2 The Man Who Fell to Earth, d’après le roman éponyme de Walter Tevis
Créée par Jenny Lumet (Star Trek: Strange New Worlds) et Alex Kurtzman (Star Trek, La Momie), cette mini série s’inspire de l’oeuvre de Walter Tevis (qui est aussi connu pour avoir écrit le Jeu de la dame) et du film de 1976, L’Homme qui venait d’ailleurs, avec David Bowie. La version 2022 est une réussite. Un épisode suffit pour nous faire passer par toutes les émotions : le rire, la peur, la tristesse… Et le tout, en moins d’une heure. On a surtout été bluffé par le jeu de Chiwetel Ejiofor (12 Years a Slave), qui est tout simplement exceptionnel.
Il incarne Faraday, un extraterrestre qui arrive sur Terre avec une mission : retrouver la brillante scientifique Justin Falls (incarnée par Naomie Harris, aussi connue pour ses rôles dans Skyfall et Venom : Let There Be Carnage). Et pour cause : elle est la seule à pouvoir l’aider à sauver son espèce. Faraday tente de remplir sa tâche, tout en s’adaptant à notre univers et à comprendre nos codes. Cette série est une vraie pépite SF, accessible à tout le monde. Même les plus novices plongeront sans problème dans cette histoire touchante, au casting cinq étoiles (avec notamment Bill Nighy, éternelle rockstar de Good Morning England et Love Actually).
À retrouver à partir du 1er décembre sur Paramount+.
3 Comptine mortelle, d’après le roman éponyme de Anthony Horowitz
La force de cette série réside dans son humour très british et dans sa capacité à nous faire des nœuds dans le cerveau. Elle nous raconte l’histoire du célèbre écrivain Alan Conway. Ce dernier est à l’origine des Aventures d’Atticus Pünd, des best-sellers qui proposent au lecteur des énigmes bien ficelées. Alors que son dernier roman est annoncé et attendu de tous, Alan meurt, avant d’avoir livré son dernier chapitre (qui dévoile l’identité du tueur).
Son éditrice, Susan Ryeland, se rend dans la demeure du défunt pour tenter de retrouver ces pages manquantes, et assurer la vente du livre. Cependant, son enquête va la mener vers un tout autre chemin : elle se rend compte que la mort de l’écrivain n’était pas naturelle ni accidentelle. Deux histoires se croisent dans les épisodes, celle d’Atticus Pünd, qui tente de résoudre un crime, et celle de Susan, qui cherche l’œuvre et le meurtrier d’Alan. Comptine mortelle nous rappelle les enquêtes de Conan Doyle ou d’Agatha Christie. On dévore les épisodes avec plaisir, motivés par l’envie de découvrir qui sont les tueurs et résoudre ces affaires.
À retrouver en 2023 sur France 3 et dès décembre 2022 sur Paris Première.
