Ce week-end, à l’occasion de la Nuit des étoiles, les conditions seront optimales pour observer astres et météores. Alors pourquoi ne pas tenter de les immortaliser sur pellicule ?
L’été est le moment idéal pour s’essayer à la photographie d’étoiles – aussi appelée astrophotographie – puisque l’on peut rester dehors sans trop risquer l’hypothermie et que le ciel est régulièrement dégagé.
Lors de cette période, certains événements astronomiques sont intéressants, notamment les pluies d’étoiles filantes. Les ciels dégagés permettent aussi d’apprécier la Voie Lactée. Et qui n’a jamais rêvé de capturer cette galaxie avec son appareil photo ? Voici quelques astuces pour s’y essayer.
Les conditions à réunir
Si vous habitez dans une grande ville, il y a peu de chances pour que les transports en commun vous mènent suffisamment loin de la pollution lumineuse (voire de la pollution tout court, qui voile le ciel dans certaines villes) pour vous prêter à cet exercice.
La photographie de ciels de nuit – appelée Nightscape – ne se fait que dans des conditions d’obscurité totale. Il faut à tout prix fuir les lumières de la ville et s’offrir le calme de la campagne pour en profiter. Malheureusement, ces conditions ne sont pas évidentes à trouver, mais certains outils existent sur le net ou dans les magasins d’applications des smartphones. N’hésitez pas à les consulter pour savoir exactement où vous rendre.
Mais ne vous y rendez pas n’importe quand. La pollution lumineuse ne provient pas que de la Terre et une Lune trop pleine risque de vous handicaper. Privilégiez les nouvelles lunes et les premiers quartiers.
Le matériel à prévoir
Si vous choisissez une autre période que l’été pour photographier le ciel, pensez à prendre des vêtements chauds étant donné que vous risquez de passer plusieurs dizaines de minutes, voire plusieurs heures sur place.
Pensez également à bien charger vos batteries de smartphone et d’appareil photo. Les modèles hybrides les plus récents profitent toutefois d’une bonne autonomie. Une lampe rouge frontale sera par ailleurs la bienvenue. Si vous n’avez pas cela sous la main, rappelez-vous que votre vue met environ 20 minutes à s’adapter entièrement à l’obscurité. Alors voyez large sur le temps passé sur place.
En plus de votre appareil photo fétiche — le mieux étant de le connaître parfaitement —, pensez à emporter un trépied de qualité et surtout orientable vers le haut. Pour ne pas risquer de bouger, activez également le retardateur de l’appareil et après ne bougez plus d’un poil. Et surtout, désactivez la stabilisation optique de votre appareil lorsqu’il est sur trépied, c’est primordial !
Si votre boîtier est plutôt haut de gamme, ou particulièrement doué dans les hautes sensibilités (ISO) comme les appareils hybrides désormais plébiscités, c’est encore mieux. Le choix de l’objectif est également primordial. Oubliez vos portraitistes et optez pour des focales égales ou inférieures à 35 mm.
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La technique de photographie
Contrairement à des photos d’une ville de nuit, par exemple, pour laquelle on privilégiera des poses longues avec une ouverture faible, il faut ici opter pour des temps de pose longs et de grandes ouvertures.
Et c’est aussi pour cela qu’on évoquait précédemment le besoin d’un grand-angle. Avec de plus longues focales, il est difficile de pouvoir faire des poses longues sans obtenir des étoiles en mouvement (des traits) en raison du mouvement de rotation de la Terre. Cet effet peut être recherché, certes, mais partons du principe qu’on souhaite avoir des étoiles en points. Plus l’angle est grand, plus le temps de pose peut donc être allongé.
La règle des 500
Il existe une règle mathématique pour aider les astrophotographes en herbe à déterminer le temps de pose (la vitesse), c’est la règle de 500 pour les appareils plein format (24×36). Elle est la suivante : 500 / focale utilisée en mm = temps de pose.
