Face au tollé provoqué par ses nouvelles conditions d’utilisation, WhatsApp apporte quelques précisions. La messagerie assure que la France n’est pas totalement concernée et qu’il n’y aura « pas de changement » pour les utilisateurs européens. En parallèle, Elon Musk conseille d’utilisation de Signal.
L’année débute avec un quiproquo pour le géant Facebook. Nous annoncions cette semaine que WhatsApp allait imposer à ses utilisateurs de partager leurs données avec Facebook. Cette information provient des nouvelles conditions d’utilisation de la messagerie et de la notification envoyée à ses deux milliards d’utilisateurs. Le service évoque des « mises à jour clés » et impose à ses utilisateurs d’accepter cette nouvelle politique, mais la situation diffère entre l’Europe et le reste du monde. Le règlement général sur la protection des données (RGPD) permet à l’Union européenne (et au Royaume-Uni) d’échapper au point qui suscite la controverse : le partage des données avec Facebook.
Face à la polémique naissante, un porte-parole de l’entreprise fait savoir qu’« il n’y a aucun changement dans les pratiques de partage de données de WhatsApp dans les pays de l’Union européenne (et au Royaume-Uni) découlant de la mise à jour des conditions d’utilisation et de la politique de confidentialité ». Il ajoute : « Pour éviter tout malentendu, il est toujours vrai que WhatsApp ne partage pas les données de ses utilisateurs européens avec Facebook, dans le but que Facebook utilise ces données pour améliorer ses produits ou publicités ».
La directrice des politiques de WhatsApp en Europe, Niamh Sweeney, a confirmé cette décision dans un thread publié sur Twitter. « Il a été rapporté à tort que (…) WhatsApp exige que les utilisateurs européens acceptent le partage de données avec Facebook à des fins publicitaires afin de continuer à utiliser le service. Ceci est faux », écrit-elle sur son compte. Dans les faits, le réseau social a semé le trouble en ne précisant pas en amont le sort réservé aux données des utilisateurs européens.
3/5 There are no changes to WhatsApp’s data-sharing practices in the Europe arising from this update. It remains the case that WhatsApp does not share European Region WhatsApp user data with Facebook for the purpose of Facebook using this data to improve its products or ads.
— Niamh Sweeney (@NiamhSweeneyNYC) January 7, 2021
Avec cette sortie, WhatsApp dénonce une polémique infondée et tente de rassurer ses utilisateurs. La firme a fait savoir à l’AFP que les nouvelles conditions seront utilisées uniquement « pour développer les fonctionnalités offertes aux comptes professionnels WhatsApp Business ». En dehors des pays soumis au RGPD, le traitement des données personnelles sera différent et appliqué de la manière dont WhatsApp l’explique sur son site. Dans les faits, les nouvelles conditions devront être acceptées avant le 8 février et cela ne sied guère à La Quadrature du net. Juriste pour l’association de défense des internautes, Arthur Messaud confie à l’AFP : « Si la seule façon de refuser (cette modification), c’est d’arrêter d’utiliser WhatsApp, alors le consentement est forcé et les traitements de données personnelles sont illégaux ».
Elon Musk recommande d’utiliser Signal
Sur les réseaux sociaux, la polémique a poussé Elon Musk a faire la promotion de l’application concurrente Signal. Sans faire directement référence à WhatsApp, il recommande à ses 41,6 millions d’abonnés d’utiliser la messagerie chiffrée, réputée plus protectrice en matière de vie privée. Un appel qui semble avoir entendu, puisque Signal connaît de nombreuses demandes d’inscription depuis quelques heures. Celui que l’on présente comme l’homme le plus riche du monde a l’habitude de se montrer critique à l’égard de Facebook. En 2017, une joute verbale l’avait opposé à Mark Zuckerberg au sujet de l’IA.
Use Signal
— Elon Musk (@elonmusk) January 7, 2021
Depuis son rachat par Facebook en 2014, l’évolution de WhatsApp est suivie de près par les acteurs du secteur tels que la CNIL. L’an dernier, la présidente de l’Autorité de la concurrence Isabelle de Silva avait fait part de ses regrets concernant cette transaction, pour un montant de 22 milliards de dollars. « Il est clair que des accords tels que la fusion Facebook/WhatsApp n’auraient probablement pas dû être autorisés » avait-elle déclaré dans une interview à Reuters.