Admettons que vous utilisez un objectif 24 mm, la formule donne alors : 500 / 24 (mm) = 20,8 (secondes). Si vous photographiez les étoiles avec cette combinaison, il ne faudra donc pas dépasser les 20 secondes de pose. Au-delà, les étoiles seront en mouvement, et vous commencerez à obtenir des traits. Avec un 50 mm, le temps de pose autorisé n’est plus que de 10 secondes. Avec un 85 mm, il n’est plus que de 5,8 secondes. Cela fait donc peu de lumière capturée, et par conséquent une image trop sombre et inutilisable.
Si vous utilisez un capteur APS-C, la formule est légèrement différente puisqu’il faut ajouter le coefficient multiplicateur de l’objectif (1,5 x chez Nikon, Sony et Pentax ; 1,6x chez Canon ; etc.). La formule devient alors : 500 / (focale en mm x coeff multiplicateur) = temps de pose. Avec un 24 mm de Canon, par exemple, on obtient : 500 / (1,6 x 24) = 13 secondes.
Ouverture et ISO
Comme expliqué précédemment, il faut capter le plus de lumière possible. L’idée est donc d’ouvrir l’objectif au maximum. Malheureusement, le niveau du piqué n’est pas toujours idéal aux plus grandes ouvertures, et si vous bénéficiez d’un ultra grand-angle, et d’un appareil qui monte efficacement en ISO, vous pouvez tout à fait ne pas ouvrir au maximum, et laisser l’objectif à f/2 ou f/2.8. Faites des essais.
Quant à la sensibilité, il est conseillé d’avoir une valeur minimum de 1600 ISO. Au-delà de cette valeur, le bruit peut commencer à faire son apparition de manière gênante. Selon le boîtier que vous utilisez, il faudra trouver le bon équilibre entre hauts ISO et absence de bruit numérique.
Mise au point
Il va falloir vous faire confiance, et pas au mode autofocus de votre appareil. Si possible, la mise au point doit être faite sur le symbole infini. Sur les objectifs manuels, anciens, c’est simple puisqu’ils sont souvent à blocage. Sur les objectifs modernes, sans blocage, il sera utile de repérer votre infini au préalable pour ne pas vous retrouver avec des clichés flous le jour venu… enfin, la nuit venue.
Si cette méthode ne convient pas – et c’est parfois le cas selon le boîtier, les conditions ou l’objectif – vous pouvez faire la mise au point sur l’étoile la plus brillante grâce au grossissement du liveview de votre appareil.
L’astrophotographie au smartphone
Gardez en tête que les smartphones les plus récents et les plus haut de gamme profitent tous d’un mode de photographie nocturne qui peut donner d’excellents résultats de nuit. Certains mobiles comme le Samsung Galaxy S22 Ultra, ou le Google Pixel 6 Pro permettent notamment d’activer un mode astrophotographie dès lors qu’ils sont installés sur un trépied. De quoi voyager plus léger qu’avec tout son attirail photographique.
Il faut toutefois modérer ses attentes. Un capteur d’appareil photo de smartphone est très loin d’être aussi grand qu’un modèle pour boîtier. En d’autres termes, il est illusoire de s’attendre à d’aussi bons résultats. En revanche, les smartphones ont pour eux leur puissance de calcul supérieure, qui aide
La retouche
Sans entrer dans le détail de la post-production, il est utile de désamorcer de possibles déceptions. Selon où vous vous trouvez, selon la pollution lumineuse, selon votre appareil photo, il se peut que le résultat obtenu vous déçoive au premier abord.
Pas de panique, le plus important est que votre cliché brut (en RAW ou équivalent si possible) contienne les informations essentielles : de la lumière et de la netteté. Si la balance des blancs est défectueuse – souvent jaunie sur ce type de cliché nocturne – corrigez-la sur logiciel jusqu’à obtenir le bleuté – ou toutes autres variations de couleurs – que vous aviez devant les yeux.
Ne vous étonnez pas non plus de ne pas avoir une voie lactée brillant de mille feux comme sur les clichés de vos photographes favoris. Ils sont bien souvent issus de conditions exceptionnelles, de fortes retouches, ou de superpositions d’images. Sans parler de leur matériel de pointe. Chacun son rythme dans l’apprentissage photo.